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L’Observateur N° 8366 du 3/5/2013

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Nationalité et Foncier : ADO et les deux plaies de Côte d’Ivoire
Publié le lundi 6 mai 2013   |  L’Observateur


6e
© Abidjan.net par Atapointe
6e réunion annuelle conjointe de la CUA-CEA 2013 : le président ivoirien Alassane Ouattara ouvre les travaux
Lundi 25 mars 2013. Abidjan. La 6e réunion annuelle conjointe de la Conférence des ministres de l’économie et des finances de l’Union africaine et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique a démarré ses travaux en présence du président Alassane Ouattara. photo : Alassane Ouattara, président de la Republique de Cote d`Ivoire


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Au terme d’une visite d’Etat dans l’Ouest de son pays, le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, a annoncé, au cours d’une conférence de presse à Man, sa volonté de se pencher sur deux questions majeures à l’origine de la crise ivoirienne : la nationalité et la propriété foncière.

D’ici à la fin de l’année 2013, ces deux sujets, aussi sensibles que tabous, doivent faire l’objet de réformes, a promis le chef de l’Etat ivoirien.

Une décision présidentielle hardie s’il en est, quand on se rappelle des conséquences politiques et sociales du concept brumeux de l’ivoirité au bord de la lagune Ebrié. Et qui mieux que le boyordjan ADO, «né d’un père burkinabè», et traité comme tel par des adversaires politiques ivoiriens de souches, pour prendre l’éléphant par les défenses ? On a toujours en mémoire les misères qui furent celles du candidat du RDR «pour nationalité douteuse». Rien d’étonnant avec ces lois électorales ad hominem et de cet indécent débat du «et» et du «ou» en matière de nationalité pour se présenter à la présidentielle.

Conséquence : en 1995 et en 2000, respectivement sous Henri Konan Bédié puis feu le général Robert Gueï, Alassane Dramane Ouattara n’a pas été autorisé à faire acte de candidature à cause du concept de l’ivoirité.

Certes le projet de loi qui sera envoyé «dans les prochaines semaines aux députés» sera de portée générale. Mais nul doute qu’il s’inspirera profondément des tribulations politiques de son principal initiateur, le président actuel.

Maintenant, on attend de voir jusqu’où ira le gouvernement dans sa réforme de la nationalité. Car moins que la nationalité elle-même ou les conditions de son acquisition, ce sont les velléités d’instrumentalisation politique qui posent problème. Tant qu’il y aura des Ivoiriens de souches multiséculaires et des Ivoiriens de reconversion, tant qu’il y aura des Ivoiriens racés et des Ivoiriens de sang mêlés, le tout assorti de droits civiques différents, le démon de l’ivoirité restera et demeurera toujours dans la maison ivoirienne.

On a alors la faiblesse de croire que la réforme annoncée vise à mettre fin, une bonne fois pour toutes, à cette méprisable querelle de génotype. Il va falloir donc faire preuve de tact, de hauteur et d’audace pour ne pas tomber dans les mêmes travers dont s’était prévalu la rébellion de 2002 pour exiger la reconnaissance des droits civiques et politiques de celui qui préside aujourd’hui aux destinées de la Côte d’Ivoire.

Idem pour cette autre refonte annoncée sur la propriété foncière. Surtout en cette période de crise qui a pour corolaire le reflexe identitaire que nourrit la politique du bouc émissaire.

C’est que la question de la terre dans un pays n’est pas la seule affaire des nationaux. Elle concerne également toutes les communautés étrangères qui y résident et dont les droits à la propriété doivent être respectés de tout temps.

En Côte d’Ivoire, nous avons toujours en mémoire le calvaire des Burkinabé victimes d’un «nettoyage foncier» en 1999 dans la localité de Tabou. Dépossédés de leurs champs, chassés et livrés à la furie meurtrière des autochtones, plus de 150 000 kosweto (1) ont regagné leur pays par leurs propres moyens. Sans compter ceux qui y ont laissé la peau. La terre d’accueil est devenue une terre d’enfer. Avec la complicité des autorités politiques et administratives d’alors.

Sans doute qu’en acceptant de jouer le rôle de facilitateur dans la crise inter-ivoirienne, Blaise Compaoré avait également pour souci le sort de ses millions de compatriotes considérés à tort comme étant à l’origine du désœuvrement et du mal-être des jeunes en milieu rural.

Par quel bout le président Ouattara va-t-il mener sa réforme foncière ? Par une nouvelle législation qui fera la part belle aux Ivoiriens avec le risque d’être accusé de pratiquer une politique d’expropriation des étrangers ? Ou plutôt par une mise en place d’un dispositif juridique tendant à sécuriser la propriété des allogènes, comme les Burkinabè, avec là encore le risque d’être soupçonné de favoritisme envers «ses frères».

Que ce soit pour la réforme de la nationalité ou celle de la propriété foncière, la tâche s’annonce périlleuse pour le président ivoirien. Mais en s’engageant malgré tout à s’attaquer aux deux démons qui ont toujours mis à mal l’unité et la cohabitation pacifique en Côte d’Ivoire, ADO montre ici que plus qu’un homme politique, il est un homme d’Etat. La différence entre les deux ? Le premier pense à la prochaine élection et le second à la prochaine génération.

La Rédaction

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