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Le Dr Jean Jacques ZEBA du Burkina explique les causes et traitements de la goutte
Publié le jeudi 12 novembre 2015  |  Agence de Presse Labor
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© Autre presse par DR
Dr Jean Jacques ZEBA, président de l’A.P.H.BF




L’Association pour la promotion de l’hygiène au Burkina Faso (A.P.H.BF) aborde dans le cadre de l’hygiène alimentaire, la goutte. Et comme nous le savons tous, aujourd’hui les nouvelles menaces s’appellent : maladies cardiovasculaires (hypertension, crise cardiaque, accident vasculaire cérébral…) obésité, diabète, Alzheimer, cancer, goutte, cholestérol, alcoolisme, tabagisme, etc. Ces maladies sociales émergentes nous agressent de manière frontale et brutale, sans répit aucun. Il suffit de regarder autour de nous. Tel voisin, bien portant hier est aujourd’hui cloué au sol paralysé et incapable de parler ou gros orteil atrocement douloureux ; tel autre est décédé de façon subite ; telle voisine n’a plus de sein, ni de cheveux et telle autre souffre non seulement d’hypertension, mais aussi de diabète et de goutte ; etc.… Et pourtant, ce sont là des maladies que l’on peut prévenir avec de plus en plus de succès et sans grands moyens. Malheureusement ces maladies (affections) nous assaillent pendant que nous sommes toujours confrontés à des maladies banales mais mortelles et surtout évitables par la vaccination (méningite, rougeole, fièvre typhoïde, hépatites…) et par l’hygiène (choléra, amibiase, maladies diarrhéiques, paludisme, bilharzioses, maladies nosocomiales (hospitalières), intoxications alimentaires, etc.…Le Dr Jean Jacques ZEBA, président de l’A.P.H.BF explique les causes et traitements de la goutte.
A- Qu’est ce que la goutte ?
I-Maladie ou simple facteur de risque ?
1°) Définition
La goutte est une maladie métabolique, résultant d’une accumulation excessive d’acide sérique dans le sang, puis dans les articulations. Ce taux élevé d’acide urique est à l’origine des accès aigus (crises douloureuses violentes) déclenchés le plus souvent par la consommation d’alcool et/ou de viandes. Mais la goutte c’est avant tout un rhumatisme. Le rhumatisme désignant toutes les affections douloureuses qui touchent nos articulations, quelle qu’en soit leurs localisations, leurs manifestations (signes) et leur origine (cause). En effet, le rhumatisme regroupe des maladies très différentes les unes des autres. Ainsi, les uns sont des rhumatismes inflammatoires (la goutte, l’arthrite,…) et d’autres des rhumatismes dégénératifs (l’arthrose,…) donc favorisés par l’âge.
2°) Facteur de risque ou pas ?
Oui, facteur de risque sans nul doute. On sait par exemple, que la goutte favorise l’hypertension et l’insuffisance rénale. Cependant, la goutte demeure une maladie grave car invalidante et même mortelle par ses complications.
II- Comment reconnaitre la maladie ?
1°) Organe atteint
Ce sont toutes les articulations en général et électivement le gros arteil, la cheville, le genou ou le poignet. Tous les tissus, les os, les reins et même les tissus mous (muscles et tendons) peuvent être touchés par cette accumulation d’acide unique. Plusieurs articulations peuvent être touchées en même temps.
2°) signes évocateurs
La goutte se manifeste par crise. Après un petit pot bien arrosé avec des copains une douleur atroce et brutale survient au milieu de la nuit. Le gros orteil est plus souvent touché et il devient gonflé, chaud et extrêmement douloureux. Une douleur qui prend le pied et irradie (s’étale) le long de la jambe. Elle s’atténue un peu le matin et dans la journée ; puis revient la nuit tombée et ainsi de suite, pendant près d’une semaine. On ne peut pas bouger le membre et même un simple effleurement est douloureux.
III- Types de goutte
1°) la maladie goutteuse ou la goutte :
La définition de la goutte peut laisser croire que goutte est synonyme d’hyper uricémie (excès d’acide sérique). Et bien non, l’hyper uricémie fait partie d’un ensemble de signes qui, réunis constituent les signes de certitude. Ainsi, on peut citer : les crises aigües typiques répétées, touchant électivement le pied (gros orteil, cheville) mais aussi le genou, le poignet, etc. ; les crises sont régressives et calmées par des médicaments bien connus : la goutte touche électivement les hommes surtout à partir de 35 à 40 ans ; seules les femmes ménopausées peuvent être victimes de la goutte, comme il en est de l’ostéoporose, de l’hypertension, ou du diabète.
