A une question posée au vice-président du CDP, Achille Tapsoba, sur le message de son parti à l’occasion de la campagne pour les consultations électorales à venir, sa réponse a été sans équivoque : «C’est essentiellement un message de paix, d’unité et de solidarité nationale. Vous savez très bien que nous avons été la plupart du temps mal compris, où nous avons été soupçonnés d’avoir eu à poser des actes d’une manière ou d’une autre, qui ont été à l’origine de certaines
situations, mais surtout à une situation insurrectionnelle. En toute responsabilité, le message que nous avons pour cette campagne, c’est de dire que nous sommes un parti responsable. Nous tirons leçon des expériences, nous tirons les leçons de nos erreurs et de nos insuffisances pour aller de l’avant, aller de manière meilleure vers ce que nous pouvons pour que ces erreurs ne se reproduisent plus, et qu’enfin nous puissions aller vers la conquête d’autres défis et d’autres victoires».
Le CDP nouveau à Kaya
L’on n’avait plus entendu parler publiquement du CDP, l’ancien parti au pouvoir, dans la Cité des cuirs et peaux, depuis les évènements du coup d’Etat avorté du 16 septembre dernier. En effet, et pour rappel, le nouveau siège de cette formation politique sis au secteur n°4 de Kaya avait été incendié par les manifestants antiputsch. A la faveur de l’ouverture de la campagne des élections législatives, le CDP a décidé de rompre le silence. Le dimanche 15 novembre dernier, un de
ses animateurs a sillonné les différentes artères de la ville pour remobiliser la troupe. A bord d’un véhicule 4x4 équipé d’appareil de sonorisation et aux effigies du parti et de son candidat tête de liste, Rasmané Daniel Sawadogo, le messager de l’ex-parti au pouvoir, criait de toutes ses cordes vocales en langue nationale mooré : «Le CDP n’est pas mort. Il observait» ; «Maintenant, le CDP nouveau est de retour. Resserrez les rangs …» La direction provinciale des élections du parti a choisi Dablo, commune rurale située à environ 90 km de Kaya, pour tenir son meeting de lancement dans la matinée du mardi 17 novembre. Il est à noter également que le siège du CDP est en réfection.
Bobo-Dioulasso : La guerre des affiches
Depuis le lancement de la campagne pour les élections couplées du 29 novembre prochain, la ville de Sya présente un nouveau visage avec ces affiches de candidats qui tapissent certains édifices publics et même des arbres le long des artères qui servent également de supports publicitaires aux prétendants à la magistrature suprême.
C’est une campagne électorale inédite au Burkina puisque pour la première fois, les tee-shirts, les casquettes et autres gadgets à l’effigie des candidats sont proscrits dans cette course pour le palais de Kosyam. Et depuis, les concurrents rivalisent d’ardeur et de talent sur les affiches qui constituent à l’heure actuelle le canal le mieux indiqué pour marquer leur présence dans les différentes localités. C’est donc face à la nouvelle donne organisationnelle décidée par les députés de la Transition que la plupart des candidats ont choisi de jeter leur dévolu sur les affiches. Et il ne serait pas exagéré de dire qu’actuellement à Bobo-Dioulasso, pratiquement pas un pas sans affiche. Dans cette ville, les états-majors des différentes formations politiques en compétition ont dans l’ensemble ciblé les
places publiques comme le rond-point de la Femme, le rond-point de la Nation ou encore la place du Paysan pour faire passer leurs messages de campagne. Depuis, certaines places publiques sont rendues méconnaissables avec ces géants posters de candidats rivaux qui se côtoient allègrement. Une proximité publicitaire qui est pourtant bien loin de refléter la réalité du terrain au regard de ces piques en paraboles que se lancent des concurrents au cours de leurs meetings. Même cas de figure pour ces grands panneaux publicitaires aux abords des principales artères. Des supports qui ont toujours été le monopole de grandes sociétés commerciales. Les affiches publicitaires de produits alimentaires, de communication, d’assurances, etc., qui inondent généralement ces espaces ont aujourd’hui fait place à l’effigie de candidats invitant la population à porter son choix sur eux le 29 novembre prochain. Le moins que l’on puisse dire est que le
volet communication à travers les affiches a été pris très au sérieux par les candidats. Ce qui fait dire à certains que si la campagne devait se limiter uniquement à cette pratique, la CENI aurait du mal à désigner le vainqueur de la présidentielle.
Meeting du CDP à Saaba : Quand Mahamadi Kouanda décoiffe un militant
Pendant le meeting du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) à Saaba, le 15 novembre, un militant s’est fait particulièrement remarquer par une vieille casquette à l’effigie de l’ancien président Blaise Compaoré. Débordant de zèle, il dansait et scandait des slogans à la gloire de son parti, tapant ainsi dans l’œil du directeur provincial de la campagne, Mahamadi Kouanda. Celui-ci l’a appelé et
l’a gentiment décoiffé. L’indécrottable militant semble avoir compris son responsable, qui lui a soufflé quelque chose à l’oreille et il n’a manifesté aucun signe de mécontentement. Bien au contraire, il s’est montré reconnaissant en lui disant merci. Est-ce parce que les gadgets sont interdits, fussent-ils anciens, ou est-ce parce que celui-ci était à l’effigie de Blaise ? Apparemment c’est la première hypothèse qui plausible, car au cours de la rencontre beaucoup ont reconnu les mérites de l’ancien locataire de Kosyam.
Pas de «na touma touma» mais du «San pa wendé»
Le morceau du groupe à Floby, la Floband, refrain «tond na touma touma» - qui veut dire en langue nationale mooré «nous ferons des choses» ou littéralement «nous travaillerons de façon spectaculaire» - s’est joué pendant le meeting de bien des partis politiques. Le CDP ne s’en est pas privé, dans la soirée dominicale du 15 novembre au cours de laquelle les militants, les deux doigts en l’air en signe de victoire, dansaient passionnément en soulevant un nuage de poussière. Cela n’était pas du goût de Mahamadi Kouanda qui, une fois à la tribune, a demandé que plus jamais ce morceau soit joué lors d’un meeting du CDP, mais de préférer le titre «san pas Wendéned ka toên yé» - traduction : «seul Dieu, le Tout-Puissant, fait sa volonté, personne d’autre ne peut rien». Visiblement, les responsables du parti ne veulent pas que cela soit mal interprété par les adversaires, qui prêteraient au CDP des intentions inavouées.