Dans cet entretien que nous a accordé le colonel Ousmane Traoré, Gouverneur de la région du Centre-Est, aborde les préparatifs des élections du 29 novembre 2015 et évoque les dispositions prises par l’administration déconcentrée pour le bon déroulement du scrutin.
Fasozine: Pouvez-vous nous dire comment se préparent les élections dans la région du Centre-Est ?
Colonel Ousmane Traoré: Ces élections se préparent assez bien. Je le dis pour ne pas trop verser dans l’optimisme. Depuis une semaine, la phase de la campagne présidentielle, et depuis la fin de la semaine dernière le lancement de la campagne législative les choses se passent relativement bien.
D’une façon générale, quel est le comportement des acteurs engagés dans la campagne ici au Centre-Est ?
Je crois que les différents messages que nous avons lancés et les différentes rencontres que nous avons eues avec les acteurs politiques de notre région ont été bénéfiques dans le sens où la sensibilisation qui a été faite sur la nécessité pour notre région d’aller à ces élections de façon apaisée en évitant un certain nombre de comportements à risque semble être aussi la préoccupations des acteurs aujourd’hui dur le terrain.
C’est vrai qu’il y a certaines personnes dont les actions ne sont pas forcément contrôlées, mais ce ne sont pas le fait de mot d’ordre donné par un parti politique. Ce sont des actions spontanées ; que nous arrivons du reste à circonscrire très rapidement. Je voudrais profiter de votre micro pour encore une fois féliciter les acteurs politiques de notre région, et les exhorter à rester dans ce schéma qui est plus que nécessaire pour le vivre ensemble dans notre région.
Est-ce qu’il y a des difficultés particulières liées aux élections ?
Une telle organisation ne peut pas se faire sans quelques difficultés. Nous ne pouvons pas dire que nous allons enrayer toutes les difficultés. Nous travaillons à les minimiser. Les difficultés se retrouvent notamment dans la mise à disposition des ressources nécessaires pour que l’administration puisse faire son travail. Ces ressources sont d’autant plus nécessaires que, notre région compte trois provinces avec, entre les communes, une certaine élongation relative, comparativement à d’autre régions.
Mais qui nécessitent que des moyens ponctuels soient mis à la disposition des acteurs de l’administration pour mener à bien leur mission. Il s’agit, pour les préfets, de moyens de communication, de moyens logistiques dans la globalité. Donc communication, transport, carburant afin qu’effectivement l’administration puisse jouer pleinement son rôle. Il s’agit aussi de moyens à mettre rapidement à la disposition des forces de sécurité qui ont une mission importante surtout quand on sait que notre région, avec sa particularité d’être une région frontalière, se fait remarquer par les actions de bandits de grands chemins. Il est plus que nécessaire effectivement qu’à cette étape du processus électoral, que les forces de sécurité reçoivent aussi les ressources promises pour pouvoir mener à bien leurs patrouilles, pour pouvoir assurer pleinement leur mission d’accompagnement des acteurs politiques sur le terrain.
Qu’avez-vous à dire aux populations de votre région pour les rassurer justement par rapport à leur sécurité durant ces élections ?
Des dispositions ont été prises par les différentes administrations centrales. Dans le domaine de la sécurité, il y a des commissions qui ont été mises en place. Nous avons la commission régionale de sécurité, qui est dirigée par le directeur régional de la police avec pour adjoint le commandant de compagnie de gendarmerie qui coordonne l’action sécuritaire dans notre région.
Au niveau de chaque province, il y a des commissions provinciales qui sont aussi mises en place. Je voudrais préciser qu’au niveau de ces commissions, sont soit des commissaires de police, soit des CB de gendarmerie dans les chefs-lieux de province. Toutes ces dispositions normatives ont été prises par le ministère de la sécurité. Donc, avec ce maillage qui a été planifié, en principe on devrait pouvoir être rassuré quant à la question sécuritaire.
L’autre aspect c’est les élections se passent pendant qu’il y a un large processus du gouvernement qui est le processus de lutte contre le grand banditisme qui a commencé depuis deux mois et qui est toujours en cours dans l’ensemble du pays. Donc, l’un dans l’autre, si nous avons les ressources prévues dans le cadre de ces élections au niveau des forces de sécurité, jumelées à ce qui avait été mis à disposition pour la lutte contre le grand banditisme, en principe on devrait pouvoir faire face à toute éventualité.
Monsieur le Gouverneur, pour terminer, quel appel avez-vous à lancer aux citoyens et aux acteurs politiques dans le cadre de ces élection ?
Voyez-vous, les préoccupations au niveau de la région du Centre-Est sont nombreuses. Nous avons des préoccupations dans le domaine du désenclavement de notre région. Lorsque vous prenez la province du Koulpélogo, vous avez des villages qu’on ne peut pas rallier sans traverser une partie du Togo. Vous avez au niveau du Korittenga, la question de disponibilité de l’eau potable. Vous avez la question de sécurité dans notre région. Ce sont autant de grandes préoccupations pour ces populations.
Comme appel à l’endroit des acteurs politiques, prenant en compte ces préoccupations, il est bien que chacun réalise, que lorsqu’il sera élu, il sera interpellé par rapport aux solutions durables à trouver à ces préoccupations. Alors je voudrais que dans les projets de société qui sont présenté à nos populations, que les acteurs politiques puissent dire clairement aux populations, quelles sont les stratégies qu’ils comptent mettre en œuvre afin de les rassurer quant à la résolution de ces problèmes. Par ailleurs, il faut que chacun reste chevaleresque. Que nous puissions, lorsque nous avons une contestation quelconque, nous aligner sur la procédure mise en place à cet effet. Nous devons faire confiance aux institutions qui sont mises en place.
A l’endroit des populations, il est important que chacun puisse librement exprimer son choix. C’est notre souhait. J’ai l’habitude de dire pour un peu amuser la galerie, que lorsque votre choix est conditionné par le tee-shirt, la casquette, le paquet de sucre ou de thé que vous recevez ; celui qui vous l’a offert s’est dédouané en même temps de tout engagement vis-à-vis de vous. Lorsque vous attendez de recevoir quelque chose avant d’exprimer votre choix, vous vendez votre choix. Et une fois qu’il est acheté, celui qui l’a acheté ne vous doit plus rien. Mon souhait est que chacun puisse aller voter en toute âme et conscience par rapport aux projets de société qui lui sont proposés, à sa vision du développement de cette région. En un mot, je ne voudrais qu’aucun ressortissant de notre région ne regrette son choix au lendemain de ces élections.
Propos recueillis par Ezéchias Ouédraogo