Le Système des Nations unies au Burkina Faso a tenu, les 29 et 30 avril 2013 à Dori, un atelier de validation des résultats de l’évaluation environnementale stratégique d’installation des réfugiés dans la région du Sahel et de réflexion sur la gestion du cheptel des réfugiés maliens au Burkina Faso.
Une étude a été commanditée par les acteurs du monde humanitaire, les services techniques des ONG et associations sur les principes d’utilisation des ressources naturelles et l’évaluation environnementale stratégique de la situation des réfugiés maliens dans trois provinces de la région du Sahel (Séno, Oudalan, Soum). C’est dans ce cadre que le Système des Nations unies, constitué du Programme des Nations unies pour le développement(PNUD), du Haut -commissariat des Nations unies pour les réfugiés(HCR), de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a organisé, les 29 et 30 avril 2013 à Dori, l’atelier de validation des résultats de cette étude d’une part, et mener des réflexions sur la gestion du cheptel des réfugiés maliens au Burkina Faso, d’autre part. L’atelier, présidé par le gouverneur de la région du Sahel, Boureima Yiougo, a vu la participation des autorités locales, des élus locaux, des représentants des ONG , des autorités militaires et paramilitaires, des représentants des réfugiés et des populations hôtes. Selon Mamadou Sangaré, coordinateur national de la CONAREF, la présence des réfugiés au Sahel a entraîné une situation en voie de surpâturage si des mesures ne sont pas prises à temps « Le gouvernement du Burkina Faso est accompagné par ses différents partenaires tels le HCR, le PNUD et les autres acteurs. Nous avons décidé ensemble de reconnaître cette étude qui est soutenue par la FAO afin de réfléchir très profondément à tous les aspects de risque pour l’environnement et voir quels sont les dispositifs qu’on peut mettre en place pour juguler cette situation ? », a souligné M. Sangaré. « La région du Sahel est une zone d’élevage et de transhumance des troupeaux du Niger, du Mali et parfois du Tchad et de la Mauritanie », a affirmé Boureima Yiougo, le gouverneur de la région. L’arrivée massive des refugiés et de leur cheptel a augmenté la pression sur les ressources naturelles. Cela impose la nécessité d’évaluer l’impact que cela entraîne sur l’environnement et de trouver les moyens pour gérer les réfugiés et leur cheptel afin d’anticiper les éventuels conflits, a-t-il dit.
La problématique de la pression sur l’eau et le pâturage
Pour le représentant du HCR, Stéphane Jaquemet, sa structure travaille avec les autorités et les autres agences des Nations unies, notamment la FAO, le PNUD et OCHA pour essayer de trouver une solution à ce problème qui accroît l’impact sur l’environnement, plus précisément sur l’eau et le pâturage. Selon le coordinateur du programme des urgences de la FAO, Rémy Coucier, la FAO, en collaboration avec ses partenaires, a octroyé des appuis en aliments pour bétail et assuré une couverture sanitaire du cheptel des réfugiés et de leurs hôtes au cours de l’année 2012. La FAO a mis à la disposition des réfugiés et de leurs hôtes, plus de 1000 tonnes d’aliments pour bétail dans tous les sites. Plus de 3000 ménages de réfugiés et 500 ménages hôtes ont été bénéficiaires. La FAO a également donné, plus de 140 000 ml de produits vétérinaires et environ 30 000 têtes d’animaux, toutes espèces confondues ont été traitées. 2250 caprins dont 750 femelles ont mis à la disposition de 750 ménages vulnérables réfugiés pour la production laitière. La principale communication de l’atelier a été présentée par Jean Marie Dipama, maître de conférence à l’Université de Ouagadougou. Il a été question d’analyser les effets induits de la présence des réfugiés maliens sur les milieux physique et humanitaire dans le Sahel burkinabè. Selon les données du HCR, plus de 48 731 réfugiés maliens ont été enregistrés dans le Sahel. L’accroissement des besoins des populations et des animaux, l’inadéquation des potentialités avec les besoins, les impacts environnementaux sont, entre autres, les aspects développés par M. Dipama. Il a également formulé des recommandations. Il s’agit de la construction des stocks alimentaires, la reconstitution du cheptel, la restauration des terres dégradées, le suivi écologique, le soutien à l’hydraulique pastorale et le renforcement des capacités des communautés. Le travail du conférencier a été passé au crible sur la forme et le fond. Le jury « spontané » de circonstance, constitué de participants, a sévèrement critiqué l’étude. En plus des remarques sur plusieurs aspects relatifs à l’adaptation de la langue de Molière dans son contexte de construction littéraire, une digression sur le thème d’étude leur a été reprochée (les membres de l’équipe de travail). Comme il fallait s’y attendre, le consultant s’est défendu . Après cette confrontation d’experts, des échanges, parfois passionnants, ont eu lieu entre représentants des réfugiés, acteurs des ONG et responsables des services en charge de la question des réfugiés. Les réfugiés reprochent au HCR de fouler aux pieds les textes fondamentaux qui garantissent la protection des réfugiés. Ils ont exprimé avec véhémence leur ras-le-bol de la gestion du HCR en évoquant les insuffisances en matière de suivi, de qualité de soins et de nourriture, l’éloignement des sites avec le cheptel et l’accès aux points d’eau. Ils ont par ailleurs remercié l’Etat burkinabè et la FAO pour l’effort consenti en leur faveur.
La restitution des travaux en séance plénière a permis de regrouper les points saillants afin de peaufiner un travail pour une meilleure gestion du cheptel des réfugiés maliens au Burkina Faso. En effet, la synthèse fait ressortir entre autres points, l’identification des zones de pâturage à proposer aux réfugiés, la réhabilitation des forages, l’aménagement des aires à potentialités fourragères, la délimitation des aires de pâture, la construction de biodigesteur, la promotion et la vulgarisation des broyeurs polyvalents, l’augmentation des infrastructures sanitaires. D’autres communications ont été présentées, notamment celle d’Alexis Kaboré du PNUD. Il a expliqué les résultats de l’analyse du climat au Burkina Faso, l’impact sur l’agriculture, la santé, l’élevage et la question environnementale. Les facteurs météorologiques ont également été expliqués.