DAKAR -- L'éradication de la pauvreté et la mobilisation de ressources financières sont les principaux défis à relever en Afrique francophone, ont estimé, vendredi à Dakar, des experts participant à une conférence internationale sur les finances publiques.
"Près de 60% de la population en Afrique francophone sont âgés entre 15 et 24 ans et plus de la moitié sont touchés par le chômage et le sous-emploi ou sont inactifs", a relevé le coordonnateur régional de la gestion financière de la Banque africaine de développement (BAD), Alain Nna Ebono.
"Il faut investir dans les emplois de qualité et encourager l'entreprenariat parce que le premier défi de l'Afrique francophone reste l'éradication de la pauvreté", a-t-il estimé.
"Les populations ne ressentent pas les effets de la croissance, il y a un manque criard d'infrastructures de base pour l'éducation, la santé, le logement, etc. et une augmentation des inégalités", a-t-il souligné.
"Pour un développement rural et une croissance inclusive, il faudra construire des routes afin de désenclaver les localités et permettre l'accès à l'eau, aux technologies, à l'énergie, etc.", a-t-il ajouté.
Aussi, a-t-il considéré, "il y a un paradoxe africain parce que le continent regorge de ressources en énergies renouvelables mais elles ne sont pas exploitées".
"L'énergie est le moteur du développement. Il faut exploiter ces ressources pour créer les conditions d'une industrialisation du continent et lutter contre la pauvreté", a-t-il estimé.
De son côté, la coordonnatrice du pôle Stratégies de développement et finances publiques au Programme des Nations unies pour le développement en France, Laurence Jacquet, a soutenu que "la mobilisation des ressources financières et la mise en oeuvre des stratégies de développement constituent un défi pour l'Afrique francophone".
"Le niveau des recettes publiques est faible dans la région francophone et tout dépend de la capacité des Etats à mobiliser des ressource publiques", a-t-elle noté, avant d'affirmer qu'"il y a un problème d'efficacité des investissements publics et un problème de planification, d'exécution et de contrôle des marchés publics".
"Il est nécessaire d'avoir des politiques efficaces et un système de finances publiques qui peut assurer un contrôle et une lisibilité de l'information budgétaire", a-t-il poursuivi.
"L'Afrique ne participe qu'à 2% du commerce mondial et son poids dans le Produit intérieur brut (PIB) mondial est modeste", a-t-elle aussi souligné avant de considérer qu'"environ 50% des Africains sont pauvres parce que la croissance n'est pas inclusive en Afrique".
La vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, a pour sa part, estimé que "la disponibilité de l'information financière est également un défi majeur en Afrique francophone".
"Ces informations assurent la transparence dans la gestion des ressources publiques, permettent de mesurer les performances économique et d'améliorer l'image des Etats dans les différents indicateurs de développement comme Doing business, Mo Ibrahim, etc."
Elle est d'avis que "la question du système des informations budgétaires est aussi un défi parce que si ce système n'existe pas dans un Etat, les comptes publics ne peuvent pas être contrôlés".
Aussi, a-t-elle ajouté, "dans les pays francophones, il y a souvent, en même temps, une Cour des comptes, une Chambre des comptes ou une structure similaire contrairement aux pays anglophones où il y a, en général, un auditeur général."
"Cette multitude d'institutions peut entraver l'efficacité du contrôle de la gestion des finances publiques", a-t-elle conclu.