Les Etalons semblent à la croisée des chemins et leurs supporters sont dans le doute, après une victoire et une défaite lors des deux premiers matchs des éliminatoires de la CAN 2017 et surtout suite à une lourde défaite récemment en amical face au Mali. Mais, le sélectionneur national des Etalons, Gernot Rohr, que nous avons rencontré il y a quelques jours, rassure qu’il n’y a pas d’inquiétude à se faire puisqu’il croit en la qualification, tout en faisant savoir qu’il faut réaliser un bon résultat face à l’Ouganda en mars 2016. Il a une opportunité pour davantage rassurer les Burkinabè puisque dès ce 12 novembre pour le match aller et le 17 novembre pour le retour, les Etalons affrontent les Ecureuils du Bénin en éliminatoires de la coupe du monde 2018. A ce sujet, Gernot Rohr n’imagine pas autre chose que la qualification. Le technicien franco-allemand aborde également dans cet entretien, les différentes réactions des joueurs tels que Jonathan Pitroïpa et Aristide Bancé, la discipline de groupe et bien d’autres sujets.
Le Pays : Comment se portent aujourd’hui les Etalons, au lendemain des deux premières journées de la CAN 2017 avec une victoire et une défaite ?
Gernot Rohr : Nous allons dire que les Etalons sont en reconstruction. C’est une période où, après la dernière CAN en Guinée Equatoriale, j’ai été choisi pour conduire une mission pour le renouvellement et le rafraîchissement de l’équipe. C’est donc une période charnière où nous faisons des essais tout en essayant de faire des résultats dans les matchs de compétition. Le constat a été fait qu’après la CAN 2015, il fallait changer des choses. A mon staff et moi de trouver maintenant les joueurs nécessaires et l’état d’esprit indispensable pour repartir de l’avant avec les
Etalons.
Est-ce que la toute dernière défaite en amical face au Mali, n’inquiète pas davantage ?
Non, parce que ce sont des matchs où nous essayons des choses, en observant des joueurs qui n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer auparavant et si possible, de jeunes joueurs pour préparer l’avenir. Nous avons pu injecter cinq à six nouveaux joueurs, depuis que je suis arrivé avec un changement dans l’axe central de même que sur les côtés, en défense et en attaque. Par exemple, dans les buts, nous avons des gardiens qui n’ont pas beaucoup de compétitions dans leur club et à ce niveau, il nous fallait trouver des solutions de rechange.
Pensez-vous sincèrement que les Etalons ont encore des chances de se qualifier pour la CAN 2017, au vu de leurs dernières prestations ?
Oui et notre destin est entre nos mains. Nous avons deux matchs qui nous attendent face à l’Ouganda et si nous parvenons à obtenir quatre points, nous serons devant cette équipe. Nous savons que l’Ouganda a gagné ses deux matchs avec un peu de réussite, surtout lors du deuxième puisque les Comores ont raté un penalty. C’est une bonne équipe de même que celle du Botswana et notre défaite face à cette dernière équipe, était aussi due au fait que nos joueurs sortaient d’une trêve où ils n’avaient pas joué. Ils manquaient de rythme et nous avons été pris de court par une bonne équipe du Botswana. Nous pensons que nous allons nous qualifier et les deux matchs en mars 2016 doivent être bien préparés pour pouvoir se mettre en position de leader de notre groupe, en attendant les dernières rencontres.
Pouvez-vous confirmer qu’il y a de la sérénité au sein de votre groupe, surtout que vous avez une échéance dans quelques jours contre le Bénin, en éliminatoires de la coupe du monde 2018 ?
Ce match vient un peu tôt, surtout que certains matchs de préparation que nous avions prévus, ont été annulés comme celui face au Congo récemment, contre l’Afrique du Sud lors de l’avant-dernière date FIFA et contre la RD Congo. Cela nous aurait permis de voir davantage les joueurs pour permettre à l’équipe d’avoir de nouvelles organisations. Pour ce match face au Bénin, nous sommes réalistes puisqu’il s’agira, dès le match aller, de faire le nécessaire pour pouvoir se qualifier au retour et cela se joue à quatre voire cinq jours d’intervalles alors que le temps de préparation est très court. Et c’est dans ce sens que le match amical contre le Mali nous a servi à faire des constats précieux qui vont nous servir à mettre en place une équipe qui tiendra la route à Cotonou pour l’aller.
