L’un des défis majeurs auxquels sont confrontés les pays africains est, sans conteste, le combat pour l’éradication de l’analphabétisme de leur population en vue d’envisager un véritable développement durable. Pour relever ce pari, le gouvernement du Burkina Faso a adopté en 2011, le Programme National pour l’accélération de l’Alphabétisation (PRONAA 2011-2015).
Cette volonté politique du Gouvernement est affirmée également dans la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD) et le Programme de Développement Stratégique de l’Education de Base (PDSEB 2011-2020). La mise en œuvre du PDSEB va se réaliser autour de quatre choix stratégiques : le développement du préscolaire en passant de 2,7% en 2010 à 8,3% en 2015 et 13,5% en 2020 , la réalisation de l’enseignement primaire universel en 2020 dont 75,1% de TAP en 2015 , la suppression du goulot d’étranglement entre le primaire et le post primaire et l’Accélération de l’alphabétisation.
En accueillant du 2 au 4 mai 2013 la conférence des Ministres du Pôle de qualité inter-pays sur l’alphabétisation et les langues (PQIP/ALN), les états africains affichent encore une fois, leur volonté à fédérer les efforts pour mieux accélérer l’éradication de l’analphabétisme et ses corollaires.
Le PQIP/ALN compte à ce jour 14 pays membres et se veut un cadre approprié et une opportunité d’apprentissage pour l’identification, la documentation, l’analyse, la diffusion et le partage systématiques des leçons apprises à travers les processus d’amélioration de la qualité des systèmes d’éducation. Le but du pôle de qualité inter pays sur l’alphabétisation et les langues nationales est de favoriser les échanges entre pays sur les enjeux communs entre deux biennales/triennales en vue de l’amélioration de la qualité de l’alphabétisation des jeunes et des adultes dans l’espace africain. L’alphabétisation est reconnue comme un droit vital de toute personne humaine, sans discrimination. Cependant, 759 millions d’adultes selon l’UNESCO n’ont pas encore eu la chance de jouir de ce droit. Une situation accablante quand on sait que l’analphabétisme établit un lien évident avec le sous-développement, la pauvreté et la vulnérabilité des populations concernées. Les Etats africains sont donc interpelés sur la nécessité de redoubler conséquemment d’efforts, dans la recherche et la mise en œuvre de stratégies appropriées pour sortir leurs populations de l’ignorance, source de misère.
Il s’agit là d’un grand défi qu’aucun pays ne peut prétendre pouvoir relever dans une situation de vase clos. C’est tout le sens de la création effective des réseaux de réflexion que sont les Pôles de qualité inter-pays (PQIP) avec pour objectifs de susciter la capitalisation des différentes expériences d’éducation et de formation novatrices en Afrique, la mise en œuvre des leçons que chaque pays ou groupe de pays en tirent pour le renforcement des politiques stratégiques et opérationnelles. La résultante de cette synergie partenariale étant la création de systèmes d’éducation plus pertinents, plus efficaces, inclusifs, bien organisés et bien gérés. Dans le domaine spécifique de l’alphabétisation/formation des jeunes et adultes, l’atelier technique sur les enjeux du pôle de qualité inter pays, tenu à Ouagadougou au Burkina Faso, du 20 au 22 décembre 2010, a permis de proposer aux décideurs des différents pays membres, un programme conjoint d’activités. Ce programme prend en compte les défis réels partagés par l’ensemble des Etats membres. Le programme du PQIP s’inscrit dans la vision d’une Afrique nantie de compétences pratiques renforcées, capables de valoriser sa culture et sa production, de participer activement aux initiatives de concertation, d’intégration et de développement solidaire dans l’espace africain et international. De ce point de vue, les actions prévues dans le programme contribueront à promouvoir une offre d’alphabétisation/formation articulée sur le développement intégral de l’Homme. C’est-à-dire une offre éducative qui s’enracine dans les principes basiques de l’équilibre humain : « l’être, l’avoir, le savoir et le pouvoir ». L’être, pour construire l’Homme intérieur et les conditions de sa mise en confiance ; l’avoir, pour affirmer ses droits et devoirs et participer au processus d’édification de sociétés prospères et solidaires ; le savoir, pour planifier, organiser, gérer et capitaliser les acquis sociaux, économiques, culturels et politiques et enfin le pouvoir, pour prendre des décisions et réaliser des projets de vie et de sociétés viables.
De bons raisons d’investir dans l’alphabétisation et les langues nationales
L’Alphabétisation peut être définie comme l’ensemble des activités éducatives et de formations destinées à des jeunes et à des adultes en vue d’assurer l’acquisition de compétences de base dans une langue donnée et qui vise l’autonomie de l’apprenant. Elle est une composante de l’éducation non formelle. De ce point de vue l’alphabétisation ne se réduit donc pas uniquement à la maitrise des connaissances instrumentales (lecture, écriture et calcul). Elle vise au-delà, à développer les compétences des apprenants dans leurs activités quotidiennes et au-delà de l’amélioration des conditions de vie individuelle, à leur permettre une participation pleine et efficace au développement collectif.
C’est la raison pour laquelle la communauté internationale accorde à l’alphabétisation/formation un rôle déterminant dans la création d’une société équilibrée et équitable qui contribue à l’autonomisation des individus pour les rendre plus entreprenants. En effet, l’expérience démontre que les personnes qui ont bénéficié convenablement de l’alphabétisation, prennent conscience de leur situation et s’engagent plus efficacement dans les actions visant l’amélioration progressive de leurs conditions d’existence, tant sur le plan individuel que collectif. Cependant, on constate que l’alphabétisation reste encore le parent pauvre du secteur de l’éducation. Les partenaires au développement restent hésitants à y investir. Le seuil de référence proposé par la communauté internationale qui est de 20 %, des budgets, pour la priorité qui devrait être accordée à l’éducation n’est pas une réalité dans la plupart des pays.
L’amélioration de la qualité des enseignements /apprentissage des jeunes et adultes nécessite des efforts multiples et continus notamment le choix et l’adaptation des méthodes et des contenus, une évaluation des besoins centrée sur l’apprenant, l’acquisition de compétences croissantes de la part des formateurs, la mise à disposition de support didactique de qualité et en quantité suffisante, etc.
Dans le domaine de la gouvernance de l’éducation et de la promotion des langues nationales , une bonne gouvernance aide à mettre en œuvre les politiques d’apprentissage et d’éducation des adultes selon des modalités efficaces, transparentes, responsables et équitables. La représentation et la participation de l’ensemble des parties prenantes sont indispensables à la prise en compte des besoins de tous les apprenants, en particulier les plus défavorisés. Au nombre des multiples actions qui déterminent la concrétisation de la bonne gouvernance dans les structures d’alphabétisation/formation, se situe l’épineuse question récurrente de l’élaboration d’une politique linguistique de nature explicite, dans la plupart des pays en tant qu’outil devant faciliter une meilleure valorisation des langues locales. Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation