Un sommet Europe-Afrique consacré au phénomène migratoire, s’est ouvert hier 11 novembre à Malte. Il réunit les chefs d’Etat et de gouvernement d’une quinzaine de pays des deux continents. L’objectif recherché par la Commission européenne est d’échanger avec les pays d’origine et de transit des migrants, pour fermer les routes de l’exil vers le Vieux continent, de dizaines de milliers d’Africains. A cet effet, les Européens se proposent d’agir dans 5 domaines.
D’abord, l’investissement en Afrique pour offrir des emplois à la jeunesse, soutenir les agricultures locales, inciter les diasporas africaines à investir dans leur pays d’origine.
Deuxièmement, l’ouverture de voies d’accès légales plus faciles aux étudiants, aux chercheurs, aux artistes et aux personnels qualifiés.
Troisièmement, l’assistance des pays africains qui accueillent déjà de nombreux réfugiés sur leur sol.
Quatrièmement, la lutte contre les trafiquants.
Et cinquièmement, la mise en place d’un cadre légal et d’accompagnement pour le renvoi dans leur pays, des recalés du droit d’exil.
L’argent des Européens finira dans la poche sans fond des dictateurs africains
Tout cela est bien beau. Mais les Européens ont-ils pris la peine de diagnostiquer les vraies causes du mal avant de proposer ce traitement aux Africains ? L’on peut en douter. Car, si cela avait été fait, ils s’y seraient pris autrement. En effet, la majorité des Africains qui défient au quotidien la mort en bravant les eaux tumultueuses et les requins de la Méditerranée, entassés dans des bateaux de fortune pour rallier l’Europe, sont dans une situation tellement désespérée qu’ils sont convaincus que le moindre mal pour eux est de fuir leur pays pour aller voir ailleurs. Et cet ailleurs, quoi qu’on dise, ne peut pas être pire que ce qu’ils vivent chez eux. Et comme le dit l’adage africain selon lequel « cabri mort n’a pas peur de couteau », les candidats à l’immigration du continent noir préfèrent jeter leur dévolu sur l’Europe, quitte à disparaître à jamais dans les entrailles de la Méditerranée que de rester en Afrique où leurs dirigeants leur servent invariablement la dictature, la guerre et l’absence de toute perspective d’épanouissement. Tant que les Européens ne vont pas franchement aider les peuples d’Afrique à s’attaquer à ces maux, ils peuvent être sûrs que ce n’est pas un sommet du genre de celui qui se tient actuellement à Malte, qui pourra réduire le phénomène migratoire. Or, tout porte à croire que les pays européens ont tout à gagner dans le maintien des dictateurs africains à la tête de leur pays pour la raison suivante. Il est plus aisé de pomper les richesses d’un pays gouverné par un dictateur que par des démocrates. Dans le premier cas, c’est un homme fort et son clan qui décident à la place de tout le monde. Dans le second, la force des institutions fait que tous les contrats passés avec l’extérieur obéissent à des procédures transparentes. C’est cette logique qui amène les pays européens à caresser les satrapes d’Afrique dans le sens du poil. L’exemple le plus emblématique pour étayer ce point de vue, est l’attitude de François Hollande vis-à-vis de Denis Sassou Nguesso. De toute évidence, l’odeur du pétrole du roi « Sassou 1er » a eu raison des exigences en matière de démocratie de la « patrie des droits de l’Homme ». La cause de la fuite éperdue des Africains vers l’Europe réside donc essentiellement dans la mauvaise gouvernance que l’on peut facilement observer dans bien des pays africains. Injecter par conséquent des millions d’euros dans ces conditions en Afrique avec la prétention de créer des emplois, renvoie à l’image du tonneau des Danaïdes de la mythologie grecque. De ce point de vue, l’argent des Européens finira dans la poche sans fond des dictateurs africains puisqu’ils sont insatiables. Et ils n’auront aucun scrupule à s’en servir pour consolider leur pouvoir. Les peuples à qui cet argent est destiné, n’en verront pas la couleur. Et c’est cette gouvernance exécrable qui crée les conditions objectives des guerres en Afrique.
Les Européens sont gagnés par la peur de l’envahissement
A l’analyse, on peut même être tenté de dire que celles-ci font l’affaire des Européens. Ils en profitent pour vendre à prix d’or leurs armes, convaincus qu’en la matière, les dictateurs n’hésitent pas à délier les cordons de la bourse en vidant les caisses de l’Etat. Pendant ce temps, ce sont les populations qui paient le prix fort et qui finissent par se tirer de la misère en envisageant la seule alternative qui s’offre à elles : partir ne serait-ce que pour espérer avoir la liberté de respirer. Et la mort que pourrait représenter la traversée de la Méditerranée n’est rien à leurs yeux par rapport à leur besoin de liberté.
Aux causes domestiques du phénomène des migrations, l’on peut ajouter celle liée à l’ordre économique mondial. En effet, tant que celui-ci ne sera pas revu de manière à permettre aux Africains de vendre sur le marché international leurs produits à des prix intéressants, l’on peut parier que ce ne sont pas les « aides » que les Européens déversent sur l’Afrique, qui vont positionner ce continent sur le chemin du développement. C’est pourquoi l’on peut affirmer que la véritable motivation du sommet de Malte tient plus de l’instinct de conservation des Européens que de leur volonté réelle d’aider l’Afrique à se développer pour mieux prendre en charge, par elle-même, le phénomène migratoire. En effet, de plus en plus, les Européens sont gagnés par la peur de l’envahissement.
Et ils sont aidés en cela par la campagne de conditionnement des opinions à laquelle se livrent tous les partis d’extrême droite qui, aujourd’hui, ont du succès sur le Vieux continent. L’on peut avoir l’impression que même les dirigeants européens sont dans la même posture. C’est pourquoi ils sont prêts à financer les dirigeants africains mais à condition que ces derniers les aident en empêchant leurs compatriotes de franchir la Méditerranée pour les envahir et perturber leur banquet.
Des Noirs, ils commencent à en avoir marre. Jean Marie Le Pen n’a pas dit plus.