Le président nigérian, Muhammadu Buhari, va-t-il respecter le délai de fin décembre 2015 qu’il s’était fixé pour en finir avec la secte islamiste Boko Haram ? Difficile de répondre pour l’instant à cette question, mais des lueurs d’espoirs se dessinent. En effet, le 28 octobre 2015, à la suite d’une opération des forces armées nigérianes, 338 personnes qui étaient retenues en captivité dans plusieurs localités du Nord du pays, ont été libérées. Ceux qui reviennent ainsi des geôles de Boko Haram sont composés de 138 femmes et 192 enfants. Sacré Buhari ; il s’illustre positivement là où son prédécesseur, Goodluck Jonathan, a lamentablement échoué. Et ce n’est pas tout : l’armée dit avoir éliminé une trentaine de djihadistes et saisi un important lot de matériel militaire qui était caché quelque part dans la forêt de Sambisa. Cette importante victoire militaire sera-t-elle un tournant dans la guerre contre les fous d’Allah du Nord Nigeria ? Une chose est en tout cas certaine : l’armée nigériane vient de frapper un coup. A la fois militaire et psychologique. D’abord, sur le plan militaire, l’on a la preuve que Boko Haram n’est pas aussi « invincible » que la secte voudrait le laisser croire.
L’opération réussie du 28 octobre redonne espoir à tout un peuple
Ensuite, sur le plan psychologique, ce revers militaire infligé à l’organisation islamiste, pourrait refroidir les ardeurs et l’activisme des hommes de Shekau. Et ragaillardir par là-même, une armée nigériane et son premier commandeur en chef, le président Buhari, qui ploient sous le fardeau de critiques somme toute légitimes des populations. Pour remonter le moral de ses hommes, le chef d’état-major de l’armée nigériane, le général Tukur Burataï, vient de décorer 2900 soldats pour leur engagement dans la lutte contre Boko Haram. Tout laisse croire que le président Buhari est sorti de sa torpeur. Les prochaines étapes pourraient être marquées par une action d’envergure dans la forêt de Sambisa, tanière du groupe islamiste. En plus de galvaniser l’armée, l’opération réussie du 28 octobre frappe l’imaginaire collectif nigérian, remonte le moral et redonne espoir à tout un peuple qui semblait gagné par le découragement. Pour les 138 femmes et 192 enfants, c’est la résurrection après une longue et douloureuse descente dans la géhenne islamiste. Que dire alors des filles de Chibok enlevées depuis plus d’une année et dont on cherche vainement les traces ? Font-elles partie des personnes libérées ? On en saura certainement davantage dans les temps à venir. En attendant, on peut déjà se réjouir de ces derniers développements au Nigeria. Le général Buhari a enfin fait parler la poudre. Et tout le mal qu’on puisse lui souhaiter, c’est qu’il parvienne à éradiquer cette vermine qui n’a pas sa place dans ce monde du 21e siècle.
Michel NANA