Ce jeudi 29 octobre 2015, l’association SOS pénitencier a regroupé les acteurs de la chaîne pénitentiaire et de l’administration électorale à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco). Objectif, préparer le terrain pour permettre aux détenus de participer aux élections couplées –présidentielle et législatives- du 29 novembre prochain au Burkina Faso.
Au 15 août 2015, 1 187 détenus possédaient leurs cartes d’électeurs, selon un décompte effectué par l’association. Depuis cette date, ces chiffres sont certainement à revoir à la hausse. Pour leur permettre d’accomplir leur devoir civique lors des législatives et de la présidentielle du 29 novembre prochain, le présent atelier est organisé.
« Cette activité vient mettre le doigt sur un problème. Tout le monde a des droits garantis dans la Constitution. Les détenus aussi ont des droits, sauf celui d’aller et de venir. L’atelier va permettre de faire connaitre les droits des détenus, voir les contraintes et réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour garantir ces droits », a dit Pascal Bamouni, directeur de la Politique criminelle et du Sceau, représentant la ministre de la Justice.
« Culture citoyenne et démocratique post-insurrectionnelle et cohésion sociale au sein des prisons ; quel engagement ? », tel le thème de la rencontre. Il s’agit de garantir l’exercice effectif du droit de vote des détenus lors de la prochaine échéance électorale et le respect de leurs droits politiques.
Pour le vice-président de l’association SOS pénitencier, Yeda Drabo, le détenu à le droit de vote et ne peut le perdre que si une peine complémentaire lui est infligée. « Nous avons constaté, affirme t-il, qu’une grande partie de nos citoyens dans le établissements pénitentiaires ne peuvent pas voter. C’est une déperdition d’électeurs. C’est pour cela que nous voulons attirer l’attention de l’ensemble de nos autorités sur ce droit de vote. Il faut aussi que les détenus sachent qu’ils peuvent voter. Il suffit seulement d’adapter le cadre ».
A l’en croire, si les détenus n’ont jamais exercé ce droit de vote dans l’histoire du Burkina Faso, c’est parce que son application peut poser un certain nombres de difficultés. « L’enceinte d’une prison c’est une enceinte de sécurité dont l’accès n’est pas autorisé à tout le monde à tout moment, souligne t-il. Pour faire voter les détenus, il faut donc forcement un bureau de vote dans la prison. Ce bureau doit être sécurisé pour que tous les acteurs politiques ne croient pas que ce vote peut être dévoyé ».
L’atelier a été initié par SOS pénitencier, de concert avec la Commission électorale nationale indépendante, le ministère de la Justice et le PNUD. Durant les travaux, trois communications seront présentées par des spécialistes de la gestion du milieu carcéral et des questions pénitentiaires. SOS pénitencier espère que les débats qui suivront achèveront de convaincre tous les acteurs de la chaîne pénitentiaire et électorale que le vote des détenus est bien réalisable.
« Nous, nous disons que le 29 novembre, les détenus peuvent voter. Nous ne disons pas qu’ils vont voter. Il faut voir l’organisation pratique, ce qui n’est pas de notre ressort. Nous levons le lièvre et il faut voir avec les principaux acteurs des opérations électorales comment il faut procéder », martèle M. Zerbo.
Association pour la protection et la défense des droits humains au sein des prisons créée le 16 novembre 2006, SOS pénitencier regroupe des bénévoles qui accompagnent l’administration judiciaire dans la quête de la paix, de la tranquillité, de la sureté et de la sécurité pour une justice sociale. Elle couvre les 25 maisons d’arrêt du Burkina Faso.
DTS