Parmi les 14 candidats à l’élection présidentielle du 29 novembre prochain, figure Me Issaka Zampaligré. Avocat de profession, spécialisé en droit bancaire et financier, il se présente en tant que candidat indépendant. L’ambition qu’il nourrit pour le « pays des Hommes intègres » se résume en ces mots : « Ensemble, bâtissons un Burkina de justice, d’équité et de prospérité ». Parcours et programme politique.
Avant le 8 août dernier, date de sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle du 29 novembre 2015 à Tenkodogo, Me Issaka Zampaligré était méconnu du grand public. Natif de Tenkodogo, dans la région du Centre-Est, Me Zampaligré est d’un physique élancé au tempérament calme. Un air posé qui contraste avec son franc parlé. Agé de 50 ans, il est marié et père de deux enfants. L’homme qui rêve d’occuper les locaux du palais de Kosyam au soir du 29 novembre prochain est avocat aux barreaux du Burkina Faso et de Paris. Il a une carrière professionnelle bien remplie et compte sur cette expérience pour bâtir un Burkina de justice et de prospérité. Titulaire d’un DESS en droit bancaire et financier, Me Issaka Zampaligré a travaillé de 1993 à 1995 comme conseiller juridique à la Banque Colbert de Paris, avant d’occuper la même fonction à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant douze ans (1995-2007). Celui pour qui l’amitié est une valeur sacrée a ensuite travaillé au prestigieux cabinet d’avocats FIDAL à Paris de 2010 à 2015 en tant qu’avocat senior-manager et avocat directeur associé. Il dispose actuellement de son propre cabinet d’avocats dans le 1er arrondissement de Paris en France et à Ouagadougou au Burkina Faso. Me Zampaligré a également partagé son expertise dans le financement des projets d’infrastructures et de l’énergie, de droit minier et des hydrocarbures en Afrique. Chef du village de Bampela dans la région du Centre-Est, il est aussi sollicité pour des réformes en matière de gouvernance dans des pays africains.
Epris de justice et d’égalité pour tous
Fervent partisan des vertus du travail, Me Issaka Zampaligré confie s’être présenté à la présidentielle de 2015 parce qu’il est épris de justice et d’égalité pour tous. « Je suis candidat par devoir. Je suis candidat, car je ne peux rester insensible à la situation de notre pays. Je suis candidat parce que cette situation doit changer avec vous. Je suis candidat, car mon pays, notre pays, a soif de justice, d’équité et de prospérité inclusive. Je suis candidat parce que je suis contre toute forme d’injustice, quel que soit ce que cela me coûte », clame-t-il. Pour ce quinquagénaire qui n’en a pas l’air au regard de son apparence physique, le Burkina Faso est à la croisée des chemins parce que miné par des maux comme la corruption, le népotisme, l’impunité et la mauvaise gouvernance. Selon lui, la politique doit désormais se faire au « pays des Hommes intègres » avec en ligne de mire les préoccupations des jeunes, des femmes et des plus démunis. C’est dans cette veine que la jeunesse occupe une place de choix dans son programme politique. Quand on lui pose la question de savoir de quelle obédience politique il se réclame, il répond sans ambages qu’il ne croit pas aux idéologies. « Ce que nous souhaitons aujourd’hui, c’est la même justice pour tous les Burkinabè. Ce qui est important est qu’il y ait de l’emploi pour tout le monde. L’on doit donner la chance à tous les citoyens de prétendre à un emploi émancipateur dans un esprit de justice et de mérite. Il faut mettre fin au favoritisme et traiter tout le monde sur un pied d’égalité », souligne-t-il. A entendre celui que ses proches appellent affectueusement « Me Zampa », ce qui est primordial, c’est de partir de la valeur intrinsèque qui a présidé même au nom du pays, c’est-à-dire l’intégrité et la fierté pour bâtir une nation prospère et solidaire. « En vérité, je voudrais inviter les uns et les autres à entrer dans une nouvelle dimension de la liberté et du partage, sans se laisser posséder par l’argent. L’argent n’a jamais été un critère de distinction au Burkina Faso et nous devons le savoir. Nous devons nous inspirer de certaines valeurs antiques où les gens étaient considérés parce qu’ils représentaient moralement quelque chose », déclare le candidat indépendant.
