En RDC, le président Joseph Kabila n’a pas chômé ces derniers temps. Le week-end dernier, il a rencontré les présidents des deux chambres qui eux-mêmes ont transmis, à huis clos, les détails de la rencontre aux députés et sénateurs.
Dans la foulée, il s’entretenait avec les représentants de la communauté internationale, à Kinshasa avec pour seul centre d’intérêt l’amorce d’un dialogue politique dont on ne sait toujours pas s’il aura bien lieu ni sur quoi il pourrait bien déboucher.
Bien sûr, on sait déjà de la bouche du président lui-même que si dialogue il y a, celui-ci devra débuter, au plus tard, « d’ici la fin du mois de novembre ». Très bientôt, un comité préparatoire devrait être mis en place pour décider du lieu et des participants à ce dialogue qui doit inclure « majorité, opposition et société civile», a ajouté le chef de l’Etat congolais sans donner plus de détails.
Bien sûr, on sait que selon ses initiateurs, la discussion devrait tourner autour de cinq points cardinaux qui sont la révision, ou non, du fichier électoral, la révision du calendrier électoral avec le risque de glissement tant redouté par l’opposition ; il y aura aussi la sécurisation du processus et la mise en place d’une sorte de code de bonne conduite, le financement des élections et, enfin, le rôle de la communauté internationale.
Voilà donc un programme riche et varié. Mais en réalité, derrière tous ces sujets se cache une seule et unique question que l’ensemble des Congolais posent à leur président, celle de savoir si oui ou non Joseph Kabila envisage de respecter la clause limitative des mandats. Il faut croire que non, car on le voit venir avec ses gros sabots, lui qui entend bien marcher sur les pas de son aîné et voisin de l’autre rive du fleuve.
Mais à la différence de Denis Sassou Nguesso, il faut tout de même reconnaitre à Joseph Kabila le mérite d’avoir tenté d’engager un dialogue tous azimuts, même si en face l’opposition n’est pas, alors pas du tout dupe. Une situation qui n’est pas sans rappeler aux Burkinabè le coup fumant du CCRP, le Cadre de concertation sur les réformes politiques, boycotté à raison par une partie de l’opposition, et qui devait servir de cheval de Troie pour permettre à Blaise Compaoré d’avancer à petit pas vers son but, la présidence à vie. Un exercice d’enfumage qui, bien qu’aillant lamentablement échoué, continue de faire des émules loin de nos frontières.
Mais quand on voit ce qui se passe dans un pays comme le Burundi, qui est en train de glisser peu à peu vers la guerre civile, on se demande si, malgré ce semblant de dialogue, le Congo de Kabila n’est pas, lui aussi, sur la mauvaise pente, celle qui s’amorce avec l’entêtement d’un dirigeant persuadé d’être irremplaçable…
Marie Ouédraogo