On le sait, le Tchad à une longue histoire de coups d’Etat. C’est dire que le pays a connu plusieurs coups d’Etat et autres tentatives de déstabilisation de pouvoir en place. Le président Idriss Déby, qui préside actuellement aux destinées du pays, est lui-même arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup de force en 1990. Cette année-là, il chassait du pouvoir son compagnon d’armes Hissène Habré. 23 ans après son accession au pouvoir, le président Idriss Déby n’est toujours pas à l’abri d’un coup d’Etat. C’est du moins ce que l’on est amené à croire au vu des derniers événements survenus le mardi 1er mai 2013. En effet, le gouvernement tchadien a annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’Etat le 1er mai dernier, alors que les populations étaient concentrées à suivre le match retour de la demi-finale entre le Real Madrid et le Borussia Dortmund. On annonce plusieurs morts et une quinzaine de blessés, mais aucun bilan officiel n’est disponible, ou du moins, quand nous écrivions ces lignes. Le député de l’opposition, Saleh Makki, a été arrêté et confié au procureur de la république pour les besoins de l’enquête. Peu d’informations, hormis le communiqué du gouvernement tchadien, circulent sur cette tentative de coup d’Etat. Ainsi, l’on se pose beaucoup de questions. Etait-ce vraiment une tentative de coup d’Etat ou une stratégie préétablie pour mettre hors-jeu certains opposants devenus gênants ? Rien n’est moins sûr. Ce qui est sûr, il y a bien longtemps, le président tchadien soupçonne des personnes de vouloir déstabiliser son pouvoir. D’ailleurs, on se souvient qu’en 2008 déjà, un autre député de l’opposition, Ibni Oumar Mahamat Saleh, avait été arrêté par des militaires pour les mêmes raisons. Après avoir apporté sa contribution à la lutte contre les jihadistes au Nord-Mali à travers l’envoi d’une troupe, le président Idriss Déby doit maintenant marquer un temps d’arrêt pour se consacrer à la sécurité intérieure de son pays. Car, comme on le dit, toute charité bien ordonnée commence par soi-même. Cet énième coup d’Etat manqué, s’il est avéré, pose le problème de la démocratie qui peine encore, plus de cinquante après les indépendances, à s’enraciner véritablement dans les pays africains. Est-ce parce que les uns et les autres ont peu confiance au mode de succession des présidents ? Peut-être. En réalité, le pouvoir est le plus souvent géré d’une façon singulière en Afrique, avec en toile de fond des élections truquées ou mal organisées, que certains opposants font recours à la violence pour y accéder. Le problème est qu’en Afrique, les institutions sont fragiles si bien qu’elles n’arrivent pas à jouer véritablement le rôle qui est le leur. Exception faite au Sénégal qui, depuis plusieurs années, donne des leçons de démocratie aux autres Etats africains à travers des élections libres et transparentes. Il faut le reconnaître, un pouvoir qui dure longtemps finit toujours par exaspérer la population. On l’a vu en République centrafricaine où une grande partie de la population a applaudi le coup d’Etat contre François Bozizé. A Idriss Déby donc de prendre les dispositions idoines pour ne pas connaître le même sort, en commençant par doter le pays d’institutions fortes. Et ce, pour l’intérêt général des populations qui doivent être au cœur de toute action gouvernementale. En cas d’un nouveau coup d’Etat, plus que le président, ce sont les populations tchadiennes qui devront payer le lourd tribut. Le temps de restaurer la stabilité et de redonner confiance aux bailleurs de fonds qui auront foutu le camp, c’est un grand retard que le pays va consommer. Les autorités tchadiennes sont donc averties .