Une mission du Ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat (MICA) est venue, le mercredi 11 novembre 2015 à Banfora, s’enquérir de l’état de santé de la SN-SOSUCO, de l’ex-SN-GMB devenue Minoterie du Faso et de la Société de transformation de noix de cajou (SOTRIAB). A l’occasion, elle a alterné son séjour entre visites et médiation dans la crise opposant la direction de la SN-SOSUCO et les employés qui bloquent depuis le 9 novembre dernier, la marche de l’usine.
Arrivée en début de matinée le 11 novembre 2015 à Banfora, la délégation du ministère en charge de l’industrie est tombée en plein dans la crise de la SN-SOSUCO. En effet, c’est à Bérégadougou, siège de l’usine, que devait débuter la série de visites prévues tour à tour dans trois unités industrielles. Peine perdue ! Informée des menaces sur toute personne qui s’y aventurerait, la délégation s’est donc muée en médiateur. En compagnie des autorités régionales, le secrétaire général du ministère, Sibiri Sanou, se lance dans une succession de démarches, d’abord avec le DG et son staff, ensuite avec les délégués syndicaux et les représentants des manifestants. « Il y a une sérieuse crise », a lâché le SG du ministère après plus de cinq heures de discussions. « Ils ne nous ont rien soumis et ne veulent pas nous parler », a confié le DG de la SN-SOSUCO, Mouctar Koné. De leur côté, par la voix de leur porte-parole Siaka de François Traoré, les frondeurs ne veulent pas entendre parler de reprise sans l’examen de leur plateforme, tandis que les syndicats disent pour leur part, ne pas adhérer à leur action. Après avoir pris le pouls de la situation, la mission a promis saisir qui de droit. De la direction régionale du commerce peu après 14 heures, la délégation a mis le cap sur la Minoterie du Faso. Premier constat, le site reprend vie. Le bâtiment administratif alors en décrépitude lors du passage du président du Faso le 20 février 2015, a été entièrement réhabilité. A l’intérieur de l’usine, des ingénieurs de « Buhler », le constructeur du moulin, s’attellent à monter les dernières pièces. La veille, a indiqué le DG, Ignace Traoré, sont arrivées de nouvelles machines dont l’armoire de commande en pleine installation.
La SOTRIAB en arrêt, faute de matière première
C’est l’une des pièces maîtresses manquant pour faire démarrer les machines, nous apprend le DG. La mission se livre à une visite guidée des différents compartiments de la minoterie, allant du site de réception du blé, à la sélection des grains de blé, l’égrenage du blé, le tamis, jusqu’à l’ensachage. «Nous sommes à l’étape de finition », a renchéri Ignace Traoré qui a souligné que normalement, les essais vont débuter d’ici à la fin de ce mois de novembre et que tout sera prêt en mi-décembre. Cependant, le directeur général est confronté à une difficulté de taille. Il faut 1,5 milliards de F CFA de financement additionnel urgent, afin d’acheter du blé pour fonctionner après les essais. Il faut faire vite selon lui, car l’entreprise ne possède pas de moyens. Sylvanus Traoré, le directeur de restructuration et de mise à niveau des entreprises a informé la mission que des investisseurs étrangers projettent de construire une minoterie à Bobo-Dioulasso. Parallèlement, et dans une perspective de reprise, des réflexions seraient en cours pour mettre en place un circuit de commercialisation de la farine de blé, et le recrutement d’un directeur commercial participe, à en croire le DG Ignace Traoré, d’une anticipation. A terme, la MINOFA entend employer 36 permanents et créer une centaine d’emplois indirects pour une production de 150 tonnes de blé à écraser par jour. « L’usine est très automatique et utilise moins de main-d’œuvre », a souligné le DG. Après la MINOFA, la mission a été reçue à la SOTRIAB. Bien que réjouie par cette visite, Aminata Koné, la directrice générale est très amère. Son unité de transformation de noix de cajou est à l’arrêt depuis un an, et ses 350 femmes employées sont au chômage. La situation de trouble qu’a traversée le pays a rétracté les investisseurs. A cela, il faut ajouter l’arrivée massive d’acheteurs étrangers, notamment chinois qui ont déstabilisé le marché, privant les unités locales de matières premières. L’air triste et le visage fermé, elle précise qu’au Mali, en Côte d’Ivoire et au Ghana, les Etats protègent le marché de noix de cajou à travers une interdiction d’exporter. Au Burkina Faso où l’on produit 35 000 tonnes, rien n’est fait. Si bien que les acteurs entendent transmettre bientôt un mémorandum au gouvernement pour faire changer les choses.
Frédéric OUEDRAOGO
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