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Retour de Hama Amadou au Niger : dans la gueule du loup
Publié le lundi 16 novembre 2015  |  L`Observateur Paalga
Hama
© Autre presse par DR
Hama Amadou, président de l`Assemblée nationale et principal opposant du Niger




Il savait qu’il irait de l’aéroport Hamani Diori directement à la Maison d’arrêt et de correction de Niamey s’il rentrait, mais il l’a fait samedi 14 novembre.

Il avait fui son pays fin août pour se réfugier à Paris via Ouagadougou, échappant ainsi de justesse à l’étau judiciaire qui se resserrait autour de lui. Opposant au président Mahamadou Issoufou et ancien occupant du perchoir, Hama+ avait pris la clé des champs alors que les députés venaient d’autoriser son audition par la justice dans une affaire de trafic de bébés. Une de ses épouses y serait impliquée.

L’opposant a toujours dénoncé un «dossier politique» visant à «l’écarter de la présidentielle» là où le gouvernement n’a jamais rien vu d’autre qu’un «dossier de droit commun», et en juillet 2015, la Cour d’appel de Niamey a rejeté une demande de lever le mandat d’arrêt émis contre lui.

Ce qui devait arriver arriva donc, puisque « toutes les unités de police et de gendarmerie ont reçu l’ordre d’arrêter Hama Amadou dès qu’il mettra pied sur le territoire national », avait dit le ministre nigérien de la Sécurité, Hassoumi Massaoudou, à la mi-septembre alors que l’interpelé venait d’être investi candidat à la présidentielle par son parti. A présent qu’Hama Amadou est retourné au bercail, est-il prêt à se soumettre au test d’ADN pour vérifier s’il est le père des jumeaux de son épouse incriminée dans la supposition de maternité ?

Réponse de l’intéressé lui-même : «Si un dossier a été monté contre moi par mes adversaires, c’est le moment pour moi de me présenter devant les juges pour qu’ils disent où se trouve la vérité». «Dans cette affaire qui a été montée par mes adversaires, est-ce que ma culpabilité a été établie ? Non». En tout cas une chose est sûre : ce retour du trublion de la scène politique ne manquera pas de faire plus de vagues sur les rives du Niger, surtout à quelques mois de la présentielle de 2016 à laquelle Hama+ compte compétir notamment contre le présent sortant : «… J’ai des devoirs envers mon pays que je compte assumer à travers ma candidature» à la présidentielle, a-t-il dit pour justifier son retour au pays.

Plus de vagues sur les bords du fleuve éponyme de l’Etat du Niger, car le climat politique y était déjà tendu depuis 2 ans, les opposants ayant rejeté le calendrier fixé par la Commission électorale pour manque de consensus et accusé la Cour constitutionnelle d’ »allégeance » au président Mahamadou Issoufou. C’est dans ce contexte de feu couvant sous la cendre que le siège du Modem, le parti d’Hama+, a été encerclé par les forces de sécurité alors que celui-ci avait prévu d’y tenir un discours à son retour après une parade en ville ; par ailleurs des heurts ont opposé des militants de son parti aux forces de l’ordre à l’extérieur de l’aéroport. On le voit, le retour de l’opposant politique n°1 au président Mahamadou Issoufou, considéré par les siens comme un détenu politique, embarrasse le régime, car son come-back revigore ses troupes, ce que son accueil chaleureux annonçait. Et ça ne fait peut-être là que commencer entre forces de l’ordre et militants du Modem, car pour que leur champion soit effectivement candidat, encore faut-il qu’il soit blanchi dans l’affaire du trafic de bébés. Or il peut compter sur le pouvoir pour lui mettre tous les bâtons possibles dans les roues ; d’où des perspectives houleuses à craindre.

Mais comme la justice de son pays sait se montrer indépendante…

Quelle que soit l’issue de ce dossier, politique selon Hama+, de droit commun à en croire le gouvernement, souhaitons que ça ne trouble pas la paix sociale au Niger.

Ahl-Assane Rouamba
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