Présidentielle, Jour J – 19: qui veut gagner des millions?

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Publié le mardi 10 novembre 2015 | FasoZine

© Autre presse par DR
Le site web de la présidence du Faso à nouveau fonctionnel

Ça y est! La campagne est lancée avec force meetings, rassemblements et initiatives de toutes sortes. Les quatorze candidats en lice rivalisent d’ingéniosité pour conquérir l’électorat dans un esprit, espérons-le, de grande correction dans les propos. On ne le dira jamais assez, la période de la campagne, qui s’étend jusqu’au 27 novembre, s’annonce délicate et est d’ores et déjà cruciale pour le succès des opérations de vote du 29 novembre.

Gageons que les débats, courtois, prendront la hauteur des arguments forts. Et que, surtout, chaque candidat saura mériter, au long de la campagne et au-delà, sa place dans le Top’14 arrêté par le Conseil constitutionnel.

Car en effet, n’est pas candidat qui veut. Briguer la magistrature suprême de son pays, c’est d’abord témoigner d’un état d’esprit et d’un comportement à toute épreuve. Cette démarche est aussi, bien souvent, l’aboutissement d’un cheminement personnel et collectif, qui intègre à la fois des réalités de la vie politique, économique et socio-culturel de son pays. Du moins, il devrait en être ainsi pour conférer à ce marchepied vers le fauteuil présidentiel toute son essence de dignité et de solennité. Du reste, de plus en plus mûrs et émancipés, les peuples sont très regardants sur la personnalité de celui qui prétend conduire leur destinée.

Et savent désormais, mieux que par le passé, faire fi des messages exclusivement propagandistes et démagogiques, décelant les discours purement intéressés. Cela est d’autant plus vrai dans le contexte du Burkina post-insurrection où chacun proclame et souhaite bien que «plus rien ne sera comme avant». Un slogan élégant, qu’il reste à mettre résolument en pratique!

En tout état de cause, être candidat à l’élection présidentielle, c’est aussi une affaire de millions. Des millions de francs (CFA pour ce qui nous concerne) que l’on mise sans être sûr de les retrouver. La performance minimale de 10% des voix à recueillir pour se faire rembourser de sa caution est en effet difficilement tenable par nombre de prétendants au trône (article 127, alinéa 2 du Code électoral, Ndlr). Au Burkina Faso, la caution a été fixée, cette année, à 25 millions de francs CFA. Au bout, un seul des quatorze candidats se verra installé sur le fauteuil présidentiel.

Quant aux autres, seuls leurs scores leur permettront de recouvrer leur mise. Autant dire que nombre d’entre eux devront vraisemblablement faire le deuil de cet argent sans lequel ils n’auraient pas été éligibles à la compétition. Comme quoi, même si d’un certain point de vue l’on considère que certains s’engagent en politique pour s’en mettre plein les poches, la course au pouvoir n’est pas — ne devrait pas être — la voie royale pour gagner des millions. On prendrait moins de risque en se rendant sur le plateau de Jean-Pierre Foucault, non? Encore que là aussi, la danse des millions peut n’être qu’un miroir aux alouettes!

Les quatorze candidats à l’élection présidentielle du 29 novembre 2015 au Burkina Faso peuvent toutefois se consoler. L’Etat leur a octroyé une subvention de… 25 millions de francs CFA pour accompagner leurs activités de campagne. En somme, la balance s’équilibre entre la caution déposée et cet apport étatique.

Au moins, et même si tout le monde s’accorde à dire qu’il n’y pas assez de 25 millions de francs CFA pour battre campagne, notamment pour une élection présidentielle, les perdants n’auront plus à pleurer trop fort leur caution non remboursable.

Comparaison n’étant pas raison et loin, ici, du débat sur le caractère élevé ou non de cette caution au «pays des Hommes intègres», notons tout de même, à titre d’exemples, qu’elle est de 10 millions de francs CFA au Mali, 15 millions de francs CFA au Bénin, 20 millions de francs CFA en Côte d’Ivoire, 30 millions de francs CFA au Cameroun et 65 millions de francs CFA en Guinée et au Sénégal.

A vos millions, prêts, partez…

SMT