A Bobo-Dioulasso, les taxis à gaz ne constituent plus un secret pour personne. A Ouagadougou, le phénomène avait commencé à prendre de l’ampleur. Mais, la police municipale avait vite fait de le stopper en mettant en fourrière six véhicules en février 2012.
Le phénomène n’a pourtant pas cessé. Pire, certains transporteurs ralliant des villes distantes de plus de 200 km n’hésitent pas à se passer de l’essence ou du gasoil pour se tourner vers le gaz butane. Nous avons fait le constat sur l’axe Ouahigouya-Dédougou le samedi 11 août dernier.
Le prix du carburant a connu une hausse de 50f sur le litre au Burkina Faso au cours du 1er semestre de l’année 2012. Les transporteurs font partie de ceux qui ressentent sans doute le plus cette hausse. Mais, cela autorise-t-il à mettre la vie des usagers de la voie en danger ? Certainement non ! A l’issue d’un contrôle inopiné les 16 et 17 février 2012 à Ouagadougou, la police municipale avait mis la main sur six taxis utilisant du gaz butane en lieu et place de l’essence ou du gasoil. Ces taxis avaient été mis en fourrière et les propriétaires verbalisés. Ce qui avait permis de mettre fin à cette pratique. Du moins, avait-on pensé. Erreur.
Ce sont des minis-cars, communément appelés « dina » qui sont maintenant entrés dans la danse. Le samedi 11 août dernier, au niveau du mythique pont du fleuve Mouhoun, nous empruntons un mini car de 16 places immatriculé 15 GG 0… en provenance de Ouahigouya, pour nous rendre à Dédougou. Une fois dans le car, nous sentons une odeur de gaz butane. Un coup d’œil à l’arrière du véhicule (à l’intérieur) et nous constatons la présence de deux bouteilles de gaz (12,5kg), l’une bien chargée non encore utilisée comme l’atteste le bouchon rouge.
La seconde bouteille est reliée à l’avant du véhicule par un long raccord. Nous alertons notre voisin qui semble ne pas accorder de l’importance à cette pratique. Quelques kilomètres parcourus et nous connaissons une crevaison à cinq kilomètres de Dédougou. Au moment de remplacer le pneu défaillant, nous demandons au conducteur les mobiles de l’utilisation du gaz butane en lieu et place de l’essence ou du gasoil, pour toute réponse, il lance : « ça ne fait rien. A Bobo, c’est ce que les gens font… », faisant allusion aux taxis à gaz. Il ne serait pas le seul à adopter cette pratique, a-t-on compris. Puis, il mit fin à la conversation.
Certes, la vie est chère pour tout le monde et les gens n’hésitent pas à développer des stratagèmes pour joindre les deux bouts. Souvent, en mettant en danger la vie des citoyens. La perte de l’autorité de l’Etat est réelle depuis la crise de 2011, mais le laisser-aller doit avoir des limites. Face à la dangerosité de cette pratique (taxi et maintenant car à gaz), les forces de l’ordre doivent sévir. Quitte à faire des mécontents. Même si nous sommes en période de pré-campagne électorale. Car, il y va de la sécurité des tous.