« Banou Diawara était en manque de compétition, et il n’avait pas donné satisfaction »
Ne craignez-vous pas qu’une élimination face au Bénin soit celle de trop pour les Burkinabè ?
Je n’envisage pas du tout une élimination contre le Bénin tout en sachant que les Etalons ne sont pas au top, puisque c’est une équipe en reconstruction. C’est pour cela que j’ai été choisi à la place de mon prédécesseur mais, c’est aussi aux joueurs de prendre leurs responsabilités et de montrer qu’ils ne sont pas encore finis. Je crois que les joueurs actuellement présents, sont très motivés pour déjà montrer à l’aller, un visage solidaire, combatif, discipliné et au match retour devant notre public, quel que soit le score de l’aller, enfoncer le clou et se qualifier. Personnellement, je n’envisage que la qualification.
Pourquoi avoir appelé, dès votre arrivée, Banou Diawara et ne l’avoir plus fait, pour finalement le convoquer dans votre dernière liste?
Lors de notre premier match, il était sur la liste des 23 joueurs convoqués et je l’ai vu en stage pendant dix jours au Maroc. Banou Diawara était en manque de compétition, et il n’avait pas donné satisfaction. D’ailleurs, il avait fait un début de saison très délicat avec son club en mettant du temps à s’adapter. Maintenant qu’il commence à trouver ses marques, il est logiquement invité. Nous devrions aussi voir d’autres attaquants tels que Ahmed Touré qui était meilleur buteur au Ghana et des joueurs que sont Patrick Malo. Malheureusement, nous n’avons pas eu d’autres matchs pour tester bien d’autres joueurs. Ce qui fait que nous sommes obligés de suivre un peu ce qui se passe dans les clubs et c’est ainsi que nous avons convoqué Banou Diawara sur la liste de 26 joueurs dans la perspective de la double confrontation contre le Bénin. Banou revient parce qu’il a marqué des buts et son entraîneur, Dominique Bijotat, que je connais bien pour avoir joué avec lui, me donne des informations qui vont dans le bon sens. Mais, il y a encore deux matchs de championnat pour nos joueurs (NDLR : l’entretien a été réalisé avant le 29 novembre) où nous pourrons suivre l’état de forme des joueurs avant Cotonou. De façon générale, nous nous efforçons de prendre des garçons qui sont bons dans leur club, mais aussi par rapport à la qualité du championnat dans lequel ils évoluent. Ce qui nous manque n’est pas forcément un avant-centre mais des joueurs de couloir et ce n’est pas la spécialité de Banou Diawara. Ainsi, en l’absence de Jonathan Zongo blessé, je tenais à voir en amical d’autres alternatives dans les couloirs et comme il y avait également dautres joueurs indisponibles, nous avons invité le jeune Mikhaïlou Dramé qui n’est pas mal. Nous ne pouvons pas inviter cinquante joueurs qui, même s’ils sont présents, ne peuvent pas tous jouer. Il faut du temps et plusieurs matchs pour pouvoir faire un tri.
D’où sortez-vous ce joueur nommé Bakary Koné, évoluant à Dubaï aux Emirats arabes unis et qui figure sur votre liste pour affronter le Bénin ?
C’est un joueur que j’ai observé au WAC, club avec lequel il a été champion du Maroc. Je l’ai vu jouer et il va vite. Bakary Koné m’a plu et m’a dit qu’il est prêt à jouer pour le Burkina. Il est Ivoirien, né à Abidjan d’une mère burkinabè. Certes, il a joué avec l’équipe nationale des cadets de Côte d’Ivoire mais, le règlement nous permet de le faire changer de pays parce qu’il est prêt à jouer avec les Etalons. Nous avons donc saisi l’occasion pour faire la demande de passeport. De même, nous avons approché la FIFA pour son éligibilité avec le Burkina.
« Les joueurs doivent être disciplinés dans le respect de la convocation »
Quelle est votre réaction suite aux propos du président de la FBF qui a déclaré, à l’issue du match amical contre le Mali, qu’il est vraiment temps d’insuffler du sang neuf dans cette équipe ?