« Ensemble pour un Burkina de justice, d’équité et de prospérité »
Démocratie participative, problématique de l’emploi pour la jeunesse, autonomisation économique de la femme, transparence, obligation de rendre compte, responsabilité, une Fonction publique professionnelle et responsable sont les articulations du projet de société que Me Issaka Zampaligré formule pour les Burkinabè. Pour répondre à la problématique du chômage des jeunes, le candidat indépendant souhaite mettre en place un vaste programme de recrutement. « J’ai foi en l’avenir de notre jeunesse ; j’ai la conviction qu’il ne peut y avoir de changement réussi si la jeunesse reste au bord du chemin. C’est pourquoi, j’inscris l’emploi des jeunes et l’accès aux facteurs de production des femmes au premier rang de mon action politique », indique-t-il. Me Zampaligré propose, s’il est élu, d’offrir, chaque année, 2 000 à 3 000 emplois émancipateurs aux jeunes au cours de son quinquennat. Il compte y mettre également à contribution le secteur privé dans le recrutement des jeunes. Qu’entendez-vous par emploi émancipateur ? C’est un emploi, dit-il, qui donne le droit d’aller travailler dignement, d’arrêter le travail quand il le faut. « C’est un travail qui permet de prendre sa vie privée en main et de n’avoir de compte à rendre à personne. C’est un emploi qui permet d’avoir une rémunération juste pour se loger et se marier. Il n’y a pas de raison que l’on puisse donner un emploi à quelqu’un sous un prétexte fallacieux et lui donner un peu d’argent pour le tenir en fin de compte. On appelle cela de la servitude », convainc « Me Zampa ». En plus de la jeunesse, il ambitionne sortir la gent féminine du cercle de la pauvreté.
Instituer un entrepreneuriat féminin dynamique
L’avocat fait le constat selon lequel l’accès des femmes aux facteurs de production reste encore inégal et limité au Burkina Faso. C’est pourquoi, dans son programme, il envisage mettre l’accent sur l’autonomisation économique des femmes à travers un entreprenariat dynamique en leur faveur. « Les femmes disposent d’un accès et de droits assez limités en matière d’utilisation des terres, en particulier fertiles. Il s’agit-là d’une entrave majeure à la mise en valeur des terres et au développement agricole, parce que les femmes représentent 65% des producteurs agricoles ruraux, intervenant en grande majorité dans l’agriculture vivrière. Nous ne sommes pas obligés de nous fondre dans le moule d’une société corrompue par l’égoïsme et l’immobilisme », martèle-t-il. Un peuple qui ne se porte pas bien ne peut faire face aux défis du développement. C’est pourquoi, le candidat considère le domaine de la santé comme un axe primordial de son projet de société.
La santé, une priorité
Pour Me Issaka Zampaligré, la santé est la première richesse humaine et est le socle sur lequel l’on peut fonder des espoirs d’un lendemain. Dans sa vision, il entend mettre en place un système de santé pour tous en milieu rural et urbain et une trésorerie de prise en charge des malades. «Nous n’avons pas besoin de soutenir à chaque moment nos parents avec de l’argent quand ils sont malades. Il faut que cet argent soit déposé quelque part au niveau de l’Etat et qu’il le dédie à tous ceux qui naissent sur le territoire. C’est la plus basique des justices que nous devons instaurer», argue-t-il. En plus de cela, ajoute-t-il, il faut faire un mixage avec la pharmacopée traditionnelle, d’autant plus que nous avons des guérisseurs qui ont des remèdes à base de plantes qui guérissent correctement. A l’entendre, la pharmacopée dérive de nos valeurs et si nous dépensons 100 F CFA dans ce domaine, ils serviront à financer l’économie locale. Mettre en place un système de santé efficace passe par un dialogue sincère avec les populations et la nécessité de réformer les districts sanitaires. « Nous devons montrer de la bonne volonté pour échanger avec le monde rural. Nous ne pouvons pas indéfiniment être en ville et penser que ceux qui vivent au village y sont uniquement pour des périodes électorales », regrette Me Zampaligré. D’autres axes importants comme l’éducation, l’économie, l’agriculture, l’énergie et la gouvernance occupent une place de choix dans le programme politique de Me Issaka Zampaligré. Parlant de l’éducation, il affirme ceci : « L’éducation est la base de tout. C’est d’elle que découle la construction d’un citoyen. Si nous ne construisons pas de citoyens, nous construisons des délinquants. L’éducation doit avoir une base qui est de produire un citoyen ayant accès au travail ».
Par Karim BADOLO