E.N est un boutiquier établi dans le quartier de Dassasgho de Ouagadougou. Dans la nuit du 13 au 14 novembre 2015, il a failli payer le prix fort pour avoir tenté de défendre ce qu’il a de plus cher : son commerce. En effet, au cours de cette nuit, aux environs de 3h du matin, E.N a reçu la visite de braqueurs. « Il était exactement 3h36 minutes quand ils ont tapé à la porte de ma boutique et m’ont ordonné d’ouvrir », raconte-t-il. A cette première sommation, E.N marquera un refus catégorique. C’est alors que ces visiteurs indélicats lui diront : « Si tu refuses et que nous parvenons à l’ouvrir, on va te découper une fois à l’intérieur ». Pris de panique, E.N garda le silence et resta immobile tout en se refusant de céder à la requête des bandits. « En ce moment, j’ai entendu du bruit et j’ai senti qu’ils étaient en train de forcer les cadenas de la porte », a-t-il confié. Et de poursuivre : « Très vite, ils parvinrent à faire céder les deux premiers cadenas. Pendant qu’ils s’attaquaient au troisième, j’ai compris qu’il n’y avait plus rien à faire ». Alors E.N s’avança près de la porte et invita ses bourreaux à arrêter de forcer la porte et qu’il allait la leur ouvrir. Une fois la porte de la boutique ouverte, les braqueurs, au nombre de 5, armés de machettes, entrèrent et somma E.N de leur donner sa caisse de recettes. Cela, après que l’un deux lui ait administré deux coups violents avec l’arme qu’il tenait. E.N s’exécuta et leur tendit la caisse, avec à l’intérieur ses recettes cumulées de 72 heures. « C’est tout ce que tu as ? », lui ont-t-ils demandé. Sous la terreur que lui faisaient vivre ses bourreaux, E.N hocha la tête en guise de réponse. Mais les bandits refusèrent de croire en cette réponse et entreprirent de fouiller la boutique en renversant tous les cartons. « J’avais retiré mes économies de 2 ans que j’ai soigneusement rangées dans un coin car je voulais m’acheter une moto dans les prochains jours. Ils ont fini par découvrir cette cachette et ont pris tout l’argent qui s’y trouvait», a mélancoliquement lancé E.N. mais, ce n’est pas tout, a fait remarquer E.N, « Ils ont forcé aussi la serrure de la caisse que j’avais aménagé pour vendre les portables. Ils ont fait un tri et emporté tous les portables « originaux » qui s’y trouvaient », a-t-il ajouté. Malgré cette situation, E.N n’était pas encore au bout de ses peines car, se sentant contrariés, ses bourreaux l’ont fait asseoir et lui ont coupé, à l’aide d’une arme blanche, la peau de son orteil droit. Après cet acte, ils ont pris la poudre d’escampette, disparaissant dans la pénombre. Tout ceci s’est déroulé entre 3h 30 et 4h du matin et vient compléter à 3, le nombre de fois où E.N se voit dépouiller de ses biens. Au petit matin, E.N était encore plus déçu de savoir que, dans la même nuit et dans la même zone, 2 autres de ses collègues boutiquiers ont aussi été victimes de braquage. Et ce, pendant que le couvre-feu est toujours en vigueur.
A.S