Le Programme alimentaire mondial (PAM) a tenu une table ronde avec ses partenaires pour présenter la nouvelle stratégie du projet ’’Achats au service du progrès’’ dénommé ‘’P4P’’, pour les cinq ans à venir, le mardi 10 novembre 2015, à Ouagadoudou. Cette rencontre a eu pour but de mener des réflexions sur la pérennisation de l’initiative et inciter le gouvernement du Burkina Faso à se l’approprier.
Accroître les revenus des petits producteurs à travers le renforcement de leurs capacités techniques et matérielles dans la production et la commercialisation de leurs produits, telle est l’idée qui a soutenu la mise en place par le Programme alimentaire mondial (PAM) du projet ’’Achats au service du progrès’’ dénommé ‘’P4P’’. La phase-pilote du P4P, démarrée en 2009 au Burkina à l’instar dans d’une vingtaine d’autres pays d’Amérique centrale, d’Asie et d’Afrique a consisté, entre autres, à une augmentation des revenus des ménages membres des Organisations paysannes (OP) partenaires du P4P de 58% à travers l’achat et la revente à d’autres marchés tels la SONAGESS de denrées auprès de petits producteurs locaux. Ainsi, 6 600 tonnes de denrées ont été achetées par le PAM d’une valeur d’environ 3 millions de dollars US et 15 000 tonnes de céréales revendues d’une valeur d’environ 5 millions de dollars US. Selon le représentant du PAM au « pays des hommes intègres’ », Jean-Charles Dei, cette étape du projet a débouché au Burkina Faso sur des résultats encourageants qui militent pour sa poursuite et sa mise à l’échelle par l’organisation et ses partenaires. «Les résultats obtenus sont appréciables à plus d’un titre», a-t-il affirmé. Et c’est dans cette optique de poursuivre la phase post-pilote du projet P4P, qui couvre la période 2015-2019, que le PAM a élaboré une nouvelle stratégie en concertation avec ses partenaires, notamment le gouvernement du Burkina Faso.
Les ambitions de la nouvelle stratégie
Outre l’accroissement des revenus des petits producteurs et leur accès à des marchés de qualité, cette stratégie a aussi pour objectif de renforcer l’appropriation du P4P par le gouvernement. Pour ce faire, la nouvelle approche tout comme la précédente s’articule autour de quatre points à savoir : les achats, le renforcement des capacités, le partenariat et le suivi-évaluation. Elle consiste particulièrement à augmenter le volume de denrées achetées auprès des petits producteurs et transformateurs ; accroître leurs capacités en matière de gestion de la qualité, de réduction des pertes post-récoltes et l’accès à des marchés porteurs. Aussi, elle entend promouvoir la cohérence et la coordination entre les acteurs du secteur agricole en collaboration avec le gouvernement pour encourager l’appropriation nationale du projet. Enfin, la nouvelle stratégie prévoit identifier et diffuser les bonnes pratiques d’achats auprès des paysans et transformateurs à travers un système de suivi décentralisé qui implique les organisations paysannes, le gouvernement et les autres partenaires au développement. Par ailleurs, la nouvelle politique du P4P compte étendre le projet à d’autres OP en passant de sept à seize organisations paysannes composées d’environ 36 500 petits producteurs, et à d’autres spéculations tels le riz et le lait. Cependant, le P4P, bien qu’il est un projet reluisant de par ses résultats engrangés, connaît un certain nombre de difficultés. Notamment, un manque de financement, foi de M. Dei qui estime le besoin de son organisation à environ 2 millions de dollars US par an, soit 10 millions de dollars US pour les cinq années que couvre cette phase post-pilote.
Un besoin crucial de financement
En effet, au-delà des appuis de la Coopération allemande (556 000 dollars) et celle japonaise (315 000 dollars), la phase-pilote du P4P a été principalement financée par la Fondation Bill et Melinda Gates à hauteur de 6 millions de dollars. Mais celle-ci a décidé de limiter son financement à trois pays sur la vingtaine de départ, dont le Burkina Faso. A ce effet, la fondation a résolu de réduire également son engagement au profit de cette initiative au Burkina Faso et elle a prévu la financer à hauteur de 500 000 dollars en 2016, et ce pour sa dernière contribution. De ce fait, «La mobilisation des ressources au niveau des pays constitue donc le seul moyen pour assurer la pérennité de ce programme dont les résultats et les acquis continuent d’émerveiller plus d’un», a indiqué Jean-Charles Dei. Quant au coordonnateur du P4P, Yves Aklamavo, il a signifié que l’une des ambitions du projet est de faire en sorte que le bureau régional du PAM vienne s’approvisionner en vivres au Burkina Faso. «Nous voulons aussi créer un partenariat entre les OP et les industries de transformation agro-alimentaires existant au Burkina afin qu’elles puissent les pourvoir en produits de qualité», a-t-il souhaité.
Kadi RABO