La deuxième session ordinaire du conseil municipal de Ouéléni, une commune rurale de la Léraba située à une trentaine de kilomètres de Sindou, qui s’est tenue le 15 mai 2013, avait inscrit à son ordre du jour un point relatif à la délibération sur l’annulation de l’érection de Gorongo en village administratif. Le jour du conseil, les habitants dudit village se sont fortement mobilisés à la mairie pour s’opposer à une telle délibération.
La tenue, le 15 mai 2013, de la deuxième session ordinaire du conseil municipal de la commune rurale de Ouéléni a été fortement marquée par la mobilisation presque générale des habitants de Gorongo, un village rattaché à la commune et qui a été érigé tel en octobre 2009. Hommes, femmes, vieux, jeunes et enfants de la localité étaient nombreux à rallier le siège de la mairie dans le but de signifier au député-maire de Ouéléni, le colonel Lona Charles Ouattara, arrivé à la tête de la mairie sous la bannière de l’UPC après les élections de décembre 2012, qu’ils n’entendent pas voir le conseil municipal délibérer au cours de la session sur l’annulation de l’érection de leur localité en village administratif. Dès l’entame du conseil, le maire qui a entre-temps eu une communication avec le haut-commissaire de la Léraba, annonce le retrait dudit point de l’ordre du jour tout en annonçant qu’il y verrait plus clair. Qu’à cela ne tienne, les habitants de Gorongo pensent qu’il faut tout de même dissuader Lona Charles Ouattara de sa volonté. « Autrement, disent-ils, qu’il nous dise de quelle localité allons-nous désormais relever ». Ouattara Salifou, un des anciens du village, explique que c’est en 2009 que les habitants de Gorongo, en son temps hameau de culture, ont introduit une demande pour que leur localité soit érigée en village administratif. Il précise qu’ils n’ont impliqué aucun autre hameau de culture dans leur démarche. « Après plusieurs tractations dont une enquête de la gendarmerie, nous avons reçu un arrêté du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MATD) disant que cet hameau, pour compter du 9 octobre 2009, est devenu un village administratif. C’est ce même décret qui nous a informés que Diorodiassa, un autre hameau de culture, nous est rattaché quand bien même nous n’avons jamais demandé qu’on annexe Diorodiassa. A Gorongo, nous valons au bas mot 700 personnes ». Et de préciser que s’ils sont mobilisés ce matin à la mairie, c’est parce qu’ils ont appris que des habitants de Diorodiassa ont demandé au maire d’annuler l’existence de notre village parce qu’ils n’entendent pas être sous la tutelle administrative de Gorongo. Le conseiller municipal de Gorongo, El Hadj Tahirou Bamba, pour sa part, fait savoir que le maire Lona Charles Ouattara a laissé entendre que le processus pour l’érection de Gorongo en village administratif comporte des failles. Toujours selon le conseiller, il a fait savoir qu’en tant que député, il se doit de contrôler l’action du gouvernement. C’est donc à ce titre qu’il demandera l’annulation du village qu’il représente au sein du conseil municipal. « En attendant qu’il revienne de Ouagadougou avec de plus amples informations comme il l’a dit après avoir retiré le point de l’ordre du jour, nous, habitants de Gorongo lui disons de surseoir à ce projet s’il ne veut pas créer le désordre. Nous demandons à Lona Charles Ouattara de travailler plutôt à développer Ouéléni au lieu de nous ramener en arrière », a-t-il conclu.
Aucune consultation préalable
Lona Charles Ouattara a certes retiré le point de l’ordre du jour de la session, mais, à l’écouter, il ne compte pas abandonner le projet en un si bon chemin. « Nous allons nous informer davantage au plan réglementaire en prenant attache avec le MATD qui nous donnera la conduite à tenir », a-t-il dit. Selon lui, le village de Gorongo a été créé à partir de deux hameaux de culture que sont Gorongo et Diorodiassa qui relevaient tous deux du village de Kobadah. L’érection de Gorongo en village, affirme Lona Charles Ouattara, n’a pas fait l’objet d’une consultation préalable ni avec le chef du village auquel ils étaient rattachés avant, c’est-à-dire Kobadah, ni avec les habitants de Diorodiassa. « C’est d’ailleurs pourquoi les habitants de Diorodiassa ont fait une pétition, signée par plus de 250 personnes, qu’ils ont jointe à une demande qu’ils ont adressée au maire pour demander l’annulation de l’érection de Gorongo en village administratif ». Selon lui, Gorongo a entre-temps eu « le pouvoir » de créer son village sinon Diorodiassa compte plus d’habitants. Pour lui, ils l’ont fait parce qu’ils pensent que c’est en créant beaucoup de villages que l’on développera la commune. Du côté de la tutelle administrative, le préfet de Ouéléni, Romain Kyélem, a fait savoir que selon le décret n° 2011/727/PRES/PM/MATDS portant érection des localités en village et suppression des villages, un conseil municipal n’a pas la compétence pour annuler l’érection d’une localité en village. Le préfet Kyélem qui dit n’avoir pas connaissance d’une pétition des habitants de Diorodiassa demandant l’annulation du village, confirme que la création du village de Gorongo a suivi la procédure administrative en la matière. Par lui, c’est plutôt la volonté du député-maire qui est exprimée. « C est plutôt le maire qui s’était opposé, en 2009, à la création des villages de Gorongo et de Kamidougou qui relevaient tous de Kobadah parce que selon lui, Kobadah, son village, n’était pas informé de la création de ces deux autres villages. Je ne comprends donc pas pourquoi le maire dit aujourd’hui que les habitants de Diorodiassa qui ont signé une pétition », s’interroge le préfet qui ajoute que Lona charles Ouattara, en son temps, avait saisi le MATD pour s’opposer à l’érection de Gorongo en village. Le ministère avait alors diligenté une contre-enquête. Après quoi, le colonel Lona Charles Ouattara a accusé réception de la réponse du MATD qui lui signifiait que pour l’érection de Gorongo et de Kamidougou en villages, la procédure a été bel et bien respectée.