OUAGADOUGOU - Les députés burkinabè d’opposition ont annoncé vendredi qu’ils refusaient la création d’un Sénat, y voyant un moyen pour le pouvoir de réviser la Constitution afin de permettre au président Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat en 2015.
Dans un communiqué, les députés des deux groupes d’opposition (27 élus sur 127 à l’Assemblée nationale) "lancent un vibrant appel" à "tout le peuple à se mobiliser contre la mise en place du Sénat".
Le gouvernement a transmis récemment à l’Assemblée un projet de loi pour l’instauration d’une deuxième chambre, une mesure présentée par les autorités comme une avancée démocratique.
Pour les députés d’opposition, la création d’un Sénat, dont 52 des 91
membres seraient nommés par le chef de l’Etat et le président de l’Assemblée
nationale, est une "première étape dans le processus de modification de
l’article 37" de la Constitution, qui serait destinée à revenir sur la
limitation du nombre de mandats présidentiels.
Aux termes de l’article 37, le président Compaoré, au pouvoir depuis 1987,
achèvera en 2015 son dernier mandat. Mais ses partisans considèrent comme "non
démocratique" cette disposition et plaident pour une révision.
Le chef de l’Etat, dont le régime a failli être emporté au premier semestre
2011 par une vague de mutineries et de manifestations populaires, garde le
mystère sur ses intentions concernant une éventuelle révision
constitutionnelle.
Le projet de création d’un Sénat, avalisé en 2012 lors d’un forum boycotté
par l’opposition, est abondamment critiqué actuellement par des figures de la
société civile et a relancé l’intense débat autour de l’article 37.
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