Est-ce que les questions d’insécurité et d’impunité ne concernent que les journalistes ? Pourquoi aime-t-on particulariser le journaliste ? Est-ce parce qu’il n’est pas n’importe qui ? Oh que non, l’homme de médias est bien n’importe qui et, comme quiconque, a besoin de jouir de tous ses droits et d’exercer en toute sécurité son métier. Ces questions et réponses sont de Me Prosper Farama, qui a animé aux côtés de deux autres communicateurs, dans le cadre de la commémoration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, un panel sur «La sécurité des journalistes et l'impunité au Burkina Faso». C’était le jeudi 2 mai 2013 aux Archives nationales.
Ils étaient trois conférenciers à animer ce panel en introduction aux activités commémoratives de la Journée mondiale de la liberté de la presse, placée cette année sous le thème de «Parler sans crainte : assurer la liberté d’expression dans tous les médias». Il s’agit d'Emile Kaboré du Centre d’informations des Nations unies (CINU), de Pierre Dabiré de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) et de Me Prosper Farama, avocat. Se référant au thème national, «Du droit de dire à la responsabilité sociale du journaliste», c’est le volet sécurité et impunité qu’ils ont abordé avec chacun son angle d’attaque.
Le premier, lui, s’est intéressé aux Initiatives internationales et au Plan des Nations unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité. Dans son exposé, il a d’abord démontré que la situation de la liberté de la presse est en ce moment très préoccupante, avec 600 journalistes tués au cours de ces dix dernières années dans l’exercice de leur fonction, soit 1 journaliste tué par semaine et 121 assassinés au cours de la seule année 2012 selon l’UNESCO. A cela, s’ajoutent les harcèlements et les arrestations arbitraires. C’est pour toutes ces raisons qu’organismes et organisations professionnelles ne cessent de développer des initiatives pour protéger et défendre les droits des hommes de médias.
Parmi eux, les Nations unies qui, en plus du Plan et de bien d’autres publications, ont aussi impulsé et soutenu de nombreux instruments internationaux sur le sujet. A la lumière des événements récents, Pierre Dabiré, lui, a fait l’état des lieux de la protection et de la sécurité des journalistes au Burkina Faso. Là aussi, c’est un tableau noir qui a été peint avec diverses violences à l’encontre des scribouillards (saccages de rédaction, kidnapping, arrestations, intimidations…). S’agissant de sa protection, le communicateur a indiqué que c’est d’abord au journaliste de l’assurer en étant professionnel.
Aussi les directeurs de publication, premiers responsables du travail de leurs employés, les organisations de la société civile et même l’Etat doivent jouer ce rôle. Dans ce qu’il a lui-même appelé communication à problématique, Me Farama, quant à lui, a évoqué l’insécurité des journalistes et l’impunité. Relevant que le journaliste travaille à instaurer un état de droit souvent au péril de sa vie, il a indiqué qu’il doit pouvoir exercer en toute sécurité. «C’est pour cela que quand ils sont touchés on estime qu’il y a impunité», a aussi souligné maître ajoutant que l’impunité est fonction du type d’Etat dans lequel on se trouve.
Mais pour ce communicateur, chaque Etat devra donner à ses journalistes les moyens d’exercer, car l’homme de média, a priori, n’est pas dangereux comme on le laisse croire. Le renforcement du système judiciaire national, le recours aux juridictions internationales et la professionnalisation des journalistes sont, entre autres, les mesures proposées par Me Farama pour permettre aux médias de travailler en toute sécurité.