2°) L’hyper uricémie
Il existe de nombreux hyper uricémiques qui ne deviennent pas goutteux. Et même dans de rares cas, l’hyper uricémie peut manquer chez des goutteux.
B- Qu’est ce qui provoque cette maladie ?
I- Les sources de l’hyper uricémie
Nous savons tous que certains de nos aliments sont riches en acide urique. Ainsi, leur consommation favorise l’apparition de la goutte chez les personnes prédisposées à cette maladie et peut également déclencher les crises. Il s’agit essentiellement des produits riches en protéines animales comme le rognon, le foie, la langue de bœuf, la viande de bœuf, de porc ou de mouton, les saucisses, les abats (tête, pattes, cervelle) et le gibier.
II- La cause de la goutte
On ne connait pas avec exactitude la cause de la goutte. Elle n’est pas une maladie héréditaire, mais il existe des prédispositions génétiques (familiales). Ainsi, si l’un de vos parents en souffre, vous courrez plus de risque qu’un autre d’en être atteint à votre tour. Sans que cela soit impératif, mais seulement probable. Ainsi, le taux d’acide urique peut être très élevé car corps en produit trop, mais pour quelle raison ? On ne sait pas. Comme cité plus haut la goutte est d’origine alimentaire dans certains cas (par la consommation d’aliments riches en acide urique). Elle peut aussi être la conséquence d’une atteinte rénale, car les reins jouent un rôle de filtre et gèrent la quantité d’acide sérique à éliminer. Ainsi, en cas d’insuffisance rénale, les reins n’assument plus leur rôle de filtre et l’acide urique s’accumule dans le sang d’abord, puis dans les articulations, les reins etc., et la crise de goutte survient. Attention, certains médicaments favorisent également la goutte (les antituberculeux, les diurétiques…). Un excès de poids, donc l’obésité est souvent associé à un taux élevé d’acide urique. Ainsi, en perdant des kilos grâce à un régime, nous évitons des crises de goutte.
C- La goutte est-t-elle dangereuse ?
I- Qui est concerné par la goutte ?
La goutte touche particulièrement les hommes adultes de plus de 35 – 40 ans. Ils auraient dans leur sang un taux d’acide urique, généralement plus élevé. Cela est rare, mais les crises peuvent survenir dès l’âge de 20-25 ans. Chez la femme, la goutte est possible seulement après la ménopause.
II- Les méfaits de la goutte
Nous savons que l’acide urique est dans notre sang de manière tout à fait normale. En effet, il est produit par notre propre corps pour la plus grande partie. Les cellules de notre corps en se renouvelant en permanence, notre ADN se dégrade et ces acides nucléiques sont détruits. L’acide urique produit par notre corps, provient simplement de la dégradation de ces acides nucléiques. Ainsi, lors de la crise de goutte, l’acide urique accumulé de façon excessive dans le sang, passe dans les articulations d’où les signes évoqués plus haut. La goutte détruit nos articulations. Les cristaux d’acide urique, normalement éliminés par la voie urinaire peuvent se concentrer dans le rein et former des calculs (cailloux) qui l’obstruent, déclenchant des crises de coliques néphrétiques.
III- Les complications de la goutte
La goutte peut être responsable d’une insuffisance rénale conduisant à la dialyse. Elle peut aussi devenir chronique avec des raideurs douloureuses et une impotence des articulations atteintes. De même, la lithiase urinaire (calculs), la néphrite chronique (inflammation) et l’hypertension artérielle menacent le goutteux chronique.
D- Que faire ?
I- Peut-on prévenir la goutte ?
1°) Facteurs génétiques
En cas de prédispositions génétiques (familiales) nous les parents, gagnerons à surveiller les habitudes alimentaires de nos rejetons et à les référer aux médecins pour des dosages précoces.
