Sassou-Nguesso prépare sa dernière guerre civile
Le chronomètre de la marche forcenée du dictateur Sassou Nguesso pour conduire son pays au chaos, est enclenché. Et rien ne semble le dissuader. Le samedi 17 octobre dernier, deux Congolais ont été fauchés par les balles assassines de sa soldatesque. Ce mardi, le nombre a été multiplié par 2 : trois à Brazzaville et un à Pointe-Noire. D’ici à la tenue du référendum, tout porte à croire que cette arithmétique macabre pourrait aller crescendo. En effet, le président congolais est dans une posture où il ne se pose plus de question de scrupule dans la mise en œuvre de son plan machiavélique pour régner à vie sur le Congo. Face au dictateur et à tous ceux qui sont en train de l’aiguillonner dans cette attitude pour préserver leurs intérêts égoïstes, les Congolais épris de démocratie et qui ont un amour réel pour leur patrie, sont décidés à l’en empêcher par une résistance citoyenne active.
Ni les déclarations de principe sur la démocratie ni les appels éculés au dialogue, ne pourront arrêter la folie meurtrière de Sassou
Ce face-à-face de tous les dangers, pourrait connaître un épilogue à la burkinabè. Et ce serait tant mieux pour la démocratie dans ce pays où toute alternance par la voie des urnes, relève de l’impossible. De ce fait, tous ceux qui appellent au dialogue aujourd’hui pour résoudre la crise congolaise, notamment la communauté internationale, font le jeu de Sassou Nguesso. Et cela est inacceptable. En effet, l’on peut leur poser la question de savoir autour de quoi ils veulent que les Congolais dialoguent. Pour un minimum de considération pour le peuple congolais, la bonne attitude de la part de la communauté internationale aurait été de dire en des mots qui ne souffrent d’aucune ambiguïté à celui par qui le malheur est en train de s’abattre sur le Congo, qu’il est temps pour lui de débarrasser le plancher. Et comme les mots seuls ne peuvent pas suffire à le faire revenir à de meilleurs sentiments, il faut les faire suivre d’actes forts, susceptibles de le faire fléchir. Désormais, le pire reste à venir si ici et maintenant, des actes de la communauté internationale ne sont pas posés. C’est un tel engagement de la communauté mondiale, ajouté à la résistance citoyenne active et admirable du peuple congolais à laquelle l’on assiste aujourd’hui, qui peut venir à bout d’une dictature aussi ancienne et coriace que celle de Sassou Nguesso. En tout cas, tout le monde est prévenu. Ni les déclarations de principe sur la démocratie ni les appels surannés au dialogue, ne pourront arrêter la folie « pouvoiriste » et meurtrière du président congolais. Et la raison est toute simple. Le dictateur ne veut pas entendre parler d’une alternance démocratique qui permettrait aux Congolais de chercher légitimement à élucider les dossiers sales qui ont émaillé sa gouvernance tout au long de son long règne. Et Dieu seul sait s’il y en a. L’on peut se contenter d’en citer à titre d’exemples quelques-uns, notamment ceux qui ont été les plus médiatisés. Il y a eu d’abord l’affaire des disparus du Beach, du nom de cette tuerie collective orchestrée par de hauts responsables de l’Etat, qui s’est déroulée entre le 5 et le 14 mai 1999 au débarcadère fluvial de Brazzaville.
Tant que les militaires ne connaîtront pas leur véritable place dans la République, l’Afrique ne s’en portera toujours que plus mal
Tous les mystères liés à cette affaire restent encore intacts. Il y a eu ensuite l’explosion du dépôt de munitions de Mpila en mars 2012, qui a fait près de 300 morts. Enfin, l’on peut évoquer l’affaire des « biens mal acquis », portée par l’association Transparency international qui soupçonne le président congolais d’avoir détourné à son profit et à celui de ses proches, une partie substantielle de la rente pétrolière du pays. Et que dire de l’assassinat de Marien N’Gouabi dans lequel on le soupçonne d’avoir trempé la main ? Toutes ces affaires ne sont que la partie visible de l’ensemble des basses œuvres du dictateur Sasso Nguesso. La partie qui gît actuellement dans l’ombre et que seule une alternance démocratique peut permettre d’élucider, est peut-être plus hideuse. Sassou Nguesso fera donc tout pour empêcher cela. Et c’est l’unique objectif du référendum qu’il projette de tenir le 25 octobre prochain. Pour cela, l’homme est prêt à exposer son pays à tous les périls, y compris celui d’une guerre civile. D’ailleurs, il ne sera pas à sa première guerre civile. Dans les années 1990, l’on se souvient, il avait suscité un conflit sanglant pour récupérer le pouvoir des mains du seul président congolais élu démocratiquement, Pascal Lissouba. Mais la guerre civile qu’il est en train de préparer pour le Congo, en refusant de quitter le pouvoir en 2016, a de fortes chances, si elle a lieu, d’être sa dernière guerre civile. Car elle risque d’être plus sanglante et par ces temps nouveaux qui courent, le risque est grand pour tous les dictateurs qui n’ont pas encore compris le sens de l’histoire, et qui de ce fait, terrorisent leur peuple pour s’accrocher au pouvoir, de se retrouver un jour ou l’autre dans les geôles de la Cour pénale internationale (CPI). Sassou Nguesso pourrait passer par là, s’il n’arrête pas les violences meurtrières pendant qu’il a la possibilité de le faire. Cela dit, quand on dresse un répertoire des cancres de la démocratie en Afrique centrale, l’on peut se rendre vite compte qu’à l’exception de Paul Biya et de Bongo fils, tous les autres sont des militaires. L’on peut donc en déduire logiquement que la démocratie, la vraie, s’accommode très mal du pouvoir kaki. Il faut en finir, une fois pour toute. Tant que les militaires ne connaîtront pas leur véritable place dans la République, l’Afrique ne s’en portera toujours que plus mal.