Le 2e sommet ordinaire du G5 Sahel s’est tenu, le vendredi 20 novembre 2015, à N’Djamena, la capitale tchadienne. Le président du Faso, Michel Kafando et ses pairs ont pris des engagements pour éradiquer la menace terroriste qui mine la paix et le développement de la bande sahélo-sahélienne.
La question sécuritaire est vraiment un défi dans la bande sahélo-saharienne. Et les chefs d’Etats du G5 Sahel, réunis au Palais du 15 janvier, à N’Djamena, la capitale tchadienne, dans le cadre de leur 2e sommet ont pris des engagements forts pour contrer la menace terroriste. Ils ont décidé de la création d’une école régionale de guerre du G5 Sahel en République islamique de Mauritanie qui entrera en fonction dès 2016, d’une force conjointe de patrouilles, d’une compagnie aérienne régionale pour améliorer les dessertes entre les Etats membres. En outre, le sommet a décidé de la construction d’une ligne de chemin de fer reliant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger au Tchad. Et les ministres de chaque domaine ont été instruits à prendre les dispositions pour la finalisation de la stratégie de développement et de sécurité et l’actualisation du Programme d’investissements prioritaire (PIP) en vue de leur adoption au cours du premier trimestre 2016. Les chefs d’Etats ont aussi souhaité que des projets structurants dans les secteurs des infrastructures routières, ferroviaires, énergiques et agricoles soient en urgence formulés. Avec le soutien des partenaires techniques et financiers, qui ont pris part au sommet, ils ont convenu d’organiser dans les meilleurs délais une table-ronde des bailleurs de fonds en vue du financement du PIP. Préoccupés par la situation des jeunes, les chefs d’Etats ont dit être conscients que le G5 constitue un espace d’origine et de transit des migrants et qu’il ne saurait y avoir de développement et de sécurité sans une jeunesse saine, éduquée et épanouie, à même de contribuer pleinement à l’effort et au progrès national.
« Les chefs d’Etats s’engagent à s’investir pleinement dans le bien-être des jeunes », a affirmé le président entrant du G5 Sahel, Idriss Déby Itno. Malheureusement, au moment où les Etats membres du G5 amorcent leur développement, le péril terroriste prend une ampleur inquiétante, a reconnu le président tchadien. Cette situation selon ses dires, oblige chacun des Etats à reléguer au second plan, toutes ses autres priorités. « Des terroristes de tous poils, mais aussi des narcotrafiquants et des passeurs sèment la désolation dans la sous-région contraignant nos Etats à consacrer l’essentiel de leurs ressources tant humaines que financières à la lutte », s’est-il indigné tout en reconnaissant que le développement qui est l’une, des raisons d’être du G5, a pris un sérieux coup.
Soutien indéfectible au Mali
Le sommet de N’Djamena a été marqué, par la prise d’otages à l’hôtel Radisson Blu, à Bamako, la capitale malienne. A l’unanimité, les chefs d’Etats du Burkina Faso, Michel Kafando, du Mali Ibrahim Boubacar Kéita, de la Mauritanie Mohamed Ould Abdel Aziz, du Niger Mahamadou Issoufou et du Tchad Idriss Déby Itno ont condamné cette énième attaque dans cette partie de la région ouest-africaine. « Nous vivons en ce moment même une nouvelle attaque terroriste au Mali. Une prise d’otages dans l’hôtel Radisson, que tout le monde connaît. Il y a des hommes et des femmes, des citoyens qui ne font que leur travail et qui sont devenus des cibles. Je condamne de la manière la plus ferme possible cet acte barbare qui n’a rien à voir avec l’islam voire la religion », a affirmé Idriss Déby le président hôte du sommet. Au nom de ses pairs, le président en exercice entrant du G5 a réaffirmé son soutien sans faille au président malien, Ibrahim Boubacar Keïta et au peuple en ces moments difficiles. En deux semaines, les terroristes ont frappé l'Egypte, le Liban, la Russie, la France, mais aussi le Nigeria, des pays du Lac Tchad, et encore aujourd’hui, Bamako, s’est indigné la haute représentante de l’Union européenne(UE), Denisa-Elena Inote. « L'Europe est ciblée, le monde arabe, les USA et l'Afrique sont touchés. Les défis sont donc les mêmes. Et c’est ensemble que le monde entier pourra faire face au terrorisme», a-t-elle déclaré. C’est pourquoi, a-t-elle dit, la coopération entre l’UE et le G5 doit se consolider. Et cela doit se traduire par des actions concrètes tant au plan financier que matériel. Pour la lutte contre Boko Haram, elle a annoncé que l'UE va soutenir la force multinationale conjointe concrètement, avec 50 millions d’euros( plus de 32 milliards de F CFA).
