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L’Observateur N° 8368 du 7/5/2013

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Uhuru Kenyatta à Londres : Un hôte aussi indésirable qu’indispensable
Publié le mercredi 8 mai 2013   |  L’Observateur




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Quel dilemme que d’avoir un hôte indésirable dont on ne peut cependant se passer ! C’est dans cette situation que se retrouve la Grande-Bretagne avec la visite du nouveau président kenyan, Uhuru Kenyatta. Voici en effet un président frais émoulu qui, avant même d’étrenner son écharpe de chef d’Etat, avait maille à partir avec la justice internationale. Le fils de Jomo Kenyatta, le premier président du Kenya, qui doit comparaître devant la Cour pénale internationale de La Haye, le 9 juillet prochain, est accusé de crimes contre l'humanité pour avoir organisé les violences postélectorales de 2008, lesquelles avaient fait plus de 1 500 morts et plus de 300 000 déplacés.

Pour le moment, il n’est qu’inculpé, au même titre que son vice-président, William Ruto, et mieux, aucun mandat d'arrêt international n'a été émis à son encontre. Pour le moment en tout cas. Si bien que le prévenu peut bouger à sa guise sans crainte d'être alpagué.

Pour beaucoup justement, mandat international ou pas, il y a comme deux poids deux mesures entre les cas Uhuru et du président soudanais, Omar El Béchir, qui, sous le coup d’un mandat d’arrêt (pour, entre autres, génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre au Darfour) est condamné à une vie de casanier ou, dans le meilleur des cas, à réfléchir par cinq fois sur son lieu de destination avant de prendre l'avion. Force est de reconnaître cependant que l’on a à faire à deux clients différents :

- l'homme fort de Khartoum, au pouvoir depuis une vingtaine d'années, peine à se débarrasser de sa réputation de dictateur. Venu aux affaires par suite d'un coup d'Etat militaire, le "boucher du Darfour" a été plusieurs fois réélu au terme de scrutins "soviotoïdes". Avec un tel pédigree, rien d'étonnant qu'il soit le premier chef d'Etat en exercice dans la ligne de mère de la CPI pour les crimes cités plus haut ;

- l’autre, à peine installé à la tête de la vallée du Masaï Mara, n’est encore que présumé coupable de crimes contre l'humanité, donc bénéficie de la présomption d'innocence comme l'impose la justice.

Mais dans cette visite à polémiques du numéro 1 kenyan, il y a une sorte de paradoxe : l'hôte présidentiel est aussi indispensable qu'indésirable. La Grande-Bretagne a boudé sa cérémonie d'investiture pour les faits présumés qui lui sont reprochés, mais est obligée de fermer les yeux sur ceux-ci le temps de trouver une solution au conflit somalien. C'est que le sujet dont on parle, en l’occurrence la formation de forces de sécurité, le développement d’une justice et d’une police ainsi que d’un système de contrôle des finances pour empêcher la corruption en Somalie, requiert la présence du Kenya. Comment en effet parler de ce non-Etat sans son «voisin stratégique», qui a d’ailleurs ses forces là-bas ?

«Une conférence sur la Somalie sans le Kenya serait difficilement envisageable», a d’ailleurs confié à notre confrère RFI l’ambassadeur britannique en France, Peter Ricketts. La conférence, coprésidée par le Premier ministre britannique, David Cameron, et le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, et qui réunit plus de 50 pays et organisations à Londres, se tient d’ailleurs dans un contexte délétère en Somalie, marqué par le double attentat en mi-avril qui a fait plus de 30 morts ou encore par l’attaque à la voiture piégée du dimanche dernier, laquelle a fait 11 morts.

Pour toutes ces raisons ajoutées au poids stratégique du Kenya, les uns et les autres sont obligés de caresser Uhuru dans le sens du poil quitte à faire la preuve plus tard qu’il a les mains tachées de sang.

Hyacinthe Sanou

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