Dans un contexte mondial marqué par une crise économique et financière, le Burkina Faso à l’instar de plusieurs pays d’Afrique a réalisé en 2012 un taux de croissance de 8 %. Le défi pour les autorités gouvernementales est de consolider ce résultat et de le traduire en une réelle réduction de la pauvreté pour un développement humain durable par la création d’emplois, la mise en place de services sociaux de qualité et davantage d’opportunités de participation économique et politique. D’où la nécessité d’engager avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers des réflexions sur la croissance inclusive.
« Les décideurs politiques africains continuent, dans l’ensemble, à poursuivre leur quête de croissance et d’amélioration du bien-être des populations dans leurs pays respectifs.
Mais dans un contexte international difficile, la question est de savoir comment obtenir les investissements nécessaires pour aller de l’avant », a affirmé Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement (BAD). Une préoccupation du président de la BAD qui pose la problématique de la gestion du potentiel humain et des ressources naturelles et minières dont l’exploitation est en nette croissance. Cela pour une meilleure répartition des richesses du pays.
Au Burkina Faso, dans le référentiel de la gouvernance globale de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), le gouvernement s’est fixé des objectifs pour améliorer le niveau de vie des Burkinabè sur la période 2011-2015. A cet effet, la valorisation du capital humain est d’une importance capitale pour un pays comme le Burkina dont la démographie est en croissance (le taux est de 3% l’an).
Car, le marché de l’emploi de plus en plus moderne exige une main d’œuvre qualifiée. Le constat est qu’au stade actuel des actions gouvernementales en matière d’emploi des jeunes et des femmes (les couches les plus vulnérables), il existe un déséquilibre entre la forte demande d’emploi et le faible niveau de l’offre.
Or, malgré les efforts du gouvernement dans la recherche de l’amélioration de l’accès des populations aux services sociaux de base, il y a toujours des efforts à fournir. Crise économique et financière oblige, les investissements extérieurs tendent à diminuer. Un état de fait qui impose une autre vision de développement à la base.
Croissance inclusive : comment faire ?
Au regard de l’engagement pris en 2011 par le Burkina Faso d’emprunter la voie de l’émergence économique et face aux défis actuels d’accélération de la réduction de la pauvreté, « il devient impératif pour le gouvernement et l’ensemble des acteurs socioéconomiques, de repenser la stratégie de développement en vue d’inverser les tendances pour une croissance économique inclusive, forte et durable », a indiqué le Premier ministre, M. Luc Adolphe Tiao.
En effet, la croissance inclusive consiste à augmenter le taux d’emploi surtout pour les femmes et les jeunes, à aider les personnes de tout âge à anticiper et à gérer le changement en investissant dans les compétences et la formation, à moderniser le marché du travail et les systèmes de protection sociale et à veiller à ce que tout le pays récolte les fruits de la croissance.
Elle est une vision qui impose ainsi au gouvernement burkinabè des réformes à travers des mesures structurelles dans les domaines de l’administration fiscale et douanière, de la gestion des finances publiques, de la gouvernance administrative, du secteur financier, des télécommunications, de la filière coton et du secteur de l’énergie. Il est alors important de mettre en place des stratégies de mobilisation de ressources financières avec l’accompagnement des investisseurs privés nationaux et internationaux.
Pour l’administrateur du PNUD, Helen Clark, « les vastes richesses naturelles de l’Afrique peuvent créer des opportunités pour accélérer le développement humain. Elles peuvent servir de base pour le développement des infrastructures, la diversification économique et la création d’emplois et d’entreprises et fournir les ressources nationales nécessaires pour financer des services et une protection sociale de qualité ».
Ainsi, le développement de l’industrie extractive (ressources minières et pétrolières) doit être mis à profit pour améliorer les conditions de vie des populations. Au Burkina Faso, cette année, huit mines sont en exploitation et les recettes qu’elles génèrent sont en croissance depuis 2008.
En termes de chiffres : ce sont 3 795 emplois nationaux sur 5 715 emplois permanents du secteur en 2012, ou encore 189 565 296 128 de FCFA comme recettes fiscales et douanières en 2012. Ce qui représente 16,4% des recettes fiscales et douanières totales de l’Etat qui s’estimaient à 890 550 000 000 de FCFA en 2012. Selon le Comité de prévision et de conjoncture (CPC), l’or a représenté 75,45 % des exportations en 2011 et 74 % en 2012.
Le défi pour le gouvernement, c’est d’utiliser ces revenus versés par les exploitants miniers au compte de l’Etat pour améliorer le bien-être socioéconomique des Burkinabè à travers un accès facile aux services sociaux de base.
Aussi, les réformes à engager doivent-elles motiver davantage des investissements dans la création et le bon fonctionnement de Petites et moyennes entreprises (PME), pourvoyeuses d’emploi pour les femmes et les jeunes.
Il y a certes des efforts qui sont faits par le gouvernement, mais la nécessité de repenser certaines conditions d’investissement s’impose. En définitive, il est certain que la réalisation de la croissance inclusive sera d’une contribution importante dans la mise en œuvre de la SCADD.