Le jeune caporal, Abdoul Aziz Nikiéma, en plus de consolider son acquis sur le maillot Castel Beer des points chauds, a mis toute la ville de Sya à ses pieds en remportant au bout du suspense l’étape Pâ-Bobo, longue de 134 km. Il permet au Burkina Faso de remporter sa deuxième victoire après celle de Salifou Yarbanga à Koudougou.
On vous l’avait promis que ça allait rouler très vite entre Pâ et Bobo ; non pas parce que les coureurs ont été bien inspirés et se sont bien reposés après avoir passé la nuit à dormir dans des bivouacs, mais tout simplement parce que la piste était un vrai régal pour les rouleurs. Le revêtement de la chaussée est jusque-là, le meilleur depuis le début du Tour. Et le peloton de cette édition de la Transition du Tour du Faso n’allait pas lever le pied sur ce bitume aux allures de tapis roulant. Déjà avant même que l’on ne donne le départ réel, à Pâ à 8h 37mn, des forçats brûlaient d’envie de se lancer à l’assaut de Bobo.
Et comme la piste était agréable à rouler, personne ne voulait se laisser distancer. Par contre, les amoureux des points chauds voulaient se mettre en exergue. Et à l'entrée de Houndé au km 23, il y avait un léger écart entre un groupe de trois coureurs et le reste du peloton. Mais la jonction s’est vite faite car l'allure était très soutenue. D’ailleurs, au pointage du sprint intermédiaire de la capitale du Tuy au km 29,4, la vitesse moyenne était de 45,777 km/h. Là-bas, c'est Aziz Nikiéma qui consolide son maillot des points chauds en franchissant le premier la ligne. La cadence n’a plus baissé jusqu’à l’heure de la course. Tantôt, ça descendait en toute vitesse, tantôt ça pédalait fort sur les faux-plats. Il était donc difficile pour les animateurs de la course de tenter des échappées. Et à chaque fois qu’il y en avait, elles ne dépassaient pas 15 secondes et n'excédaient pas 5 minutes de course.
Apparemment, une arrivée groupée n’arrangeait pas les ténors. C’est sans doute la raison pour laquelle au km 74, un groupe de six coureurs s’extirpe du lot. Trois autres ne tarderont pas à les rejoindre. Ils font la course à l’avant jusqu’à l’entrée de Bobo avec un écart considérable de 2 mn 30 s. Il y avait deux Burkinabè (Aziz et Rasmané) un Marocain, un Ivoirien, deux Suisses, un Algérien et deux Erythréens. A 5 km de la ligne, les Suisses et les Algériens ont mis une croix sur la victoire d’étape en ralentissant. Il restait donc six gaillards pour le show final. L’on se demandait bien quelle pouvait être la chance des Etalons dans un sprint. C’était sans compter sur le jeune soldat Aziz Nikiéma. «A 500 m de l’arrivée, les Erythéens ont lancé le sprint. J’ai pris leurs roues. Le Marocain m’a aussitôt suivi. Je voulais laisser Rasmané partir car il est sprinteur et moi, un rouleur. Mais j’ai vu qu’il était cuit. Alors je me suis donné à fond et à 10 m de la ligne, l’Erythréen était à bout de souffle. J’ai placé une dernière accélération et j’ai gagné », a résumé le vainqueur du jour. C’est d’ailleurs d’un cheveu qu’il a pu battre son poursuivant.
Tout Bobo était en transe. Le vainqueur de l’étape dédie sa victoire à l’empereur des Mossé. «Sa Majesté m’a appelé ce matin et je lui ai promis la victoire d’étape, il m’a béni et je suis fier d’avoir réalisé cet exploit». Le caporal a mis 2h 58mn 59s pour parcourir les 134 km soit une vitesse de 44,920 km/h. La meilleure depuis le début de la course. Le Marocain Mouhssine Lahsaini est toujours en maillot jaune. Et son compatriote Abdelati Saadoune a récupéré la tunique verte des points à l’Erythréen Habtom Michael.
Ce jeudi 5 novembre 2015, la caravane va s’attaquer à la 7e étape, Bobo-Banfora, longue de 84,5 km. C’est d’ailleurs la plus courte distance de ce 28e Tour.
Sur la route du Tour,
Kader Traoré