« Le ministère des Affaires étrangères n’est pas mieux géré sous la Transition qu’il l’était sous le régime déchu », tel est le constat dressé par Rasmané Congo, secrétaire général du Syndicat autonome des agents du ministère des Affaires étrangères (Samae). Pour le syndicat qu’il pilote, les mauvaises pratiques sont toujours monnaie courante dans ledit département ministériel. C’est donc dans le but de dénoncer cette «mauvaise gouvernance», teintée « d’abus de pouvoir » que la Samae a tenu ce jeudi 22 octobre 2015 à Ouagadougou, un point de presse.
Comme griefs contre les responsables du ministère, les affectations opérées sans le respect des textes, tant à l’étranger qu’au niveau de l’administration centrale, « les fautes graves » du secrétaire général, Jacob Pasgo, et de problèmes de gestion en général.
En ce qui concerne le premier point, Rasmané Congo et ses camarades estiment que certaines affectations ne sont aucunement conformes aux textes en la matière, ce qui mettrait à « rude épreuve tous les principes et critères d’affectations dans les ambassades et consuls généraux ». Pour ces derniers, les affectations à l’étranger se font dans l’esprit de récompense, « de copinage abject » et un « népotisme déconcertant ».
« Nous avons été désagréablement surpris de constater que le ministre des affaires étrangères a affecté à l’étranger tous les agents de son cabinet, des secrétaires aux chauffeurs, en passant par les agents de sécurité, comme pour dire que c’est sa façon de les récompenser », dira en plus M. Congo.
Et pour prévenir ces affectations arbitraires, la Samae a exigé la mise en place d’un comité d’affectation, dit comité que les responsables ont refusé.
Quant au secrétaire général du ministère, Jacob Pasgo, le syndicat a indiqué qu’il s’est rendu coupable de « fautes abjectes ». Pour eux, il est inadmissible que ce dernier, nommé en décembre 2014, ait continué d’occuper dans le même temps son poste de Consul général du Burkina Faso à Libreville au Gabon. M. Pasgo, jusqu’en juillet 2015, continuait, selon le syndicat, à percevoir sa rémunération de Consul général alors qu’il devait cesser sa fonction dès sa nomination comme secrétaire général en décembre 2014.
Outre cela, la Samae accuse le SG d’abus de pouvoir car « il a voulu garder coûte que coûte le premier conseiller de l’ambassade du Burkina Faso à Copenhague alors que ce dernier, après 5 ans de service, et conformément aux textes, a été rappelé à servir maintenant dans l’administration centrale ».
Le chargé d’affaire de l’ambassade qui a refusé de cautionner cet acte illégal du SG a été muté par le SG à une autre représentation diplomatique, selon le Samae. Chose d’ailleurs, précisent les conférenciers, que ses prérogatives ne lui permettent pas de faire.
« Le pire dans cette affaire est arrivé hier 21 octobre lorsque nous apprenions que le ministère a adressé au ministère royal des Affaires étrangères du Danemark, une note verbale annonçant qu’il a été mis fin à la mission du chargé d’affaires à Copenhague », a indiqué Rasmané Congo.
Face à ce « mutisme coupable » du ministre Moussa Nébié, le Samae par la voix de son premier responsable, exige des autorités de la Transition que ces erreurs soient corrigées et que toute la lumière soit faite sur les « fautes graves commises par le SG ». En cas de non satisfaction, il dit tenir pour responsable la hiérarchie du ministère, des événements qui surviendront.
Approché par Fasozine, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Jacob Pasgo, a laissé entendre que la démarche administrative est différente de la démarche syndicale. Il s’est dit néanmoins prêt à apporter sa version des faits ultérieurement car, « il a besoin de temps pour comprendre ce que on lui reproche ».
Dimitri Kaboré