Nous sommes d’accord pour insuffler du sang neuf mais, il faut que ce sang neuf soit meilleur que l’ancien. Si ce dernier est meilleur que le neuf, cela ne sert à rien. Ou alors, nous nous donnons du temps et on ne demande pas tout de suite les résultats. C’est de la qualité dont il est question et pour voir la qualité des joueurs, il faut les voir jouer. Nous faisons des essais et c’est ce qui explique l’organisation des matchs amicaux. J’ai été choisi par rapport à un programme qui a été bien établi et dans celui-ci, il est bien marqué qu’il faut reconstruire l’équipe avec de jeunes joueurs et aussi se tourner vers les binationaux. Et sur ce dernier point, il y a des démarches administratives à faire et ce n’est pas moi qui pourrai le faire puisqu’il y a des services habilités. J’ai trouvé des joueurs que j’aimerais avoir avec nous, notamment Bakary Koné et aussi Blati Touré, joueur de Evian TG en France, qui est aussi ivoirien de père et burkinabè de mère et se dit prêt à jouer avec nous.
Que dites-vous des propos de joueurs tels que Jonathan Pitroïpa qui évoque le manque de professionnalisme des dirigeants du football burkinabè pendant que Aristide Bancé parle d’un manque de professionnalisme de certains de ses partenaires en équipe nationale ?
En Afrique, il est fréquent d’entendre les joueurs parler beaucoup et même critiquer. Ce sont de grands garçons et c’est leur droit. Jonathan Pitroïpa a fait une carrière internationale européenne splendide et maintenant, il est à Dubaï. Nous avons pensé qu’il est exemplaire dans son comportement. Il a le droit de dire ce qu’il pense. Aristide Bancé a aussi raison de dire qu’il faut que les joueurs arrivent à l’heure quand ils sont convoqués en équipe nationale. Lorsqu’on les convoque pour le lundi, il ne faut pas qu’ils arrivent le mercredi pour un match qui se joue vendredi et je redis la même chose. Pour le match face au Bénin qui doit se jouer le jeudi 12 novembre à Cotonou, la date FIFA commence le lundi 9 novembre puisque les joueurs ont un match le week-end avant et il faut que les joueurs arrivent à cette date FIFA, sauf quand il y a des déplacements qui ne permettent pas d’être là à la date indiquée. Ce n’est pas pour autant qu’il faut arriver le 11 novembre. Les joueurs doivent être disciplinés dans le respect de la convocation. Je crois que c’est une bonne initiative de s’adresser à ses coéquipiers pour leur rappeler certaines bonnes manières.
Ne pensez-vous pas que cette façon de s’exprimer des joueurs, fait un peu désordre et révèle un manque de discipline au sein de votre groupe ?
Nous menons ce combat et vous connaissez mes origines (NDLR : il est Français mais d’origine allemande) puisque je viens d’un pays où la discipline est de rigueur. Elle est en nous puisque éduqués ainsi et nous voudrions y arriver ici au Burkina. Ce n’est pas du jour au lendemain que nous allons parvenir à tout changer. J’ai l’impression qu’il y a un manque de rigueur et de discipline même sur le terrain et j’ai constaté cela au Gabon, au Niger et en Tunisie où je suis passé. Nous sommes en train de travailler pour améliorer cette situation.
Qu’est-ce que vous avez fait pour les rappeler à l’ordre afin de ramener plus de sérénité dans le groupe ?
J’ai appelé les joueurs et nous en avons parlé. Nous sommes en contact permanent avec les leaders du groupe avec en premier, le capitaine Charles Kaboré. Nous sommes tous sur la même longueur d’onde de même qu’avec Jonathan Pitroïpa qui sait maintenant que la balle est dans son camp et qu’il doit donner l’exemple en faisant preuve d’implication. C’est aussi pareil pour Aristide Bancé tout comme pour Bakary Koné qui est en difficulté dans son club mais, nous sommes à ses côtés par le biais de son directeur sportif, Bernard Lacombe, qui est un ami et qui va l’aider à se relancer. Avec les joueurs, de façon générale, nous sommes en contact permanent. Il y a récemment des joueurs qui étaient à Ouagadougou et j’ai pu voir Pierre Daïla qui était en partance pour le Gabon ou encore ceux qui sont entre deux clubs et dans l’attente de partir tels que Narcisse Bambara que j’ai rencontré à l’entraînement avec le RCK, de même que Paul Koulibaly avec Salitas.
Au regard des agissements des joueurs, il y a de quoi se demander si vous avez réellement une emprise sur le groupe.
