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Le Pays N° 5350 du 3/5/2013

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J’ai été impressionnée par la qualité des infrastructures du journal’’
Publié le samedi 4 mai 2013   |  Le Pays


Benoîte
© Autre presse par DR
Benoîte Labrosse, une Québécoise en stage de trois mois en journalisme


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Les Editions ‘’Le Pays’’ ont reçu le 4 février 2013, une Québécoise pour un stage de trois mois en journalisme. Au terme de son séjour, Benoîte Labrosse, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, dresse à travers cette interview, un bilan succinct de son stage. Elle remercie les responsables des Editions ‘’Le Pays’’ et ceux des Offices jeunesse internationaux du Québec qui ont rendu possible sa venue au Burkina.

‘’Le Pays’’ : Vous êtes en fin de stage, pouvez-vous nous faire un petit bilan ?

Benoîte Labrosse : En douze semaines de stage, j’ai fait beaucoup de reportages dans des endroits différents. J’ai pu découvrir différents aspects de la société burkinabè et de Ouagadougou en particulier. J’ai eu la chance d’aller à la Radio Wend-Panga à Ouahigouya qui est un autre produit des Editions ‘’Le Pays’’, chose qui m’a permis de découvrir d’autres réalités. J’ai découvert pleines de choses. J’ai eu de très bons collègues et de très bons chefs.

Pouvez-vous nous parler un peu des conditions du stage ?

J’ai trouvé que l’organisation technique du journal était meilleure que ce à quoi je m’attendais. Le matériel était disponible, les photographes aussi. Toute l’organisation était bien ; on avait aussi des véhicules pour se déplacer pour les reportages. Ce n’est pas tous les organes de presse en Afrique qui ont des véhicules. J’ai été impressionnée par la qualité des infrastructures. Quand j’avais des questions, on m’apportait des réponses. Tout s’est bien passé. Et elle tient à remercier le Fondateur Boureima Jérémie Sigué, le Directeur Général Cheick Beldh’or Sigué ainsi que tout le personnel des Editions ‘’Le Pays’’. Je remercie aussi les Offices jeunesse internationaux du Québec qui ont rendu possible ma venue au Burkina.

Y a-t-il une différence entre le travail journalistique d’ici et celui du Canada ?

C’est sûr que le travail journalistique est très différent entre le Canada et le Burkina, parce que le rôle du journaliste n’est pas au même niveau. Ici, quand on voit un ministre à une cérémonie, il est difficile de lui poser des questions qui n’ont pas de rapport avec l’événement pour lequel il est présent. Alors qu’au Canada, on ne lui parle jamais de la cérémonie mais d’autres choses. Donc, la façon de travailler est très différente. Mais le type d’événements est un peu le même, on couvre des conférences de presse, des journées portes ouvertes, etc. Pour les ateliers, la différence c’est qu’au Canada, on n’invite pas la presse à l’ouverture mais à la clôture. Ici au Burkina, les journalistes ont moins de liberté pour poser des questions, fouiller des dossiers sensibles, etc. Mais je pense que les choses sont en train de changer. En tout cas, les journalistes sont sur la bonne voie.

Quel regard portez-vous sur la presse burkinabè dans son ensemble ?

La presse burkinabè est quand même assez diversifiée, il y a plusieurs voix : celle de l’Etat, de l’opposition, du centre et celle neutre ainsi que des journaux satiriques. Donc il y a vraiment une liberté des voix. Malheureusement, comme il n’y a pas assez d’enquêtes, les couvertures se ressemblent. Il y a parfois des reportages qui changent un peu mais en général, il n’y a pas beaucoup de différence entre ceux-ci.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant votre séjour au Burkina ?

C’est probablement la gentillesse des gens. Les Burkinabè sont très ouverts et très gentils avec les étrangers comme nous. Je n’ai jamais senti que je dérangeais, que je n’étais pas la bienvenue. C’est plutôt l’inverse et cela est très important pour nous. Même dans la vie de tous les jours, au marché, dans la rue, les gens vous disent bonjour. C’est vraiment marquant pour un étranger. Car ce n’est pas dans tous les pays ni en Afrique ni en Occident qu’on est accueilli comme cela.

Quel est le poids de la société sur la vie des gens au Québec ?

Le poids de la société sur la vie des gens au Québec est moins qu’ici au Burkina. Chez nous, c’est l’individu qui compte le plus. Chaque enfant est élevé avec l’esprit que l’important, c’est qu’il soit heureux à travers ses décisions. Evidemment, le poids des parents, de la famille des amis, compte toujours mais au bout de la ligne, la personne dont la décision est la plus importante, c’est vous-même. Alors qu’ici, ce n’est pas toujours le cas, car c’est la décision de la famille ou des parents qui l’emporte sur celle individuelle. C’est plus facile de ne pas suivre les normes chez moi qu’ici.

Justement au Québec les enfants ne sont pas obligés de porter le nom de leur père. Que pensez-vous de cette situation ?

