Qui, des quatorze prétendants au fauteuil présidentiel, recevra les clés du palais de Kosyam à l’issue de l’élection dont le premier tour a lieu le 29 novembre prochain? Les paris sont ouverts, même si dans le bal des candidats et de leurs représentants, chacun semble être sûr de son fait et compte emménager dans les locaux présidentiels dès le premier tour.
Par-delà la propagande politique et électorale, quelques poids lourds travaillent toutefois hardiment à réaliser le break pour se mettre à l’abri d’un second tour à l’issue incertaine. Après Thomas Boni Yayi du Bénin en 2011, puis Alpha Condé de la Guinée et Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire en octobre dernier, assisterons-nous à un «KO électoral» au lendemain du premier tour au Burkina Faso, le 29 novembre prochain? En tout cas, plusieurs candidats embouchent la même trompette et annoncent — souhaitent, plus élégamment — que les électeurs leur confie les clés du palais présidentiel «au soir du 29 novembre».
C’est vrai que ce palais, majestueux à souhait, en impose. En compétition dans la course vers «Kosyam», des habitués des lieux, mais aussi des candidats qui ne le connaissent que de loin, voire pas du tout. Centre et cœur du pouvoir, «Kosyam» est par essence le haut-lieu de la gestion des affaires nationales, régionales et internationales. Tant de personnalités y défilent quotidiennement et, en dehors du tapis rouge et des lambris dorés qui peuvent donner le tournis, ses murs détiennent tant de secrets! En plus, c’est au prochain locataire des lieux que reviendra l’insigne honneur de souffler la dixième bougie de l’édifice.
En effet, la résidence officielle du président du Faso, située sur le boulevard Mouammar Kadhafi à Ouagadougou, a été inaugurée le 11 décembre 2006, à la faveur du quarante-sixième anniversaire de la proclamation de la République de Haute-Volta. Depuis, et à l’instar de ses «homologues» érigés de par le monde, à l’image du palais de l’Elysée en France, de la Maison-Blanche aux Etats-Unis ou encore du… palais de l’unité à Yaoundé, le nom de «Kosyam», ce quartier de la périphérie sud de la capitale burkinabè, résonne aux quatre coins du globe. Se rendant même récemment célèbre par la non moins célèbre caserne qui la jouxtait et par les soubresauts répétitifs qui ont jalonné la période de transition.
Ah, le palais présidentiel! Cadre à la fois solennel et majestueux, c’est là où s’exerce la mystique du pouvoir avec les bureaux et la résidence du chef de l’Etat. Du palais de la Marina à Cotonou, au Bénin, au palais Sékoutouréyah à Conakry (Guinée), en passant par ceux de l’avenue Roume à Dakar (Sénégal) ou de la Nation à Kinshasa (RD Congo), on retrouve le même désir de conférer au premier magistrat du pays une élégance et une représentativité à la hauteur de ses fonctions.
Juste un petit message cependant à celui ou celle de ces candidat(e)s qui décrochera le graal pour convoler en noces démocratiques de cinq ans renouvelables une seule fois avec le palais de Kosyam: «Quand vous êtes président, on vous montre partout où vous mettez le pied comme si vous ne savez plus marcher tout seul, comme si vous n’avez pas d’yeux. Et puis vous ne pouvez pas rencontrer qui vous voulez et quand vous le souhaitez. Même votre famille vous manque parce qu’on invoque la raison d’Etat.»
L’aveu est de l’ancien président burundais Domitien Ndayizeye (avril 2003-août 2005) qui, en répondant aux questions du magazine panafricain Notre Afrik (N°41, février 2014), s’est dit se sentir «complet» depuis qu’il a quitté les affaires. «Je me sens complet car je peux aller au frigidaire et me servir la bière de mon choix», a-t-il notamment affirmé. Juste une question de point de vue?
Serge Mathias Tomondji