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Mise en place d’un Sénat au Burkina: Evitons les “prodadas” d’une démocratie au rabais
Publié le lundi 13 mai 2013   |  L’Hebdomadaire


Le
© aOuaga.com par AO
Le premier ministre Luc Tiao face à l`assemblée Nationale
jeudi 4 avril 2013. Ouaga.


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La construction de la démocratie, selon le président Blaise Compaoré, est une œuvre de longue haleine pour voir s’enraciner durablement dans la société, les valeurs de citoyenneté responsable. Cette œuvre de longue haleine est comparable à un long voyage à travers le temps avec des étapes dictées par les circonstances de l’histoire et de la géographie.

Il y a donc toujours eu et il y aura toujours dans l’ossature institutionnelle des Etats, des spécificités nationales dues au temps et à l’espace. L’Afrique dans sa quête d’institutions démocratiques fortes ne peut pas faire fi de cette donne. Il est nécessaire que nos Etats sachent à la fois innover, mais aussi s’inspirer des exemples d’autres Etats pour se doter d’institutions à l’aune de nos réalités sociopolitiques. Le Burkina ne fait pas exception à la règle.

Entre 1960 et 1991, en  trois Républiques et six pouvoirs militaires, le pays a expérimenté, pas toujours à l’avantage des libertés démocratiques et des droits humains, des régimes politiques qui ont peu ou prou impacté les fondements de l’actuel quatrième République.

De fait, du référendum du 02 juin 1991, aux dernières élections législatives et municipales, la vie politique du Burkina a été marquée par l’ouverture démocratique, l’organisation régulière de consultations électorales, le formatage républicain des institutions.

«  C’est bon mais ce n’est pas arrivé  », comme cela se dit communément. Il faut aller plus loin, franchir d’autres étapes dans l’enracinement de la démocratie.

Dans cette perspective, en point de mire, une plus grande participation des citoyens aux prises de décisions dans la gestion des affaires publiques. Les réformes institutionnelles pensées dès 2009 procèdent de ce leitmotiv en même temps qu’elles ambitionnent un rééquilibrage des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

L’augmentation du nombre des députés, le vote de confiance ou d’investiture du Premier ministre par les parlementaires et la création d’un Sénat sont, entre autres, les initiatives fortes, objet de décisions consensuelles lors des assises du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) pour parvenir à ce rééquilibrage souhaité des pouvoirs républicains.

Dans cette vision, le Sénat « est une technique institutionnelle, une stratégie politique qui peut permettre de tenir compte des différentes sensibilités du pays, de tempérer un pouvoir centralisateur, d’assurer la représentativité des collectivités  », dixit le député Mahama Sawadogo.

En cela, la création de cette deuxième chambre du Parlement n’est pas mauvaise en soi. Bien au contraire. C’est un supplément de représentativité qui sera conféré au Parlement.

Un plus dans le lissage des lois pour en extirper les scories partisanes car, c’est connu, l’une des tares du monocaméralisme, c’est l’existence de clivages politiciens qui peuvent édulcorer le rôle du Parlement, enfermé dans des positions de tranchée entre majorité et opposition.

Le Sénat à vocation de modérateur de ces extrêmes du fait de la qualité et des origines socioprofessionnelles des sénateurs. Attendons donc de le voir à l’œuvre avant de la vouer à la géhenne du superfétatoire.

Mais « la dernière chose qu’un parti abandonne, c’est sa langue », nous enseigne le philosophe André de Tocqueville. Sinon, Monsieur Diabré, le chef de fille de l’opposition et ses coreligionnaires anti-sénat savent très bien que les arguments de budget et de légitimité qu’ils opposent à la création d’une deuxième chambre du Parlement sont des rengaines qui n’ont pas prospéré aux assises du CCRP.

Les ressortir maintenant après le consensus obtenu à ce niveau, c’est manquer de galanterie politique pour reconnaître avoir été « battu », préférant foncer tête baissée dans le lieu commun des a priori du genre  : ça coûte cher, c’est inutile, bref, c’est mauvais parce que ça vient du pouvoir.

Au demeurant, sur cette question du Sénat, nos politiques devraient avoir plus de hauteur d’esprit pour ne pas apporter de l’eau au moulin des afro pessimistes qui soutiennent que la démocratie est un luxe pour le continent. Oui, les élections, le fonctionnement des institutions et des services rattachés ont un coût. Il faut accepter le payer si l’on veut un Etat moderne, démocratique, non sclérosé dans l’élitisme.

Et s’il faut dimensionner les institutions du Burkina au regard de ses réalités économiques, évitons les jérémiades misérabilistes, ces plaidoyers contre productifs, “prodadas” d’une démocratie au rabais pour cause de pauvreté.

L’homme ne vit pas seulement de pain. Le bonheur des peuples ne se construit pas non plus que sur leurs acquis sociaux mais également de tout progrès dans le système de gouvernance politique qui leur assure la liberté et la participation aux prises de décisions qui les concernent. En cela, le Sénat est appelé à être un supplément démocratique pour une république plus citoyenne.

L’hebdo du Burkina

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