Le « concert du siècle » a finalement eu lieu les vendredi 6 et samedi 7 novembre 2015 à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. Annoncés comme têtes d’affiche à ce concert organisé par Bitel communication, les trois monstres sacrés du coupé décalé, Débordo Leekunfa, Serge Beynaud et DJ Arafat, ont fait rêver le public burkinabè. S’il y a un évènement qui aura marqué le monde de la culture ces derniers temps, c’est bel et bien ce concert dit du siècle. Rarement dans l’histoire du Burkina Faso, un concert aura créé tant de buzz. Le Burkina Faso aura-t-il permis à travers ce concert de réconcilier les trois rivaux du coupé décalé ?
Débordo Leekunfa, Serge Beynaud et DJ Arafat, trois monstres sacrés du coupé décalé réunis sur une même scène. Cela a été possible grâce à Bitel Communication. S’il est vrai que ce concert dit du siècle aura connu toutes les vicissitudes du show-biz, il est aussi vrai que réunir Serge Beynaud, Débordo Leekunfa et DJ Arafat qui se fait appeler désormais « César », n’était pas évident.
Débordo, désormais « Wiz-Hagara », clame haut et fort être le patron du coupé décalé. Arafat lui, estime qu’on doit rendre à César ce qui est à César. Quant à Serge Beynaud, il dit avoir reçu le don du coupé décalé de Dieu.
Cette « guéguerre » est-elle finie à l’issu de ce rendez-vous qui aura permis aux trois artistes de recevoir les conseils et les bénédictions de sa majesté le Mogho Naaba Baogho ? On sait qu’au cours de l’audience qu’il a accordée au comité d’organisation en présence des trois monstres et les artistes burkinabè, il a demandé aux uns et aux autres de cultiver le pardon, la tolérance, l’humilité et la paix.
Si Serge Beynaud estime que « c’est du marketing », Arafat, quant à lui, après avoir remercié Sa majesté pour les sages conseils, rétorque que ce n’est pas du marketing mais plutôt la guerre musicale. « Nous sommes des frangins mais sur le plan musical, nous sommes et resteront toujours en guerre. C’est ce qui nous permet de travailler à fond pour faire plaisir à nos fans », confie celui qui se fait désormais appeler « César ».
Ils ont voulu gâter votre pays
Après les bénédictions, place au spectacle. Au stade omnisports de Bobo-Dioulasso, les monstres ont simplement assuré. C’est d’abord Débordo qui donne le top avec l’hymne nationale repris en cœur par les milliers de fans, après une belle prestation des artistes bobolais. Les deux autres monstres ne se feront pas prier pour relever le défi. Successivement, Serge Beynaud et DJ Arafat enflamment le public du stade de Bobo, jusqu’à 3h du matin, malgré le couvre-feu.
A Ouagadougou, le stade municipal est pris d’assaut dès 16h le 7 novembre. Malgré des problèmes techniques, le stade municipal reste plein à craquer jusqu’à 21h15mn, heure de démarrage du spectacle. Malgré le couvre-feu qui s’annonce à grand pas, les organisateurs tiennent à respecter le programme.
Tous les artistes programmés défilent au grand bonheur du public qui n’hésite pas à réclamer une double prestation de Floby. Arboré du drapeau national, Floby et la Floband comme un seul homme, ont fait revivre au public les temps forts de l’insurrection à travers l’hymne nationale du Burkina Faso.
Débordo Leekunfa alias « We-zagara », Serge Beynaud et DJ Arafat, vont tour à tour faire exploser tout le stade. Le message de César : « ils ont voulu gâter votre pays comme ils l’on fait en Côte d’Ivoire mais la paix est revenue et ont doit rendre grâce à Dieu et faire le show ». « C’est du jamais vu », clame un spectateur en compagnie de sa petite famille. Pour Innocent Belemtougri, promoteur du spectacle, « l’essentiel était de réussir le pari. Je rends grâce à Dieu et je remercie tous les partenaires ».
Rappelons qu’au lendemain de leur concert historique à Bobo, Dj Arafat, Serges Beynaud et Debordo ont été intronisés dans la matinée du 7 novembre par le chef Bobo Mandarè. Après les avoir initié aux rites nécessaires, le chef des Bobo leur a fait porter des boubous, signe de leur intronisation. Par cette action, les trois monstres du Coupé décalé sont devenus des fils à part entière de Bobo-Dioulasso et partant, du Burkina Faso.
Abel Azonhandé