Une délégation de la Ligue des consommateurs du Burkina Faso, conduite par son président, Gilbert Hien Somda, est allée échanger ce 27 octobre 2015 avec le ministre délégué à la Sécurité, Alain Jean Claude Zagré. Les échanges ont porté sur la mesure prise le 14 octobre dernier, qui interdit de circulation les véhicules sans plaques d’immatriculation et ceux possédant des vitres teintées ou fumées. En sortant du bureau du ministre, Gilbert Hien Somda a expliqué au petit groupe de journalistes qui attendaient que son organisation est venue attirer l’attention de la sécurité sur le fait que son application se fait parfois de manière un peu zélée. Voici ce qu’il a confié à la presse.
Fasozine : quel était l’objet de votre visite ?
Gilbert Hien Somda : Nous sommes venus rencontrer le ministre de la Sécurité suite à une mesure sécuritaire qui a été appliquée : il s’agit du contrôle des véhicules à vitres teintées et des véhicules sans plaques d’immatriculation. Au niveau de la ligue des consommateurs, nous avons enregistré des plaintes de consommateurs par rapport à l’application de cette mesure. Nous sommes venus voir le ministre de la Sécurité pour lui dire que nous apprécions positivement les efforts qui sont faits par son département pour assurer la sécurité de la population, des consommateurs du Burkina Faso, mais que nous souhaitons que dans l’application de ces mesures, il y ait un peu de souplesse à l’endroit de certains citoyens qui sont honnêtes. Le ministre nous a rassurés sur le fait que dans les jours à venir, des mesures vont être prises de manière à ce que ces contrôles soient effectués avec la plus grande rigueur mais avec la courtoisie.
Que faut-il entendre par « souplesse » ?
On va demander gentiment aux populations et aux consommateurs de bien vouloir permettre aux agents des forces de l’ordre de faire leur travail. C’est dans notre intérêt à tous que la sécurité soit bien assurée dans notre pays. Nous sommes dans une période sensible. Nous, Ligue des consommateurs, nous allons demander aux citoyens de coopérer avec les forces de l’ordre de manière à leur permettre de faire leur travail dans les règles de l’art. Comme je le disais, M. le ministre nous a promis des mesures dans les jours à venir qui vont mettre un peu plus de souplesse, de courtoisie dans ces contrôles de sécurité.
Vous dites que vous avez reçu des plaintes…qu’est ce qui pose véritablement problème pour le consommateur dans l’application de ces mesures ?
Pour le consommateur, c’est la manière dont ces mesures sont appliquées. Certains qui ont des véhicules dont les vitres teintées estiment qu’ils sont un peu brutalisés par la manière dont les forces de l’ordre opèrent le contrôle. D’autres consommateurs aimeraient également savoir ce que vont devenir les véhicules mis en fourrière. Sur toutes ces questions, nous avons pu obtenir des réponses. Désormais, les véhicules qui sont importés d’origine et qui ne sont pas teintés à plus de 25% (ce sont des véhicules dont on peut apercevoir le nombre de passagers à l’intérieur) feront l’objet d’un contrôle mais pas mis à la fourrière. Mais là où on ne peut pas dénombrer le nombre de personnes à l’intérieur, ce n’est pas normal. Dans tous les cas plus la date des élections va s’approcher, plus les mesures de sécurité vont être renforcées. Ne soyez donc pas étonnés que tous les véhicules soient contrôlés.
Que dit le ministre concernant le devenir des véhicules déjà mis en fourrière ?
Je crois que la décision qui a permis l’application de ces mesures de sécurité prévoyait déjà que c’est le CCVA (le Centre de contrôle des véhicules automobile, NDLR) qui possède tous les moyens techniques pour enlever la teinte au niveau des vitres. Donc pour ce qui concerne les véhicules déjà parqués, ils seront remis à leurs propriétaires.
En sommes, vous n’êtes pas contre la mesure, mais contre la manière dont elle est mise en œuvre ?
Nous ne sommes pas contre la mesure. Nous sommes venus attirer l’attention du ministre de la sécurité sur le fait que son application se fait parfois de manière un peu zélée. Cette mesure étant appliquée dans l’intérêt des consommateurs, il serait bon que cela se fasse quand même dans le respect de certains droits élémentaires, avec beaucoup de courtoisie.
Propos recueillis par Désiré T. Sawadogo