2°) Notre hygiène de vie
a) Notre alimentation : Songeons adopter un comportement qui modère la consommation des aliments déclencheurs : riches en protéines animales (langue de bœuf, rognons, saucisses, viandes…) ; l’alcool qui ralentit l’élimination de l’acide urique par les reins ; et privilégions une alimentation variée et équilibrée, la consommation régulière et en grande quantité d’eau
(2 à 3l par jour) et surtout une activité physique régulière et suffisante.
b) Sport et rhumatismes
1) Les bienfaits du sport : le sport doit être maintenu ou introduit car indispensable à la bonne santé de nos articulations. En cas de rhumatisme, mettre nos articulations au repos seulement pendant les périodes de poussées douloureuses. En effet, le sport améliore l’état des articulations et lutte contre la douleur par la production d’endorphines, nos hormones naturelles. Il apporte force et souplesse à nos articulations et à nos muscles et tendons, soutiens des articulations, de la puissance. La mobilisation (la mise en mouvement) de nos articulations stimule la production du liquide synovial qui entretient le cartilage. Elle stimule aussi la vascularisation (l’irrigation) des tissus qui les entourent. Et nous savons aussi que le sport est l’antidote idéal contre la prise de poids et la raideur des articulations. En plus, il nous détend, lutte contre le stress et nos petites dépressions.
2) Quel sport et à quel rythme ? : Il faut surtout éviter les ports traumatiques comme le judo, le football, le handball, le basket ball, le tennis, etc. C’est préférable de garder les sports d’entretien que nous ne cesserons de recommander : la marche rapide, le vélo, la course ou la natation. Gardons aussi le même rythme, soit trois fois par semaine, bien espacées durant 45 à 60 mn par séance ; soit 30 mn par jour, l’autre variante. Si besoin, demandons conseils pour bien adapter nos mouvements au type de rhumatisme dont nous souffrons. N’oublions pas qu’il faut toujours reprendre ou débuter doucement, augmenter progressivement l’intensité de nos efforts.
3) Précautions à prendre : évitions toujours de trop forcer c’est-à-dire de nuire à nos articulations. Si le sport provoque des douleurs, si ces douleurs persistent plusieurs heures après l’effort, cela n’est pas normal. Il faut diminuer l’intensité et la durée. Mais il ne faut surtout pas arrêter. En effet, nos articulations ont besoin de cet entretient. Adaptons nos efforts. En cas de doute, il faut consulter. Sinon, le sport fait réellement partie du traitement des rhumatismes. En effet, il préserve la fonte musculaire et évite (corrige) les mauvaises attitudes.
4) Alimentation et rhumatismes : nous le répétons, mangeons varié, équilibré et à des moments réguliers pour ne pas prendre de poids. Si notre poids est excessif, ce sont nos articulations qui empâtassent car ce sont elles (les hanches et les genoux surtout) qui portent notre corps. Pour cela, contrôlons régulièrement notre indice de masse corporel (I.M.C)
II- En cas de goutte
1) Dépistage
Si les signes de certitude cités plus haut sont réunis, nous pouvons penser à la maladie goutteuse. Mais le diagnostic relève du médecin.
2) Traitement
a) Traitement médicamenteux : Il existe aujourd’hui des médicaments capables de réduire le taux d’acide urique dans le sang et d’autres capables de combattre l’inflammation. Mais évitons l’automédication car leurs prescriptions relèvent aussi du médecin. Par contre il faut appliquer rigoureusement l’auto traitement.
b) Traitement hygiéno-diététique : Malgré l’efficacité des médicaments, le régime hygiéno-diététique reste le traitement de fond de la goutte. Il consiste en quelques règles simples (ce sont là quelques généralités) :
1) Boire beaucoup d’eau : soit 2 à 3l par jour ; cela permet de laver le sang et de réduire sa teneur en acide urique. En effet, l’acide urique est essentiellement éliminé par la voie urinaire. Cela lave aussi les reins eux-mêmes, dilue l’urine et abaisse la concentration d’acide urique.
2) Consommer moins d’aliments riches en acide urique et privilégier les protéines qui en sont dépourvues comme le lait, les laitages, le pain, les légumes, etc.
3) Maigrir pour éviter toute complication
4) Reconnaitre et éviter les aliments déclencheurs de crises : les aliments propres à chaque malade et bien connus de lui ; l’alcool, etc.
5) Manger varié, équilibré et à des moments réguliers.
6) Ne pas oublier que le régime permet non seulement d’espacer la survenue des crises mais surtout, de réduire la posologie des médicaments à prendre toute la vie.

Le Président de l’A.P.H.BF
Dr Jean Jacques ZEBA, médecin hygiéniste
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