Face à la presse, le mardi 3 novembre 2015 à Ouagadougou, les ministres en charge de l’action sociale, Angéline Zan et celui en charge de la fonction publique, Pr Augustin Loada, se sont prononcés sur les dossiers brûlants de leurs départements respectifs.
«Les blessés n’ont pas été oubliés, nous tenons très fort à eux », a affirmé la ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Nicole Angéline Zan, pour taire les allégations faisant cas de l’abandon des blessés et des victimes de l’insurrection populaire et du putsch manqué, à leur triste sort par l’exécutif. C’était à l’occasion du traditionnel rendez-vous du gouvernement avec les journalistes, le mardi 3 novembre 2015 à Ouagadougou. La ministre Zan y a présenté la situation des victimes de ces événements et dressé le bilan des interventions de l’Etat en leur faveur. Elle a rappelé que l’insurrection d’octobre 2014 a occasionné 31 décès, 600 blessés, 357 victimes collatérales composées pour l’essentiel des ex-travailleurs de personnes à charge, 1 veuf et 17 veuves avec 55 orphelins et plus de 500 enfants vulnérables. A ceux-là s’ajoutent les victimes du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 qui a fait 14 décès, 127 blessés, 1 veuf, 3 veuves avec 13 orphelins et plus de 60 personnes à charge. Le gouvernement de la Transition a, dans un élan de solidarité, apporté un soutien aux familles endeuillées, aux blessés et aux victimes collatérales, et ce, à travers les actions au plan de la prise en charge psychosociale, scolaire et de la formation professionnelle, alimentaire et d’appui aux activités génératrices de revenus, a-t-elle indiqué. A ce titre, la ministre a fait savoir que des membres de l’exécutif ont rendu visite à toutes les familles des personnes décédées en apportant une enveloppe de 200 000 F CFA à chaque famille meurtrie, lors de l’insurrection et de 620 000 F CFA à chacune des familles endeuillées par le putsch. Au compte de l’année scolaire 2014-2015, 18 enfants vulnérables des ex-travailleurs ont été scolarisés à hauteur de 682 250 F CFA (17 enfants des travailleurs de Joly Hôtel à hauteur de 507 250 F CFA et un enfant d’un travailleur de Tan Aliz à 175 000 F CFA). Pour ce qui est de l’année scolaire 2015-2016, 420 enfants ont bénéficié d’un appui financier de 31 500 000 F CFA, soit 75 000 F CFA par enfant pour leur scolarisation. « Des besoins supplémentaires exprimés pour 18 975 000 F CFA sont en cours de paiement depuis le 30 octobre 2015 », a laissé entendre la ministre en charge de l’action sociale. 12 autres orphelins et enfants vulnérables devront être pris en charge à raison de 300 000 F CFA chacun. Au plan alimentaire, le gouvernement selon ses dires, à travers le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) a apporté des vivres pour une période allant de 6 à 12 mois, des coûts financiers estimés à 51 089 650 F FCA pour les victimes de l’insurrection d’octobre 2014 et à 3 694 500 F CFA pour celles du coup d’Etat manqué. En appui aux activités génératrices de revenus, 13 800 000 F CFA sont disponibles au profit de 92 bénéficiaires, soit 150 000 F CFA par promoteur. A cet effet, 54 dossiers ont été reçus et 31 remplissant les conditions sont en cours de paiement. Au total et de façon provisoire, la ministre Angéline Nicole Zan a révélé que l’enveloppe financière mobilisée pour soutenir les victimes de l’insurrection est estimée à plus de 90 000 000 F CFA et celle pour les victimes du putsch manqué à 10 857 000 F CFA.
D’autres concours concernés par la fraude
Quant au ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, Pr Augustin Loada, il a déclaré que dès sa nomination, il avait pour souci d’organiser les concours dans le respect des principes d’équité et de transparence. Pour ce faire, il a travaillé à déceler toutes les imperfections de l’ancien système d’organisation des concours en responsabilisant les acteurs. Faisant cas des fraudes enregistrées, le ministre Loada a été, on ne peut plus clair : « lorsque la prévention échoue, il faut sévir, mettre fin à l’impunité, décourager les fraudeurs et dévoiler leurs stratégies ». Suite au délibéré du procès des fraudes au concours, intervenu le 23 octobre dernier, le conseil des ministres a instruit le ministère de la Fonction publique « d’annuler les concours incriminés par la fraude, de publier les résultats des autres concours et de poursuivre les investigations ». Par conséquence, 9 concours ont été annulés et seront repris. Aucune date n’a été communiquée. Le Pr Loada a exprimé son scepticisme quant à cette éventualité avant la fin de la Transition. En réaction à la décision de justice, il a fait savoir qu’en plus des sanctions judiciaires susceptibles d’appel, des sanctions administratives seront également prises, notamment portant suspension pour 5 ans des condamnés. L’Etat burkinabè réclamera des dommages et intérêts pour le préjudice subi. Par ailleurs, il a annoncé que d’autres concours seraient concernés par d’autres cas de fraudes et que des enquêtes sont en cours. « Nous avons décidé de poursuivre les investigations en vue de ratisser le plus largement possible, à partir d’un faisceau d’indicateurs, sur lesquels, je ne voudrais pas me prononcer pour le moment, puisque la police travaille ». Et d’ajouter que les autres concours qui ne sont pas touchés par les fraudes et les investigations sont déjà publiés et ou en cours de publication. Le ministre Augustin Loada a recommandé au futur gouvernement issu des élections de repenser l’organisation des concours de la fonction publique.
Djakaridia SIRIBIE