Les locaux du Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) abritent, depuis le mardi 7 mai 2013, un atelier de lancement de la Batterie d’indicateurs de la culture pour le développement (BICD). Cette session de formation à l’endroit des acteurs de la culture est assurée par des experts de l’UNESCO et devra durer près de trois mois.
Le Burkina Faso est le premier pays d’Afrique francophone, le 3e d’Afrique et le 10e pays au monde, à accueillir cet atelier de formation sur la Batterie d’indicateurs de la culture pour le développement (BICD). Mme Guiomar Alonso/Cano, responsable de la culture du bureau UNESCO de Dakar qui a été dépêchée par sa structure pour assurer cette formation aux côtés d’autres personnes-ressources, définit la Batterie d’indicateurs de la culture pour le développement comme «une nouvelle méthodologie de calcul des indicateurs qui permettent de mesurer la contribution de la culture en tant que secteur, mais également en tant que valeur, normes, dans le processus de développement au niveau national». Il s’agira d’abord ,selon elle, de recueillir dans un premier temps des données et ensuite, procéder à leur construction pour les interpréter et analyser ce que veulent dire ces données avant de partager les informations. L’expérience montre qu’il y a des données, mais qui sont éparpillées, peut-être pas aussi visibles que dans le domaine de l’éducation ou du tourisme, mais le choix du Burkina s’explique par le fait que le pays a déjà une longueur d’avance dans le domaine de la culture : «c’est un pays qui est vraiment engagé pour la culture, qui mène depuis des années, des politiques volontaristes pour le développement de la culture qui, soit dit en passant, est inscrit dans la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD)»,a expliqué l’experte de l’entité onusienne en charge de la culture. Il y a un vrai engagement qui, de son avis, a été en lui-même un plaidoyer en faveur du "pays des Hommes intègres" qui dispose par ailleurs d’une base de données statistiques assez avancée par rapport à la plupart des pays en Afrique. Enfin, le bon partenariat entre l’UNESCO et le Burkina Faso, premier pays de l’Afrique francophone qui a soumis les rapports de la convention de 2005, a fini de convaincre sur la destination de cet atelier de lancement de la BICD.
Le ministre de la Culture et du Tourisme, Baba Hama, s’est réjoui de cette collaboration avec l’UNESCO qui va outiller les secteurs de son département en matériaux d’évaluation de la participation réelle de la culture à l’émergence du pays. L’absence d’un système d’information exhaustif permettant de renseigner les principaux indicateurs sectoriels et de faire le lien avec les autres secteurs de développement du pays faisait que l’on voyait toujours le département de la Culture comme budgétivore et à la limite, improductif. L’atelier de lancement de la Batterie d’indicateurs de la culture pour le développement, qui a ouvert ses portes, vient donc à point nommé pour mobiliser les personnes-ressources nécessaires à la collecte et à l’analyse des données. Il contribuera ainsi à «la mise en œuvre de la protection et de la promotion de la diversité des expressions culturelles, à encourager une conception plus inclusive du développement qui tienne compte du potentiel de la culture, à montrer empiriquement comment la culture contribue à la croissance économique, au progrès social et à élargir les possibilités des individus et des communautés à accompagner et diriger les processus de changement», indique la Convention de l’UNESCO. Cette nouvelle appréciation du rôle de la culture permettra, en outre, d’établir une base commune pour repositionner la culture dans les stratégies de développement nationales et internationales comme l’a fait le Burkina pour la SCADD et de «mieux mesurer l’importance de la culture dans le développement socioéconomique de notre pays car souvent, lorsque l’on fait des statistiques, la contribution de la culture peut ne pas être identifiée dans le Produit intérieur brut (PIB). La part de la consommation des biens culturels dans le pourcentage de la consommation des ménages burkinabè» passe par pertes et profits a estimé le ministre en charge de la Culture. Dans le domaine même de la santé, quelle est la part de la culture dans l’amélioration de la santé, de la bonne gouvernance, etc. «Ce sont des instruments que des experts de l’UNESCO vont apprendre à un certain nombre d’acteurs de la culture du Burkina Faso à pouvoir identifier, ce qui nous permettra plus tard véritablement, à chaque étape ou dans chaque secteur, de pouvoir mieux gérer, quantifier, valoriser la contribution du secteur de la culture dans telle ou telle activité au plan local et international», a poursuivi Baba Hama. En attendant, la batterie de 22 indicateurs couvrant 7 dimensions (économie, participation sociale, patrimoine, éducation, communication, gouvernance et genre) identifiées à partir de travaux pionniers de l’UNESCO a déjà été déployée. Dans 3 mois, l’on pourra évaluer à partir d’une expertise nationale, l’impact de la culture sous- estimé aujourd’hui entre 0,38 et 2,7% au niveau national, pour en déterminer le pourcentage réel.