Il se tient, du 14 au 15 mai 2013, à Bruxelles en Belgique, une conférence internationale de haut niveau pour le soutien et le développement du Mali. Deuxième du genre après celle tenue à Addis Abéba en Ethiopie et qui avait permis de mobiliser la somme de 500 millions de dollars, la présente est une initiative de la France qui appelle de tous ses vœux à une grande implication de l’Union européenne.
Autant le dire, c’est le destin d’un pays africain qui se joue hors des frontières du continent. Une situation qui met à suffisance en lumière l’inertie ou les limites des dirigeants africains, y compris les organismes qu’ils ont mis en place soi-disant pour prévenir ou régler les conflits. Il s’agit, pour ne pas les nommer, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine (UA). Ces deux institutions, on l’a vu, ont montré leurs incapacités à faire face à une situation de crise. Et le cas malien est l’exemple le plus édifiant puisqu’il a fallu compter sur la prompte réaction de la France et la magnanimité du président tchadien Idriss Déby pour que tout le giron ouest-africain ne devienne pas un « talibanland ». Et aujourd’hui encore, c’est la même France qui prend les devants en initiant une rencontre de donateurs en vue de mobiliser des fonds pour préparer et soutenir la transition politique et la réconciliation nationale avec l’organisation des élections courant juillet 2013.
On ne le dira jamais assez, la France a beau avoir des intérêts en s’impliquant dans le dossier malien, il faut tout de même avoir la sagesse de reconnaître que le retour à la stabilité au Mali profite d’abord et avant tout aux Maliens et aux Africains en général. Il faudra donc qu’on arrête parfois de lui faire un faux procès en l’accusant à tout bout de champ de s’ingérer dans les affaires internes des autres pays, notamment ses anciennes colonies. Car, il est une loi de la nature qui veut que celui qui achète la guitare impose la musique qu’il veut écouter. Encore que dans le cas d’espèce, la France, en tout cas, jusque-là, ne s’est pas prononcée en faveur d’un quelconque candidat au Mali. La France a bon dos, est-on tenté de dire. On apprécie ses actions selon qu’elles profitent ou non aux régimes en place. On l’a vu en Côte d’Ivoire avec l’ex-président Gbagbo qui n’avait de cesse de vouer aux gémonies son homologue français Nicolas Sarkozy. Et le cas emblématique le plus récent est celui du président déchu de la Centrafrique, François Bozizé, qui, coincé jusqu’à l’étroit, avait lancé un appel du pied au président Hollande pour qu’il vole à son secours. Et on oublie volontiers la forte clameur du président Dioncounda Traoré lorsque la France avait annoncé le retrait de ses troupes du Nord-Mali dès la fin mars. A l’analyse, on a la fâcheuse impression que les Africains veulent parfois d’une chose et son contraire. Ils ressemblent, à des gamins qui passent le temps à s’amuser et qui, quand ils se blessent, s’empressent d’appeler la France au secours. Le hic, c’est qu’une fois sortis du pétrin, ils la paient en monnaie en singe, en la traitant de tous les noms d’oiseau. De toute évidence, il faudra qu’à l’issue de la rencontre de Bruxelles, les Africains, dans un sursaut d’orgueil collectif, acceptent de délier le cordon de la bourse pour ne pas rester à la traîne dans le processus de restauration de la paix au Mali. Car, comme le dit l’adage, si on te lave le dos, il faut savoir te laver le ventre. Mais sans préjuger de rien, on peut, d’office, avouer que la contribution de l’Afrique sera dérisoire si l’on sait que bien des Etats du continent ont déjà du mal à payer leurs cotisations au sein de certaines institutions régionales dont ils sont membres. Beaucoup d’entre eux parieront encore sur la générosité légendaire des Occidentaux pour espérer sortir le Mali de l’apoplexie politique dans laquelle il se trouve actuellement. D’ailleurs, l’idéal aurait voulu que la présente rencontre, comme la précédente, se tînt en terre africaine sous l’égide de l’UA ou de la CEDEAO ; mais l’inactivisme et la nonchalance de nos dirigeants ont fini par pousser les Occidentaux à prendre leurs responsabilités. Et ce n’est pas une première. Très récemment encore, c’était à Londres, en Grande Bretagne, qu’avait eu lieu une rencontre de haut niveau sur le Kenya. Pauvre Afrique ! A quand la souveraineté ?