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Lutte contre le terrorisme islamique : la victoire contre l’EI passe par une reconfiguration géopolitique
Publié le mercredi 18 novembre 2015  |  Le Pays




C’est avec toute la gravité et la solennité que requiert la situation, que le président français François Hollande, est allé livrer au Parlement exceptionnellement réuni en Congrès à Versailles le 16 Novembre, sa réponse politique aux attentats sanglants de Paris. Sur un ton martial, il a égrené, à l’interne, une batterie de mesures visant à durcir la politique sécuritaire : révision constitutionnelle, prolongation de l’état d’urgence, moyens accrus des forces de l’ordre, de la justice et de la défense. Au plan externe, c’est à une véritable volte-face diplomatique que l’on assiste avec « l’absolution » que Hollande envisage pour des personnes physiques ou morales reléguées jusque-là par l’Elysée au rang de parias diplomatiques : Vladimir Poutine, Bachar El Assad et ses alliés du Hezbollah. « Les Etats n’ont ni amis ni ennemis ; ils n’ont que des intérêts », disait bien à propos un homme politique français, le Général Charles De Gaulle.


Il se met en place un tsunami diplomatique

C’est donc une nouvelle carte géopolitique commanditée par le réalisme sur fond de soucis sécuritaires, que Hollande qui a vite appris, s’apprête à dessiner. On mesure amplement la violence que l’Exécutif socialiste fait sur lui-même pour amorcer ce virage mais la sécurité des Français ne prime-t-elle pas sur tout ? Et comme pour le féliciter de cet effort, la classe politique française, d’ordinaire si volubile, affiche son unité en faisant bloc derrière lui. Elle réussit jusque-là l’union sacrée à l’américaine ou à l’anglaise. Les Républicains avec lesquels les passes d’armes sont monnaie courante, se montrent même plus résolus dans le soutien à ces mesures sécuritaires que les Socialistes. Au-delà du fait que le discours de Hollande colle au langage sécuritaire de la Droite, les Républicains montrent qu’ils savent transcender leurs intérêts partisans lorsque la patrie est en danger, une posture difficilement imaginable sous nos tropiques où la mauvaise foi des opposants le dispute à leur boulimie du pouvoir. Du point de vue de l’éthique politique, c’est tout simplement une posture d’une grande élégance esthétique. Cette unité n’occulte cependant pas la vitalité des débats démocratiques qui traversent la société française, entre les partisans de l’intervention et ceux de la non-intervention française au Moyen Orient.
On note cependant qu’il se met en place un tsunami diplomatique qui va nécessairement entraîner la reconfiguration géopolitique sans laquelle la victoire contre Daesch ne serait qu’un rêve. Même si on ne peut s’empêcher de voir dans cette nouvelle posture de Paris, une ruse de guerre. En effet, ne pouvant tenir sur deux fronts à la fois, la lutte contre la dictature de Bachar et la lutte contre l’EI, la France aménage un timing pour éliminer l’un d’abord, avant de se retourner contre l’autre. Mais au-delà de cette stratégie à la Machiavel, il faut se rendre à l’évidence que vu la taille de l’ennemi, aucun Etat pris isolément ne peut réussir le combat contre Daech. La formation d’une coalition internationale urge et la France devra donc souffrir dans son âme, du beau rôle de certains Etats jusque-là snobés tels que la Russie courtisée aujourd’hui pour ses moyens militaires (alors qu’elle lui a refusé, il n’y a pas longtemps, la livraison de deux bâtiments de guerre), l’Iran mis sous asphyxie économique en raison de son programme nucléaire, la Syrie et ses alliés « terroristes » du Hezbollah qui deviennent du coup des alliés stratégiques.

Il faut se préparer à la grande guerre

Le rapprochement entraînera des contreparties à payer : par exemple un engagement plus significatif de Paris sur la question palestinienne, même si, traditionnellement, la France est un soutien de la cause palestinienne. Par ailleurs, les monarchies pétrolières du Golfe qui alimentent à coup de pétrodollars les comptes des organisations terroristes, devront s’attendre à des tensions avec Paris, même si on peut difficilement présager jusqu’où elles pourraient aller en raison des intérêts économiques. Mais la coalition internationale passe aussi par une mobilisation concrète des alliés européens traditionnels, à ce jour, en retrait dans la lutte anti-terrorisme. Jusque-là, en Europe, c’est la France qui est en pointe dans cette lutte contre les djihadistes. Elle paie d’ailleurs pour cet activisme. L’Europe encore tétanisée par le péril djihadiste, doit sortir de sa torpeur, car ce n’est pas un problème français mais plutôt une guerre de civilisation. Il faut s’en référer aux symboles visés par les attaques. C’est la liberté qui a été attaquée.
Il faut donc se préparer à la grande guerre. Même si la solution ne peut être que politique, elle doit être d’abord militaire. Tout autre discours serait d’un angélisme infantile face à un réseau d’individus qui sont tout, sauf des enfants de chœur. Il faut absolument détruire la ruche. Mais après le vigoureux coup de pied dans la ruche, il faut s’attendre aux vols des abeilles dans toutes les directions et c’est là que les mesures internes annoncées par Hollande doivent faire la preuve de leur efficacité. Il faudra aussi assurer «  le service après-vente » en évitant le chaos de l’après-guerre en Irak ou en Syrie, pour empêcher que la nébuleuse, comme le phoenix, ne renaisse à nouveau de ses cendres.

Le Pays
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