Jamais un sans deux. Un ènième loup ravisseur est apparu dans les pages noires des livres de l’histoire politique de l’Afrique noire. Andry Rajoelina, le jeune malgache de 38 ans, arrivé au pouvoir en 2009 à la faveur de manifestations de rues qui ont chassé le président Marc Ravalomanana figure maintenant dans le livre Guinness des dirigeants africains experts en retournement de veste. Après la Côte d’Ivoire avec Laurent Gbagbo, la Grande île a trouvé son boulanger en la personne d’un jeune Disc-jockey (DJ) nommé Andry Rajoelina. Alors qu’il avait promis à ses compatriotes et surtout aux dirigeants de la Communauté économique de développement de l’Afrique australe (SADC) de ne pas se porter candidat à l’élection présidentielle de juillet prochain, au même titre que son ennemi juré Marc Ravalomanana, M. Rajoelina à la vitesse d’un TGV est revenu sur sa parole et s’est porté candidat ce vendredi. Personne ne sait s’il a effectivement déposé un dossier de candidature en bonne et due forme. Toujours est-il que dans la liste des quarante-et-un candidats affichés vendredi au siège de la Cour électorale spéciale (CES), le nom de Andry Rajoelina est apparu à la surprise générale de tous, y compris du président de la troïka de la SADC, le Tanzanien Jakaya Kikwete et certainement du Pape François que Rajoelina a rencontré dernièrement. En effet, on ne sait par quel moyen, ni à quel moment, c’est-à-dire quel jour, à quelle heure ni comment un cinquantième dossier celui de M. Rajoelina s'est ajouté à la liste des 49 noms pourtant rendue publique le 28 avril date de clôture officielle du dépôt des candidatures. Comment le nom de M. Rajoelina a pu se retrouver sur la liste après la clôture officielle des dossiers de candidature ?
Buvant la honte jusqu’à la lie, la Commission électorale spéciale (CES) a simplement expliqué qu’elle a validé la liste comprenant le nom du gentleman de 38 ans au nom «du principe de la liberté de tout citoyen de se porter candidat à toutes les élections» et «afin de permettre à tout un chacun (des Malgaches) de choisir librement celui ou celle qui dirigera» la Grande île. Dans sa petite et brève explication, la CES indique également que le souci d’instaurer «un climat d'apaisement permettant de tenir des élections justes, crédibles et acceptées par tous» l’a guidé à accepter le dossier du président qui lui a été manifestement transmis hors-délai.
A y voir de près, on se demande si les multiples violations du droit dont s’est rendue coupable la CES n’ont pas été orchestrées par ce jeune homme visiblement obnubilé par les clinquants du pouvoir. Oui, après qu’il a fait enregistrer sa candidature, on peut légitimement se demander si Andry Rajoelina n’a pas volontairement poussé la commission à violer les lois et les règlements du pays afin d’admettre la candidature des autres créant ainsi la jurisprudence qui allait ouvrir la voie à sa propre candidature. En effet, ni Mme Lalao Ravalomanana, l’épouse de l'ex- président Marc Ravalomanana ni Didier Ratsiraka, l’ex- dirigeant qui vivait depuis 11 ans en France après être battu par M. Ravalomanana ne devaient se porter candidat, la loi électorale disposant que les candidats doivent résider au moins six mois continus sur le territoire malgache.
Mais les parjures et les mensonges, les peuples africains ont fini par s’y habituer tellement ils sont légion. En tous les cas, lorsque quelques teigneux gratte-papiers ont rappelé à certains qu’ils se dédisaient ou qu’ils mentaient à leurs peuples, certains dirigeants ont vite fait de citer en exemple George W. Bush et le général Collin Powell, le noir le plus célèbre dans l’armée américaine qui ont menti à la tribune des Nations unies que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive dans le désert. Ils ajoutent fort opportunément, qu’aucune poursuite d’aucune juridiction nationale ou internationale ne les a inquiétés. Comme l’exemple vient toujours des aînés, on comprend aisément que le jeune homme n’a fait qu’emboîter le pas de ces célèbres «anciens» -pour parler comme les militaires- dont le plus connu est sans doute Laurent Gbagbo. Désigné comme le boulanger de Mama, il n’a jamais tenu parole quelle que soit l’instance ou la personnalité auprès de laquelle il s’est engagé. M. Gbagbo a incarné cette posture jusqu'à refuser les résultats des élections. Aujourd’hui on sait où il se trouve. Si l’ex-président ivoirien a été considéré en Afrique comme le symbole le plus parfait des volte-face des dirigeants africains, le continent noir est également peuplé d’autres spécialistes de promesses non tenues. Le parjure, le non-respect de la parole donnée est devenu un sport populaire. C’est vrai que l’ancien président français Jacques Chirac avait prévenu que ceux qui croient aux promesses des hommes politiques engageaient leur seule responsabilité mais de là à prendre des positions qui mettent en péril la paix sociale des Etats relève de la démence. Ce que ce jeune homme a fait à Madagascar dépasse tout entendement. Si ce n’est pas la honte, c’est du ridicule. Argué comme il a dit toute honte bue qu’à (sa) «grande surprise, j'ai appris que l'ancien président (Ravalomanana) s'est présenté aux élections présidentielles à travers son épouse» et que «il y avait aussi l'ancien président Didier Ratsiraka qui a déposé sa candidature» et que donc : "Je me suis dit donc, c'est une élection libre qui devrait être transparente et pourquoi ne me présenterais-je pas aussi?" est faire preuve d’un nanisme intellectuel sans borne. En effet, l’épouse de M. Ravalomanana n’est pas Ravalomanana et en cas de faute, si sanction il doit y avoir, ce ne serait pas Monsieur qui passera à la potence mais bien Madame. C’est vrai, on peut présumer que si Madame passe présidente de la République malgache, elle sera peut-être un simple faire-valoir pour son mari qui dirigera le pays par procuration mais une fois de plus, rien ne dit que Madame une fois le pouvoir acquis se laissera dicter ses lois par Monsieur. Ne dit-on pas que le pouvoir révèle l’homme. Peut-être que Madame Ravalomanana prendra son indépendance vis-à-vis de son mari une fois la fonction acquise. En outre, que le vieux président Ratsiraka passe entre les mailles des filets légaux de la CES, ne doit pas donner droit à Rajoelina de faire ce qu’il a fait. Ce mensonge, cette trahison de la parole donnée à la communauté internationale, aux dirigeants de la SADC et surtout au peuple malgache, ne peut augurer d’un avenir serein pour la Grande île si ce TGV parvient au pouvoir. Pour celui qui a été le premier dirigeant africain à rendre visite au Pape François, il devrait quand-même se rappeler ces paroles de l’Evangile selon lesquelles «la place des menteurs est dans l’étang de soufre et de feu !».
Une fois de plus, les raisons avancées pour mettre les malgaches dans la rue contre Ravalomanna en 2009, montrent que ce jeune est plus mu par les oripeaux du pouvoir que par un sacrifice quelconque au profit du peuple malgache comme il l’a claironné souvent.
C’est un manipulateur pour qui la seule ambition qui vaille c’est son ambition personnelle. En mettant une fois de plus en péril la vie de centaines de Malgaches qui ne tarderont pas à s’affronter mortellement dans la rue du fait de sa candidature ou de sa victoire annoncée en juillet prochain, le jeune homme trop pressé d’où son surnom de TGV (Train à grande vitesse) montre qu’il n’est en réalité qu’un boulanger. Et à son âge, on peut être sûr d’une chose, la renaissance de l’Afrique, annoncée et attendue ne viendra pas de lui .