La prise d’otages opérée vendredi 20 novembre 2015 à l’hôtel Radisson Blu de Bamako a été revendiquée par la katiba « Al-Mourabitoune » de Mokhtar Belmokhtar, dit «le borgne», un des hommes les plus recherchés d’Afrique et de l’Occident depuis la prise d’otages massive au site gazier d’In Amenas mi-janvier 2013 en Algérie.
Si cette revendication, au moment où nous tracions ces lignes, n’était pas officiellement authentifiée par les autorités compétentes en la matière, elle semblait tout de même plausible.
A ce qu’on dit, les assaillants de cet autre vendredi noir, une semaine après celui de Paris qui a fait 130 morts, s’exprimaient en pidgin, c’est-à-dire en mauvais anglais. Etait-ce pour mieux brouiller les pistes ?
Toujours est-il que ce qu’on sait, c’est que dans ce groupe « Al-Mourabitoune », on trouve toutes les nationalités de la sous-région : Maliens, bien sûr, Mauritaniens, Sénégalais et Burkinabè. Oui, des Burkinabè !
Si de ces assaillants dont le nombre n’est pas encore exactement établi, deux au moins ont été tués lors de l’intervention conjointe malo-américano-française, il n’est pas exclu que certains aient pu en réchapper.
En tout cas, à la date d’hier, trois membres présumés du commando étaient activement recherchés à Bamako où l’état d’urgence a été décidé pour dix jours.
C’est dans un tel contexte que, de sources généralement bien informées, on indique que des suspects sérieux, au nombre d’au moins deux, auraient franchi la frontière malo-burkinabè, suspects qu’on aurait identifiés sous les patronymes de Sinaré et de Guindo. Noms de guerre, noms d’emprunt, noms authentiques ? Autant de questions qu’on ne peut manquer de poser avec des gens chez qui la félonie et la perfidie font partie des modus operandi favoris.
Dans le même temps, on a appris que des individus en provenance du Niger et aux comportements étranges auraient été repérés et mis au frais dans les environs de Koupéla, où ils cherchaient à localiser les lieux de culte chrétiens. A quelles fins ? Là est la question.
Sans vouloir pour autant verser dans l’alarmisme ou semer la psychose à peu de frais, il y a lieu de ne pas prendre à la légère de telles informations, même si elles ne sont pas encore officiellement attestées.
L’après-putsch du 17 septembre est encore prêt de nous et s’est soldé, comme on le sait, par la fuite d’éléments irréductibles de l’ex-RSP qui se sont sanctuarisés dans certains pays voisins et qui sont loin d’être des enfants de chœur.
Il y a également le souvenir tout aussi récent de l’attaque de Samorogouan où de djihado-narcotrafiquants ont semé la mort et la désolation le vendredi 9 octobre dernier. Encore un vendredi. Comme quoi, c’est le jour préféré de ces terroristes dans leur délire mystico-religieux.
Mais ce qui rend ces informations préoccupantes, c’est le contexte politique burkinabé marqué par le processus des élections couplées et dont on sait qu’à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, ce n’est pas tout le monde qui veut qu’il arrive à bon port.
C’est sûr que nos forces de défense et de sécurité veillent au grain, vu toutes les mesures prises pour la sécurisation individuelle des candidats et celle des meetings, qui ont pu jusque-là se passer dans la sérénité.
Mais face à un ennemi asymétrique, perfide et insaisissable, nos forces conventionnelles de défense et de sécurité ne suffisent pas : tout le monde et chacun doit prendre conscience qu’aucun indice n’est à négliger et que tout comportement suspect doit être signalé au plus tôt à qui de droit.
Alain St-Robespierre