Malgré les contestations pré-électorales, la Commission électorale indépendante (CEI) de Côte d’Ivoire aura réussi le pari d’un scrutin calme et globalement sans incidents majeurs. Dans ce pays où les stigmates des violences post-électorales d’il y a cinq ans sont toujours dans les mémoires, ce n’était pas évident d’en arriver-là ce dimanche 25 octobre. Surtout que les mêmes forces politiques qui s’affrontaient n’ont visiblement pas «désarmé».
On craint même un fort taux d’abstention du fait que Laurent Gbagbo, l’ennemi cordial de Alassane Ouattara soit toujours l’hôte de la Cour pénale internationale. Les partisans de ce dernier, dans ses fiefs dont le quartier de Yopougon à Abidjan, la capitale ivoirienne, au nom de la réconciliation nationale demandent simplement sa libération avant tout. De toute façon, Alassane Ouattara ne semble pas véritablement avoir axé son mandat passé sur cette réconciliation nationale.
Ce n’est donc pas une réelle priorité lors de cette élection. Les parties en conflit ont continué à se regarder en chiens de faïence. Même que trois des neuf challengers du président sortant se sont retirés du processus électoral. En procédant ainsi, Amara Essy et Charles Konan Banny, pourtant proches de la coalition qui a porté la candidature d’Alassane Ouattara en 2019 et Mamadou Coulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale de Laurent Gbagbo, demandaient indirectement à leurs militants de boycotter le vote.
De ce fait, l’enjeu du scrutin ivoirien ne réside plus seulement dans son très attendu verdict, mais dans son taux de participation. En attendant, la CEI peut se targuer d’une maîtrise à peu près certaine de la procédure, malgré les retards et la non maîtrise des tablettes numériques censées éradiquer la fraude. Le plus dur va commencer avec la contestation quasi-prévisible des chiffres qui seront annoncés dans les prochains jours.
Et aussi avec les commentaires des opposants partants et non-partants. La plus grande prière des Ivoiriens et de la communauté internationale est que tout cela ne dégénère pas à une nouvelle crise comme celle que le pays a connue entre décembre 2010 et avril 2011. C’est tout le mal que l’on peut souhaiter à l’éléphant d’Afrique.
Bark Biiga