Ont-ils choisi exprès la date de leur forfait ou est-ce simplement une tragique concomitance entre les deux événements ?
Difficile de ne pas se poser la question, tant la coïncidence entre eux est troublante : vendredi 20 novembre 2015, une semaine jour pour jour après les attentats de Paris qui ont fait 130 morts et 134 blessés dont plus de quatre-vingts grièvement, les chefs d’Etat du G-5 créé le 16 février 2014 (Mali, Burkina, Niger, Tchad et Mauritanie), se sont réunis à N’Djamena pour trouver une parade au terrorisme.
Idriss Déby avait à ses côtés ses homologues Michel Kafando, Mahamadou Issoufou, Mohamed Ould Abdel Aziz et Ibrahim Boubakar Kéita, IBK ; ce dernier était loin, et ses pairs avec lui, d’imaginer qu’une actualité brûlante s’inviterait à leur débat : une prise d’otages était en cours au Radisson Blu de Bamako, hôtel sélect de la capitale donc, à la clientèle forcément huppée, bien connu qui accueillie des étrangers comme, par exemple, les équipages des compagnies aériennes, dans un quartier pourtant totalement bouclé par une forte présence policière et militaire comme ; pour dire à ceux qui nous dirigent, «causez toujours, nous, on fait couler le sang à des milliers de km de là ».
Bilan après l’intervention des forces maliennes, onusiennes, françaises (notamment parties de Ouagadougou selon le ministre français de la Défense) et américaines : 27 otages et 3 terroristes tués.
La revendication de cet acte odieux a été faite par le groupe du « borgne » Mokhtar Belmokhtar avec, précise-t-il, la participation de leurs frères d’AQMI. Cette attaque rappelle la prise d’otages du 7 août dans un hôtel à Sévaré au centre du pays qui avait fait 13 morts, mais c’est le 7 mars que le premier attentat occidental meurtrier à Bamako, il visait un bar-restaurant, a été commis, faisant cinq morts dont un Français et un Belge, et revendiqué par l’association de malfaiteurs Al-Mourabitoune.
Dans le même temps à Fotokol au Cameroun non loin de la ville frontalière nigériane de Gamborou, quatre kamikazes de l’ex-Boko Haram cette fois se sont fait exploser, des filles précisément.
Est-ce là des velléités de jihad généralisé dont personne n’est à l’abri, pas plus dans les pays nantis aux services de renseignement et autres forces de sécurité comme de défense éprouvés (France, Etats-Unis, etc.) que dans les Etats pauvres (Mali, entre autres) où les moyens de prévention du crime organisé sont à l’aune des réalités de ceux-ci ? Que faire face à un ennemi invisible qui frappe n’importe où, transformant de pauvres hères (parfois des filles nubiles) en vraies bombes humaines ou nom d’un islam dévoyé ?
Plus que jamais donc il faut une guerre mondiale contre ce fléau planétaire qui affecte tout le monde, ne serait-ce que par la psychose suscitée chaque fois que des tentacules de la pieuvre frappent ; et alors morts et blessés ou pas, les économies des villes touchées en subissent les contrecoups, car on a beau proclamer sur les toits qu’on va continuer à vivre comme avant pour ne pas céder à la peur des terroristes, difficile est-il de ne pas penser qu’on peut être abattu à n’importe quel coin de rue.
Si ça se trouve, à défaut ou en attendant chimériquement mieux, ces fous visent la mise à genoux des modèles sociaux, économiques et touristiques des pays qu’ils vouent aux gémonies.
Un porte-parole de Mokhtar Belmokhtar ayant expliqué leur prise de distance avec AQMI en disant que : «Il nous est plus facile d’opérer sur le terrain en ayant quitté formellement ce groupe, qui demeure lié à l’appellation «Maghreb», nous voulons élargir notre zone d’opérations à travers tout le Sahara, allant du Niger au Tchad, y compris au Burkina Faso », tous les pays de la bande sahélo-saharienne sont prévenus.
Ahl-Assane Rouamba