Les manifestations spontanées deviennent la règle. La semaine dernière, les élèves ont pris la rue sans crier gare, indiquant qu’ils l’ont fait pour soutenir leurs enseignants. Le seul point positif, c’est qu’il n’y a pas eu de casse ou de destruction de biens publics. Ce qui n’a malheureusement pas été le cas le jour où le macadam a pris feu parce qu’une conductrice indélicate a brûlé un feu tricolore.
Plus de respect pour les forces de l’ordre
Les forces de l’ordre n’ont plus le respect d’antan. Il n’est plus rare de voir des Ouagalais injurier des policiers ou refuser d’obtempérer à leur appel à l’ordre. En cas de trouble manifeste à l’ordre public, les forces de l’ordre sont contraintes de négocier avec les manifestants.
La justice de la rue et la justice individuelle
La Justice n’est de plus en plus que l’ombre d’elle-même, dédaignée et délaissée par des justiciables qui n’ont plus confiance en elle. Le 1er-Mai de cette année, les travailleurs qui arpentaient les rues de Ouaga ont crié « magistrats corrompus à bas » lorsqu’ils sont passés devant le Palais de justice de la ville. Ils traduisent l’idée que la plupart des Burkinabè se font de cette institution. Une idée qui nourrit l’appétit de la justice personnelle. Voilà pourquoi les voleurs sont lynchés (parfois de façon inhumaine) et les fautifs aux yeux de la morale populaire sont soumis à la vindicte populaire.
Les coupables?
Dans cette situation d’incivisme croissant, les dirigeants portent une grande part de responsabilité. Eux qui, par leurs actes, leurs comportements ont constitué les engrais de ces herbes vénéneuses. Ils véhiculent des messages qui ne peuvent que gorger les vagues de la révolte : l’égoïsme (une minorité de la population s’accapare plus de la majorité des richesses du pays), l’impunité (des fautifs publiés aux yeux de tous mais qui continuent de jouir d’avantages et d’honneurs), la bassesse et comble de tout, le mépris et l’arrogance.
Le régime n’est pas faible. Il a juste peur qu’une répression de ces actes d’incivisme ne fasse lâcher les amarres qui contiennent la grogne populaire. Il est possible de renverser la vapeur, en bannissant tous ces messages négatifs cités plus haut. Mais reste-t-il seulement assez de temps ?