Cela fait plus de deux ans que quatre Français ont été pris dans les filets d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), cette araignée vénimeuse qui, depuis peu, tisse sereinement sa toile à travers la bande sahélo-saharienne. Et depuis lors, les familles des victimes retiennent leur souffle, espérant qu’un jour, les leurs retrouveront la liberté. Mais en attendant, les membres de la nébuleuse entendent faire de ces otages un bouclier humain, surtout qu’il est de plus en plus question d’intervention militaire au Nord-Mali ; laquelle intervention militaire, si elle doit avoir lieu, bénéficiera en principe de l’appui logistique de la France. Sans doute que c’est dans l’optique de couper l’herbe sous les pieds des autorités françaises qu’AQMI, on s’en souvient, qui avait annoncé, il y a à peine une semaine sa disponibilité à dialoguer, commence à monter les enchères. En effet, dans un message diffusé le 19 septembre dernier, la nébuleuse reproche au gouvernement français d’avoir eu « l’outrecuidance d’appeler à envahir le pays des musulmans maliens », affirmant qu’une telle « initiative folle n’aura pas seulement pour conséquence la mort des otages, mais noiera la France tout entière dans les marécages de l’Azawad. Ce qui aura pour conséquence, pour elle et pour son peuple, davantage de malheurs et de drames (sic) ».
Voilà qui est bien clair. AQMI défie la France si elle ne la met pas dans l’embarras, d’autant plus que ce message qui tombe comme un sermon, a été adressé aux familles des quatre otages qui veillent d’ailleurs au grain. Au fait, AQMI cherche moins à pousser la France à cracher au bassinet qu’à renoncer à toute décision d’appuyer logistiquement la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui menace d’envoyer des troupes pour libérer le Nord-Mali. Consciente de la force de l’opinion publique en Occident, AQMI use de stratagèmes pour mettre en conflit les autorités françaises et les familles des otages qui estiment d’ailleurs que leurs proches ont assez souffert le martyre. Quel sale pétrin que celui dans lequel se trouve actuellement le nouveau président français, François Hollande, que les islamistes accusent d’avoir fermé la porte aux négociations, mettant ainsi en péril la vie des otages ! C’est une guerre psychologique qu’AQMI livre à la France.
Peut-être cela paiera-t-il. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’aussi longtemps que durera la crise malienne, la vie des quatre otages qui font objet de chantage de tout genre, sera hors de tout danger. Car AQMI, elle-même, n’a pas intérêt à les exécuter d’autant plus qu’elle s’en sert comme d’un bouclier humain. Alors, que faire ? Faut-il sacrifier la vie des otages en intervenant militairement ou faut-il laisser AQMI asseoir ses tentacules dans toute la sous-région ? That is the question.