Le Centre pour la qualité du droit et la justice a organisé au profit des taximen une visite des locaux du Conseil national de la Transition. Une visite pour leur permettre de s'imprégner du rôle du député dans la société. Occasion pour eux d'exposer les difficultés liées à leur métier dont l'insécurité et l'interdiction pour eux d'utiliser le gaz butane comme carburant. A ce sujet, ils souhaitent que le gouvernement renouvelle leur parc automobile avant d'interdire l'utilisation du gaz en lieu et place de l'essence.
Ils étaient une trentaine dans la matinée du jeudi 19 novembre 2015 à abandonner leurs clients aux abords des rues de Ouaga pour aller au CNT en vue de plonger dans l'univers des députés. Du hall à l'hémicycle, les taximen ont appris du quotidien du parlementaire ainsi que de l'histoire du pays. Guidés par Honora Bationo, les conducteurs de taxi ont fait connaissance avec les différents députés qu'a connus le Burkina depuis 1949 à nos jours, donc de Christophe Kalenzaga à Chériff Sy. Ensuite, les visiteurs ont été introduits à l'hémicycle où ils ont siégé pendant au moins une heure sauf qu'ils n'ont pas eu à voter une loi. Là, ils sont émerveillés par l'exposé de leur guide Honora Bationo qui leur a expliqué le rôle du député et les contraintes du domaine : "Il arrive que les parlementaires restent dans cette salle pour discuter de questions importantes de ce pays de 16h à 3h du matin". Toute chose qui a étonné les visiteurs : "Nous ne savions pas que le député travaillait. Pour nous, il venait juste s'asseoir et voter des lois qui lui chantent", lance un taximan.
Cette visite est l'occasion pour eux de poser leurs préoccupations au 3e vice-président du CNT, Fernand Sanou. Ils ont ainsi évoqué, entre autres, l'insécurité grandissante à Ouaga dont ils sont parfois victimes et la décision du gouvernement d'interdire l'utilisation du gaz butane à des fins autres que la consommation. Pour le second point, ils reconnaissent utiliser le gaz comme carburant tout en n'ignorant pas le danger et justifient cela par le coût élevé de l'essence : "C'est la cherté du carburant qui nous amène à utiliser le gaz. Mais nous savons que cela n'est pas bien", confie Emmanuel Nacoulma, président de la Fédération nationale des syndicats de taximen. Pour lui, la solution à ce problème passe nécessairement par la baisse du coût de l'essence et aussi le renouvellement du parc automobile : «Le baril est actuellement à 45 dollars donc on devrait acheter le litre à 275 F comme en 1998. Ainsi si le coût du carburant baisse à moins de 500F, plus aucun taximan ne circulera avec du gaz. En plus depuis 1959, c'est en 1998 soit 39 ans plus tard que le parc a été renouvelé avec seulement 20 véhicules. En Côte d'Ivoire voisine, le parc des taxis a été renouvelé avec 1 000 véhicules".
Le 3e vice-président du CNT a dit avoir pris bonne note de leurs doléances et a promis de les transmettre à qui de droit.
Ebou Mireille Bayala