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Sidwaya N° 7410 du 6/5/2013

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Le Premier ministre dans le Sahel : Le Yagha avec ses mille et un problèmes
Publié le lundi 6 mai 2013   |  Sidwaya


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© Sidwaya par DR
Le premier ministre Luc Adolphe Tiao visitant la commune de Sebba, province du Yaghalors de sa tournée dans la région du Sahel


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Le chef du gouvernement, Beyon Luc Adolphe Tiao, a achevé sa tournée dans la région du Sahel par une visite dans la commune de Sebba, province du Yagha, le vendredi 3 mai 2013. Il a échangé avec les populations sur leurs conditions de vie.
Distante de 100 km de Dori, capitale de la région du Sahel, et à environ dix kilomètres de la frontière du Niger, la commune urbaine de Sebba, chef-lieu de la province du Yagha, semble être une localité oubliée du Burkina Faso. Sa végétation est composée d’arbres épineux, et son relief de sable en abondance et entouré de quelques collines rocheuses. Ses habitations sont construites en banco, couvertes de tôles ou de paille. En cette journée très chaude, sa population, constituée essentiellement de Peulhs, de Mossé et de Gourmantché, n’a pas manqué l’occasion de faire savoir au Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao, par la manière et les mots, qu’elle vit dans la précarité totale. Le chef du gouvernement a été surpris de voir que des femmes, des enfants et même des hommes l’attendaient avec des bidons vides et des lampes-tempêtes. Une façon pour les hôtes de Luc Adolphe Tiao de l’informer que Sebba est une commune urbaine qui ne dispose pas d’adductions d’eau potable et d’électricité (seulement quatre heures d’éclairage par jour fourni par un groupement dénommé FOYRE-YAALI). Aussi, la barrique d’eau, à en croire les populations, se vend entre 500 et 700 FCFA en fonction de la disponibilité du liquide précieux. Ce n’était qu’une entrée en la matière. De l’avis des forces vives et des responsables administratifs du Yagha, le système éducatif traverse une crise sans précédent. En effet, selon le Directeur provincial de l’enseignement de base et de l’alphabétisation, Augustin Sawadogo, la zone compte 150 écoles dont 50 sont sous paillotes. Cet état de faits donne une certaine précarité de prestation du corps enseignant qui, du reste, est sans expérience. Le nombre des élèves a nettement régressé pour s’établir à 14 626 élèves pour l’année scolaire 2012-2013. Une situation provoquée par la fréquentation des sites d’orpaillage par les enfants et le mariage précoce des filles. « Des filles de CE1 sont retirées des classes par les parents pour être mariées. Les classes se vident au fur et à mesure que l’année scolaire avance. Il y a des classes de trois élèves et des écoles comptant douze », a-t-il déploré.

13 décès maternels en 2012

Au plan sanitaire, le district sanitaire est en souffrance. Construits il y a à peine dix ans (en 2001), ses bâtiments sont déjà délabrés. Ce qui révèle la problématique de la mauvaise exécution des marchés publics et de l’entretien des bâtiments publics. Son bloc opératoire n’est plus en état de fonctionner et sa maternité marche avec le strict minimum. Le médecin-chef du centre médical, Noufou Zidwemba, a précisé qu’en 2012, treize parturientes ont rendu l’âme dans la maternité, faute de moyens adéquats pour soigner les anémies et arrêter les hémorragies. Ce nombre a déjà atteint quatre en cette année 2013. Au vu (puisqu’il est allé visiter lui-même la structure) et au su du calvaire que vivent les populations et les agents soignants de Sebba, le Premier ministre ne s’en revenait pas. Il a fini par lâcher le mot « incroyable ». A ces difficultés, les gens ont relevé le problème de l’enclavement de la province. Il n’y a pas de pistes rurales pouvant relier les villages à la commune urbaine. Ainsi a soutenu le Dr Boubacar Ly, maire de la commune rurale de Sohan et initiateur de l’école de la sagesse, il est impossible pour les populations de se déplacer en saison des pluies, encore moins d'évacuer les malades à l’hôpital. Un autre problème soulevé est celui de l’inaccessibilité à l’information. Selon les forces vives, depuis que le pays a accédé à la souveraineté nationale, elles n’ont accès ni à la télévision ni à la radio nationale. Pourtant, le 53e anniversaire de l’indépendance du "pays des Hommes intègres » sera célébré dans leur région cette année. C’est pourquoi, elles ont émis le vœu qu’une solution rapide soit trouvée à cette préoccupation. Mais en attendant, et pour éviter d’être coupées aussi du reste du monde, les populations visionnent les images d’ailleurs, notamment celles de la télévision nigérienne dont le signal leur parvient. « Pour avoir des informations sur le Burkina Faso, nous sommes obligés d’acheter les images via les canaux », déplore un député du Yagha, Issa Barry.

Des responsabilités partagées

Sans faux-fuyant, le Premier ministre, soutenu par quelques membres de son gouvernement, a répondu aux préoccupations égrenées par les habitants de Sebba. Il a souligné que les responsabilités de cette situation sont partagées entre l’Etat et les populations. Tout d’abord, il a précisé que si le taux scolaire régresse au profit de la fréquentation des sites d’orpaillage et du mariage précoce, les parents d’élèves sont les principaux responsables. D’où son appel à une prise de conscience collective sur la nécessité de laisser les enfants, notamment les filles, continuer leurs études. Concernant les écoles sous paillotes, il a indiqué que l’Etat a pris la responsabilité de résoudre ce problème à l’échelle nationale d’ici à la fin de l'année 2015. Aussi a-t-il encouragé le corps enseignant de Sebba en leur octroyant séance tenante, vingt motos (Yamaha 100). Ensuite, relativement au délabrement du centre médical, le chef du gouvernement a souligné qu’il y a urgence à reconstruire dans les années à venir, une nouvelle structure répondant aux normes et aux besoins du moment. Selon un technicien en eau, il est difficile de trouver de l'eau potable à Sebba parce que les nappes actuelles ont une forte teneur en nitrate et en calcaire et les appareils de traitement sont extrêmement onéreux. Mais pour Luc Adolphe Tiao, cette explication n’est pas une raison valable pour laisser les populations sans eau potable. Tout en se refusant de fixer des échéances, il a rassuré les populations de Sebba que leurs besoins pressants à savoir, les questions d’eau pour les hommes et les animaux, de l’électricité, de la couverture médiatique par les médias audiovisuels de l’Etat, ne resteront pas sans suite. Avant de prendre la route de la région de l’Est pour la suite de sa tournée, le Premier ministre a félicité les populations du Yagha : « Bien que vous vivez une situation déplorable, vous revendiquez pacifiquement. C’est cet esprit qui doit animer tous les Burkinabè pour la préservation de la paix sociale ».

Steven Ozias KIEMTORE

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