Denisa-Elena Inote a indiqué que la mission européenne au Niger, EUCAP Sahel, sera renforcée et aura une présence permanente à Agadez à partir du début 2016. Cette mission et celle au Mali vont proposer d'ouvrir des formations auxforces de défense et de sécurité des pays du G5, a-t-elle ajouté. « Nous pouvons aussi soutenir la mise en place d'une coopération plus approfondie en matière de gestion de frontières », a soutenu la haute représentante de l’UE. Elle s’est dite convaincue que la région sahélienne ne pourra pas croître, se développer, si elle est soumise à des crises alimentaires, des actes de violences, et une instabilité politique à répétition. Donc, il convient de travailler pour que les Etats du G5 soient en mesure de mieux absorber les chocs et de réagir plus fortement aux défis qui se posent en permanence.
Investir dans la jeunesse
Pour sa part la Banque arabe pour le développement économique en Afrique(ADEA) s’est engagée à jouer son rôle de catalyseur des financements arabes afin de contribuer davantage au financement du PIP du G5 Sahel, avec un intérêt particulier pour les axes résilience. D’ores et déjà, la BADEA et le Fonds saoudien de développement(FSD) ont pris l’initiative d’organiser très prochainement une rencontre entre le G5 Sahel et les institutions financières arabes, la Banque islamique de développement (BID) et le fonds de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole(OPEP).
Au regard de cette réalité et pour aider les pays du G5 Sahel à créer plus d’opportunités pour ces couches vulnérables, le directeur général de la BADEA, Sidi Ould Tah a dit que son institution financière mettra à la disposition des pays du G5 bénéficiaires de ses concours, des lignes de crédit pour la microfinance et le financement des petites et moyennes entreprises. Elle compte aussi engager les efforts nécessaires en matière de promotion des investissements afin d’attirer des investissements directs arabes dans les pays du G5 Sahel. Dans le cadre de son programme d’assistance technique, la BADEA, à travers des dons et en partenariat avec des institutions sœurs, œuvrera au renforcement des capacités des administrations des pays du G5, en particulier en matière de préparation de projets bancables. « Les jeunes et les femmes du Sahel attendent de nous d’asseoir les bases d’un développement durable qui leur garantirait un futur radieux où toute sahélienne et tout sahélien trouve les conditions favorables à son épanouissement dans un climat de liberté, de paix et de prospérité partagée », a signifié M. Tah. Pour sa part le président du Faso, Michel Kafando a réaffirmé la disponibilité et la volonté du Burkina Faso a participé activement à la recherche d’une stabilité véritable de la sous-région. Le président Kafando a salué les résolutions issues du sommet de N’Djamena. Le Burkina Faso a toujours intérêt à s’associer au pays voisins pour sa sécurisation, a-t-il indiqué.
Un combat commun
Convaincu que la lutte contre le terrorisme n’est pas l’affaire d’un seul pays, le président du Faso a souhaité que les Etats travaillent en synergie pour éradiquer ce fléau. « Si nous n’avons pas ce cadre de travail, ce sera une lutte vaine. Le Burkina doit mettre tout en œuvre pour la bonne marche de ce groupe », a insisté le chef de l’Etat burkinabè. Abondant dans le même sens, le président sortant du G5 Sahel, le président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz s’est réjoui de leurs efforts communs qui ont permis à l’organisation sous-régionale d’engranger des acquis en une année d’existence. L’ensemble des instruments normatifs et institutionnels du G5 Sahel, conçus par les pays membres est opérationnel, a-t-il dit. Au plan sécuritaire, la mise en place de cadre efficace de coopération et de coordination entre les forces armées est une réalité. Pour lui, le plan de lutte contre l’extrémisme, adopté dans le cadre G5 Sahel constitue sans aucun doute, un outil de prévention et d’actions indispensable approprié. Dans le secteur prioritaire de la jeunesse, il a noté que la stratégie intégrée dont l’objectif est d’apporter une réponse exhaustif et efficace aux préoccupations des jeunes en termes d’emplois d’épanouissement et d’implication citoyenne mise en commun est en marche. Face aux défis sécuritaires de leur région, Mohamed Ould Abdel Aziz a dit, qu’ils ont fait le bon choix d’assumer leur responsabilité.
Abdel Aziz NABALOUM