Rires ! La maîtrise du groupe mais, j’ai été confronté à plus difficile ! C’est un groupe qui écoute mais qui avait pris de mauvaises habitudes et pour les changer, il faut un peu de temps voire des sanctions. Nous sommes maintenant à un stade où si les garçons ne comprennent pas l’exigence et la discipline, il va y avoir des sanctions. Le joueur peut ne pas être convoqué, ne plus jouer en sélection nationale tout comme être sanctionné financièrement. Cela n’est pas de mon domaine mais de celui de la fédération. Si je propose de sanctionner tel ou tel joueur, il faut que cela suive. Les joueurs ont leurs responsabilités et à eux de prouver qu’ils sont des professionnels, de vrais. Pas avec la langue, mais sur le terrain.
Quel commentaire faites-vous de l’élimination des Etalons locaux du CHAN (Championnat d’Afrique des nations) 2016 ?
J’ai vu une équipe qui nous était supérieure malgré les efforts louables et généreux de nos joueurs. C’est la meilleure équipe qui s’est qualifiée parce qu’elle avait les meilleurs joueurs. J’ai vu des extraits du match aller et suivi le retour. Nous aurions pu faire un bon CHAN. Malheureusement, notre équipe est éliminée. Nous aurions pu nous qualifier si le penalty avait été marqué parce que cela aurait changé la physionomie du match. Et ce n’est pas souvent la meilleure équipe qui se qualifie. Dans cette équipe, j’ai vu deux bons gardiens et un groupe solidaire. Au niveau des individualités, il n’y a pas un joueur qui surnage et qu’on peut espérer en équipe A. Il faut relever que j’avais suivi les Etalons U23 lors des jeux africains de Brazzaville et j’étais satisfait. C’était une équipe bien managée qui a réussi à battre le Nigeria. J’y ai remarqué des joueurs tels que le gardien Hervé Koffi Kouakou ou encore le joueur Emmanuel Gora que j’ai finalement laissés en raison des éliminatoires du CHAN. J’ai gardé le défenseur Ziem Somda pour le match amical contre le Mali. Pour ce dernier, il y a encore du travail pour mieux progresser. J’avais un lien avec cette équipe des U23 qui est Brama Traoré, ce que je n’avais pas avec les locaux.
Quels sont présentement vos rapports avec votre employeur, la FBF et le ministère des Sports et des Loisirs ?
Les rapports sont bons. Je suis écouté par les responsables qui réagissent bien face à ce que je demande mais il y a parfois des difficultés, comme par exemple lors des derniers évènements intervenus dans le pays, notamment lors du dernier match contre le Mali en amical en France. En effet, il y a eu des vols annulés parce que l’espace aérien était fermé et cela a causé des problèmes puisque les équipements n’ont pas pu arriver à destination. Nous avons dû nous débrouiller avec un club ami, en attendant l’arrivée des affaires de Ouaga. C’était un contexte particulier mais en plus, on constate que nous sommes dans un pays où il y a des priorités beaucoup plus importantes et nous essayons de comprendre en trouvant toujours des solutions. Tout est possible pour réussir puisque la fédération et le ministère sont sur la même longueur d’onde, chose que je n’ai pas toujours vue ailleurs et j’espère que ces deux parties vont aussi respecter leurs obligations.
« J’arrive dans un pays où il y a des joueurs qui sont devenus des stars depuis 2013 »
Comment trouvez-vous le peuple burkinabè par rapport aux pays africains où vous êtes passé ?
Je constate que ce sont des gens passionnés de football qui aiment bien parler avec moi des joueurs, des matchs, de l’équipe, de la tactique. Ils sont très ouverts, sympathiques, parce que j’ai été accueilli à mon arrivée avec le sourire. Dans la presse, il y a eu beaucoup de commentaires et j’y ai compris qu’on préférait un autre coach. Personnellement, je n’entre pas en conflit avec les médias parce que cela ne sert à rien. Chacun fait son travail. Je trouve que le Burkina, malgré ses difficultés, fait le maximum pour permettre à son équipe de se reconstruire pour repartir de l’avant. J’ai affaire à des dirigeants motivés, compétents, un ministre des Sports qui fait tout ce qu’il peut dans un contexte difficile comme pendant le putsch. Par deux fois, j’étais dans l’avion qui a dû faire demi-tour parce que l’espace aérien était fermé. Compte tenu de tout cela, il faut avoir un peu de patience pour permettre aux autorités, aux joueurs, à l’équipe et au staff d’avancer.
Quelle différence faites-vous entre les équipes que vous avez entraînées en Afrique et celle du Burkina ?
