Depuis son institutionnalisation en 1991, la Journée mondiale du diabète, organisée chaque 14 novembre, est le symbole d’une mobilisation collective. Son objectif : mieux faire connaître le diabète, sa prise en charge et surtout les moyens de le prévenir. Dans cette déclaration, la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Dr Matshidiso Moeti invite les gouvernements de la région africaine à renforcer le plaidoyer et la sensibilisation des populations.
Avant de livrer l’intégralité de la déclaration de la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Dr Matshidiso Moeti à l’occasion de la Journée mondiale du diabète, le 14 novembre 2015, nous vous donnons des explications et quelques statistiques sur la maladie.
Le diabète est une maladie chronique causée par l’incapacité du corps à produire de l’insuline ou à l’utiliser de manière efficace. L’insuline est une hormone fabriquée par le pancréas. Elle agit comme une clef qui ouvre les cellules afin que le glucose présent dans le sang puisse y pénétrer et produire l’énergie. Sans insuline, le taux de glucose dans le sang ou glycémie augmente et provoque des dommages dans tout l’organisme. Il y a deux types de diabète appelés diabète type 1 et diabète type 2. Dans le diabète type 1, le corps ne produit pas d’insuline ou le produit très peu. Il se développe surtout chez les enfants et les adolescents. Selon l’association américaine Changing Diabetes, en 2013, 79000 enfants ont développé un diabète de type 1.
Au niveau du diabète type 2, le corps ne produit pas assez d’insuline ou les cellules ne répondent plus aux effets métaboliques de celle-ci. 85-95% des diabétiques sont de type 2.
Les symptômes du diabète sont une soif intense, des problèmes de vue, une perte de poids, une faim exagérée, une fatigue et une envie fréquente d’uriner. Selon la même source, en 2013, ce sont 382 millions de personnes qui ont été atteintes du diabète dans le monde. Et les prévisions sont inquiétantes ; en 2030 les diabétiques atteindraient 592 millions. Au Burkina Faso, le président de l'Association burkinabè d'action contre le diabète (ABAD), le Pr en pharmacologie, Innocent Pierre Guissou pense que d'ici à 2025, le diabète constituera une épidémie au Burkina Faso. Il a expliqué qu’il n’y a pas de statistique sur l'ampleur de cette maladie dans notre pays. Les seuls chiffres disponibles sont hospitaliers et ne permettent pas de percevoir l'ampleur nationale du diabète. Toutefois, Pr Guissou a fait comprendre que plus de 5% des Burkinabè meurent chaque année de cette maladie. De son avis, «il faut vraiment prendre les devants notamment par la prévention » en essayant d'associer les produits que la médecine traditionnelle utilise pour traiter cette maladie.
Dans la déclaration de Dr Moeti, l’accent est mis sur l’alimentation. Lisez plutôt !
« Le 14 novembre, nous nous joignons au reste de la communauté internationale pour célébrer la journée mondiale du diabète sous le thème : ‘’Une vie saine et le diabète’’. Ce thème souligne l’importance d’une alimentation saine et l’adoption de modes de vie sains pour prévenir ou prendre en charge le diabète de type 2, une maladie complexe qui est causée en grande partie par l’excès de poids et l’inactivité physique. 90% des personnes vivant avec le diabète dans le monde souffrent du diabète de type 2 et cette maladie de plus en plus fréquente dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Dans la région africaine, le taux du diabète s’accroît, devenant un défi majeur pour les gouvernements, les services de santé, les communautés et les individus. Le diabète peut entraîner des taux de mauvaise santé, de handicap et de décès prématurés. Il s’accompagne de complications graves telles que la cécité, l’insuffisance rénale, la neuropathie, le handicap ou la mort précoce. Il a aussi une incidence économique considérable qui se traduit en perte de productivité et en coûts élevés des soins de santé. Le diabète étant une maladie silencieuse qui se manifeste parfois après plusieurs années, il est essentiel d’en assurer le dépistage, la détection précoce et le traitement rapide. L’accroissement du taux du diabète dans la région s’explique par le fait que les gens deviennent physiquement moins actifs et mangent de moins en moins d’aliments sains, notamment les légumes et les fruits. La plupart ont de plus en plus tendance à manger davantage d’aliments raffinés, riches en sucre, en sel, en matières grasses et en calories, mais pauvres en nutriments. Cette transition accroît non seulement le fardeau du diabète de type 2, mais aussi celui d’autres maladies transmissibles. Les risques liés au diabète et à ses complications seraient considérablement réduits si les individus gardaient un poids sain, s’adonnaient à une quantité suffisante d’activité physique, adoptaient une alimentation équilibrée et évitaient la cigarette, ainsi que l’usage nocif de l’alcool tout au long de leur vie. Il est plus que jamais nécessaire d’adopter des politiques de prévention et de lutte contre le diabète énergiques destinées à promouvoir une alimentation saine et l’activité physique à la maison, à l’école, sur le lieu de travail et dans d’autres milieux. Mais, les politiques publiques seules ne suffisent pas. J’invite les gouvernements de la Région africaine à renforcer le plaidoyer et à sensibiliser davantage les populations sur les avantages d’une alimentation saine. Il est tout aussi impératif que les ministres de la santé affectent des ressources suffisantes à l’acquisition des médicaments essentiels et de technologies afin d’assurer l’accès de tous à la détection précoce, au traitement et au suivi régulier du diabète. L’OMS continuera de travailler avec les gouvernements, les partenaires, les institutions de recherche et d’autres organismes concernés, pour prévenir et lutter contre le diabète dans la Région africaine ».
Gaspard BAYALA
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