Suite à l’augmentation du prix du gaz, le président de l’UPC, chef de file de l’opposition s’est fendue d’une longue déclaration. Bien que prônant le changement, pour ce qui est de la pratique de l’opposition,elle n’a pas innové, loin s’en faut. Elle a comme d’habitude aider les quotidiens à boucler leur parution par une propagande pleine page qui laisse interrogative.
Mais, on ne peut pas blâmer notre démocratie de fournir aux chefs des partis d’opposition, les vitrines les plus connues de la capitale. Une pleine page des quotidiens pour tenir des discours qui ont le don de produire spontanément un effet et un écho démultiplicateur.
Surtout que le sujet, l’inflation frappant un produit de consommation courante induit un autre tout aussi sensible, celui du pouvoir d’achat. En l’occurrence, le contexte de la vie chère, même loin d’être une création de chez nous, fournit un terreau fertile à une opposition en mal de visibilité. Le discours tenu par l’UPC s’avère un réquisitoire contre la globalisation de l’économie.
Une globalisation basée, on le sait sur le libéralisme économique, un processus semble-t-il irréversible selon l’avis de nombreux spécialistes, faisant de la crise des prix et de l’envolée de l’inflation un phénomène mondial. Sûrement qu’en économiste averti, le président de l’UPC va prendre la tête des jacqueries face à cette globalisation et qu’il saura les organiser pour obtenir un reflux réel des cours mondiaux des produits de grande consommation.
On attend de voir ça et surtout de lire autre chose dans nos quotidiens de la part du chantre du changement. Pour l’heure, tout ce qui vient de lui et des autres se confine à l’invective et à l’appel à peine voilé au soulèvement. A défaut de mener un combat idéologique, sa conception du changement, outre le ôtes-toi que je m’installe, n’a pas toujours produit la mutation culturelle attendue du discours politique.
Au concret
L’idée répandue chez nos opposants qu’il est possible de stopper l’inflation, à défaut d’être amusant, a quand même un intérêt certain, en tout cas pour le citoyen observateur. Celui qui n’entend pas se laisser envoûter par un discours trop beau pour être vrai. On en connaît des opposants passés au pouvoir, qui se terrent aujourd’hui face aux poids du changement mirobolant qu’ils ont vendus aux électeurs.
C’est pourquoi deux questions méritent que l’UPC et son président, qui ont le pouvoir et la science de tenir les prix de produits dont ils ne sont producteurs, s’y consacrent pleinement à la hauteur du défi qu’elles induisent, surtout à deux ans de la présidentielle de 2015.
Il n’a échappé à personne, en effet, que « prendre ses responsabilités par toutes les formes d’actions appropriées et légales, pour aider nos populations laborieuses à faire entendre et à faire aboutir leurs revendications » passe par commencer à dire par exemple que le prix du gaz chuterait de 25 % avec l’UPC au pouvoir.
En outre, comme elle soutient dans sa démonstration pleine page, qu’elle apportera le bien-être à tous, nul fonctionnaire ne se plaindra d’entendre une augmentation des salaires de 50 % avec l’UPC aux commandes. Un défi n’est-ce pas à l’aune du changement ?
C’est avec ce concret que se gagne une élection, qui pourrait amener l’UPC à faire l’économie des appels au soulèvement réécrits sous la forme « d’actions appropriées et légales ». On ne va rien apprendre à ce parti en affirmant que seul le cadre légalement offert pour agir au triomphe de ses idées et de son idéal qui est le recours au suffrage du peuple demeure le vrai qui vaille.
Sinon, quelle déception
L’UPC a passé au crible, les explications données par le ministre en charge du Commerce sur l’augmentation du prix du gaz. Ainsi, a-t-elle mis en exergue un fait saillant : l’absence de visibilité sur l’évolution des prix de l’international au Burkina Faso. Si la revendication de clarifier le discours tenu dans l’espace public rejoint la préoccupation du citoyen, quid donc du rôle de l’opposition ?
La déception se trouverait plutôt dans l’incapacité de l’opposition à démontrer par les chiffres que cette augmentation n’avait pas lieu d’être. Pourquoi donc, dans sa quête de changement, une déclaration aussi fleuve se contente-t-elle, elle également de demeurer dans le flou ? A-t-on seulement eu la conviction, que dans deux ans, et une fois gagner la présidentielle, l’UPC consentira à revenir en arrière ? En affirmant qu’avec le pouvoir en place, il est pratiquement impossible d’arracher la moindre augmentation des salaires, le changement général de la gouvernance voudrait que l’UPC indique ce qu’elle est prête à concéder.
A aucun moment de son discours, n’apparaît le point de rupture par une traduction concrète de ses propositions. Les vieilles recettes de caisse de stabilisation et/ou de péréquation, renvoient encore au discours vague et imprécis qu’elle dénonce par ailleurs.
Autrement, parlant d’expériences à faire sur un « peuple mouton », elle serait inspirée de démontrer par des propositions concrètes, que la sienne mérite d’être vécue.