Au Gabon, nous avons eu une CAN 2012 réussie avec une belle équipe et l’avènement de grands joueurs dont certains ont des chances d’être élus joueur africain de l’année ; je veux parler notamment de Pierre Emerick Aubameyang. C’est un petit peu aussi le boulot d’un entraîneur de permettre à des joueurs d’éclore et d’aller dans de grands clubs. Ce que nous avons réussi à faire avec certains joueurs au Gabon. L’équipe a progressé pendant cette CAN 2012, pratiqué un beau football. Malheureusement, elle a été éliminée en quarts de finale sur un penalty raté par Aubameyang, face au Mali. Au sein de cette équipe gabonaise, j’avais un bon nombre de joueurs locaux. Au Niger, ce fut un travail un peu difficile sous une chaleur accablante, pour la reconstruction de l’équipe. Et je me suis mis à rechercher de nouveaux joueurs dans le championnat local. Quand le Burkina est venu jouer à Niamey dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2014, vous avez pu voir que nous avions une certaine qualité dans notre football et ce fut un petit miracle que le Burkina gagne à la fin, sur une faute de main de notre gardien Daouda Kassaly. Il y a eu ensuite un match où l’équipe du Mena a été extraordinaire face au Congo qui avait tout essayé. Tout ce qu’on peut imaginer pour gagner. Mais, grâce au football, à l’état d’esprit, nous avons réalisé une bonne partie, ce qui a d’ailleurs permis au Burkina de se qualifier pour les barrages de la Coupe du monde 2014. La différence avec le Burkina, c’est que j’arrive dans un pays où il y a des joueurs qui sont devenus des stars depuis 2013, de grands joueurs qui n’arrivent plus à faire des résultats et la preuve, c’est la dernière CAN. Donc, il faut un nouveau départ mais on ne me laisse pas le temps parce qu’on me demande tout de suite de me qualifier pour la CAN et la Coupe du monde. Mais, avec beaucoup d’ambitions et d’exigence, on assume tout en essayant de faire le mieux possible et en gardant la sérénité.
De votre carrière d’entraîneur, on retient surtout votre passage à Bordeaux avec des joueurs comme Zinedine Zidane, Bixente Lizarrazu, Christophe Dugarri
J’ai commencé ma carrière d’entraîneur en 1989 aux Girondins de Bordeaux avec le centre de formation et j’avais eu la chance de former un tout petit peu Christophe Dugari, Bixente Lizarrazu en 1996 et continué avec Zidane dans la post formation ; lui qui avait débuté sa formation à Cannes. C’était de grands joueurs et nous avons dominé des équipes comme le Milan AC et au-delà des frontières, on se demandait qui étaient ces joueurs. Ils ont fait de belles choses et avec l’équipe de France, ces joueurs ont remporté la Coupe du monde et l’Euro. Ces grands joueurs que j’ai eu la chance d’entraîner étaient simples, pratiquaient un jeu simple, n’avaient pas la grosse tête, ne se sont pas vu trop beaux et se sont toujours remis en question. Cela manque parfois au joueur africain qui, lorsqu’il a du succès, ne garde pas les pieds sur terre pour repartir et grimper une à une les marches de l’escalier qui doivent l’amener une fois de plus vers le haut. Pour cela, il faut une grande humilité.
Les Burkinabè veulent connaître les termes de votre contrat, surtout sur le plan financier
Mon contrat est de deux ans mais, si je ne qualifie pas le Burkina pour la CAN, il prend fin. Il y a une obligation de résultats tout en reconstruisant l’équipe. Sur le plan financier, je gagne moins que mon prédécesseur (NDLR : il s’agit du technicien belge, Paul Put). Je ne peux pas dévoiler la somme parce qu’il y a une clause confidentielle écrite dans le contrat. Je peux vous affirmer que l’argent n’était pas ma première motivation sinon, je serais allé ailleurs. Ce qui m’intéresse, c’est de faire un travail qui sert le pays, les joueurs, contre les résistances de gauche à droite, même si l’argent fait partie de notre job. Mais, je veux réussir cette mission avec le Burkina.
Qu’est-ce que vous auriez aimé dire que nous n’avons pas pu aborder ?
Il faut un soutien total à cette équipe en reconstruction qui se cherche encore un peu, manque de confiance, veut bien faire, mais n’est pas encore bien dans sa peau. Elle a été traumatisée à la dernière CAN. Donc, il faut un peu de temps et comme dans la vie, de la patience et de la solidarité pour permettre à cette équipe de repartir de l’avant.
Propos recueillis par Antoine BATTIONO