Je suis bien placée pour parler de cela parce que je porte le nom de ma mère et non celui de mon père. Car, pour nous, ce n’est pas quelque chose qui change quoi que ce soit. Que je porte le nom de mon père ou pas, cela ne change rien. Certes, ce n’est pas tous les courants de la société qui sont comme cela. Il y a encore beaucoup de gens qui portent le nom de leur père. Ce n’est pas une obligation mais un choix. On peut même porter les noms des deux parents.

Mais les parents ont-ils encore des droits sur leurs enfants ?

Je crois que les parents ont plus de droits sur leurs enfants qu’ici. Parce que ce n’est pas toute la famille qui doit être en accord avec l’enfant mais ses parents. Bien sûr, ça dépend des parents et aussi de l’âge. Mais quand tu as un enfant, c’est vraiment toi qui en es responsable avant les autres. Chez nous, c’est difficile de laisser son enfant chez sa tante ou son oncle pendant longtemps comme cela se fait au Burkina, parce que c’est toi le premier responsable et non le reste de la famille.

Mais quel est le temps accordé à une mère pour s’occuper de son enfant, notamment la durée du congé de maternité ?

Dans les années 1980, les congés de maternité duraient 3 mois, un peu plus tard, 6 mois et depuis quatre à trois ans, cette durée est désormais de 12 mois. Mais ces congés peuvent être partagés entre la mère et le père. Après un certain nombre de mois, la femme peut décider d’aller travailler et confier le bébé à son papa. Et ça fonctionne parce que chaque individu paie à travers les impôts. Qu’il ait un enfant ou pas, tout Québécois qui travaille doit payer pour permettre aux autres de bénéficier de ces congés de maternité.

On constate que les gens se marient de moins en moins chez vous. Comment expliquez-vous cela ?

Je crois que c’est parce que ce n’est pas une obligation au niveau légal. Le mariage n’est plus une condition pour avoir des droits. Ce n’est plus une obligation pour avoir des avantages au niveau légal ou quoi que ce soit. Ceux qui se marient, c’est parce qu’ils sont croyants et ils sont de moins en moins nombreux à aller à l’Eglise. Il y a des gens qui se marient à la mairie pour aller dans d’autres pays dans le but d’adopter des enfants car dans certains Etats, pour adopter des enfants, il faut être marié. Mais chez nous, que tu sois marié ou pas, ton statut social ou légal ne change pas.

Pourquoi les gens croient de moins en mois à la religion et comment se fait-il qu’elle ne constitue plus une valeur de référence chez-vous ?

Dans l’histoire coloniale, nous avons été colonisés par les Français et les Anglais. Et les responsables de l’Eglise avaient un grand pouvoir donc ils décidaient de beaucoup de choses dans la vie des gens. Et dans les années 1960-70, les gens ont dit : « ça suffit, nous ne voulons plus que la religion vienne se mêler de notre vie de tous les jours car on trouve qu’elle a trop de pouvoir, qu’elle prend trop de place dans la vie des gens ». La génération de mes parents a refusé complètement la religion. Donc les générations qui ont suivi comme la mienne n’ont pas du tout évolué avec la religion. On n’a pas été mis en contact avec la religion, donc on n’a pas une image positive de celle-ci. On n’a toujours vécu sans la religion si fait que l’on ne voit pas l’intérêt de devenir un religieux ou un chrétien.

Cette situation ne contribue-t-elle pas à renforcer l’individualisme dont vous avez parlé plus haut ?

Probablement. Mais les valeurs de base, les fondements de la société tels que les valeurs de partage, de solidarité et les autres valeurs laïques que prône l’Eglise, sont semblablement les mêmes. Cependant, l’individu a pris une grande place en partie, parce qu’on s’est dit que pour que la société se développe, il fallait que ça soit nous qui la développions. Donc, chaque personne a son rôle à jouer et son effort à faire. On devient individualiste au moment où on se dit, si moi je veux réussir, c’est moi qui dois travailler. Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui doit venir me dire de faire ceci ou cela.

Y -a-t-il un aspect lié à la différence des deux sociétés qu’on n’a pas évoqué et que vous aimeriez aborder ?

La grande différence, c’est la place qu’une femme peut avoir dans la société ici par rapport à chez nous. Dans les universités au Québec, il y a plus de femmes que d’hommes dans la plupart des facultés sauf en mathématique, en informatique et en ingénierie. De plus en plus, il y a des femmes qui occupent des hautes fonctions, telles Directrice générale, ministre, etc. Dans ma province, le Premier ministre est une femme. Dans la vie courante, la place de la femme est confortable. A titre d’exemple, on ne dit pas chez nous Mme le Premier ministre mais Mme la Première ministre. Et puis, chez nous, ce n’est pas la femme qui fait tout dans la maison. Elle partage le travail avec son conjoint. Les hommes chez nous sont obligés de participer à la vie de la maison, s’occuper du bébé ou de la cuisine, etc. Mais ici, la place de la femme n’est pas encore grande. Même quand on leur demande de parler, elles ne le font pas parce qu’elles ont peur. Mais cet état de fait n’est pas propre au Burkina. Dans beaucoup de pays africains, c’est ainsi. Pourtant, elles doivent être capables de montrer qu’elles peuvent occuper telle ou telle place comme les femmes de chez nous le font.

Interview réalisée par Dabadi ZOUMBARA

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