On ne saurait mieux assassiner l’espoir de développement d’un pays que de compromettre l’avenir de sa jeunesse. Qui veut saper les bases de l’avenir de l’école burkinabè ? Les enseignants, le gouvernement, les parents d’élèves, les élèves eux-mêmes ? En tout état de cause, la grève des enseignants et tous les débordements constatés interpellent tous les acteurs du système éducatif.
On se demande quelle mouche a bien pu piquer les élèves pour qu’ils se comportent de la sorte. Des élèves qui lapident des autorités, qui brûlent leurs tables-bancs, bref, qui veulent tout détruire ! Quelle éducation avons-nous donnée à nos enfants ? A l’allure où vont les choses, il est clair que certains parents ont échoué dans l’éducation de leurs enfants.
Des enfants laissés à la charge des enseignants qui ne peuvent corriger les tares accumulées à la maison. Ne dit-on pas que la vraie éducation, c’est celle donnée par les familles ? Lorsque ce stade de l’éducation familiale échoue alors on crée des monstres puisque ce genre d’enfant ne connaît pas une autre façon de s’exprimer si ce n’est qu’à travers la violence. On est mémoratif de ce qui s’est passé ce lundi. Et cela est la preuve vivante que l’école burkinabè est en difficulté par notre faute à tous !
Des dégâts matériels importants et des blessés, des véhicules de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP) brûlés, des tables bancs transportés hors de la cour de l’établissement et brûlés. Des élèves qui tiennent tête à la police. Ainsi, la situation que nous avons vécue ces derniers jours rappelle notre démission face à l’éducation de nos enfants. Cette manifestation fait suite à la grève de 24 heures, le vendredi 10 mai 2013 décrétée par les Syndicats nationaux des enseignants du secondaire et du supérieur.
Selon certaines informations, tout est parti d’une revendication salariale non satisfaite depuis 2011, malgré l’accord du gouvernement. Les élèves ayant constaté que les enseignants n’avaient pas regagné les classes la matinée du lundi 13 mai dernier, ont organisé d’abord des manifestations dans les lycées et collèges de la ville de Ouagadougou et puis ils se sont rendus au ministère des Enseignements secondaire et supérieur dans le but de rencontrer le ministre Moussa Ouattara.
Mais, c’est le Secrétaire général du ministère qui se présentera. D’où le débordement des manifestants. Ainsi, jet de pierres, insultes de tout genre vont s’abattre sur le Secrétaire général. Les forces de l’ordre étaient donc dans l’obligation d’intervenir.
L’école burkinabè est-elle prise en otage ?
Dire que l’école burkinabè nage dans des eaux troubles est une lapalissade. Il n’est plus un secret pour personne, notre jeunesse scolaire n’est plus assidue aux études depuis un certain temps. Chaque année, ils sont toujours les plus nombreux à dire : « Les examens de fin d’année ont été catastrophiques ».
Cela n’est pas étonnant pour un observateur du système éducatif burkinabè. Durant ces dernières années, l’école burkinabè n’a pas cessé d’être utilisée. Déjà mal en point, elle va vers le gouffre par la faute des certains acteurs qui ont transformé les classes en lieux de réunions politiques.
Dans cette lutte où certains se croient tout permis, ils n’hésitent pas à prendre l’école burkinabè en otage pourvu qu’ils parviennent à leur fin. Ainsi, ils poignardent dans le dos les efforts que mènent le gouvernement pour assurer une éducation de qualité pour tous.
C’est à l’aveuglette que les innocents qui ne savent même pas le pourquoi de leur manifestation payent les frais de leur bêtise. Les résultats chaque fois décevants enregistrés aux examens de fin d’année sont les conséquences de près de plusieurs années scolaires sacrifiées sur l’autel des multiples plates-formes revendicatives. Si l’on s’accorde à dire que la jeunesse est l’avenir de la nation, il est difficile d’accepter qu’elle soit prise en otage.
Sans doute, certains diront que l’échec des élèves aux examens est dû, en grande partie, à la démission de l’Etat face à ses responsabilités. Cependant, c’est se voiler la face en tenant cette opinion car la situation est plus compliquée que cela.
En effet, combien de fois les élèves sont sortis dans la rue pour des raisons de grèves cette année ? Plus de cinq (5) fois. Lorsqu’on regarde le nombre d’heures de cours perdues, on se rend compte que nos élèves sont en train de perdre l’essentiel.
Dans la situation actuelle, il ne suffit pas d’avoir raison ou tort, mais de dépassionner le débat afin de préserver l’école burkinabè car l’école n’est pas la propriété d’un individu ni même d’un gouvernement. On ne peut pas parler de problème de l’école burkinabè en oubliant la situation au niveau de l’université.
En somme, c’est dire que tous les acteurs de l’éducation gagneraient à mettre balle à terre pour des débats dépolitisés aux fins de trouver des solutions durables à notre système éducatif. Toute autre approche est vouée à l’échec.