A l’occasion de la 17e Journée nationale de la liberté de la presse, le Centre national de presse Norbert-Zongo (CNP/NZ) a organisé une série d’activités entrant dans ce cadre. Au nombre de celles-ci figure un panel qui a eu lieu, le 20 octobre 2015, à Ouagadougou.
«Médias et changements politiques en Afrique : quelle contribution ? ». C’est sous ce thème que s’est tenue la 17e Journée nationale de la liberté de presse, le 20 octobre 2015. Une commémoration marquée par plusieurs activités dont un panel, organisé par le comité de pilotage du Centre national de presse Norbert-Zongo. Le thème du panel a été : « Média et insurrection au Burkina Faso ». La tribune des panelistes était composée du fondateur des éditions Le Pays, Boureima Sigué, du directeur de publication du journal Le Reporter, Boureima Ouédraogo, le promoteur du portail le faso.net, Cyriaque Paré et le Pr Serge Théophile Balima comme modérateur. Dans son exposé axé sur le rôle de la presse dans les changements politiques, Boureima Sigué a expliqué que la presse est un bâtisseur et un destructeur. Pour lui, dire que les médias burkinabè ont beaucoup apporté à ce pays est une lapalissade. Il en veut pour preuve le récent coup d’Etat qui, de son avis, est venu une fois de plus confirmer le courage et la détermination des journalistes à lutter contre le musellement. Comme exemple concret, il a cité la radio de la Résistance. Pour sa part, Boureima Ouédraogo a présenté le rôle du Centre de presse et les médias burkinabè dans l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre. Il a laissé entendre que c’est l’assassinat de Norbert-Zongo en 1998 qui a entraîné une insurrection dans les médias, comme pour dire que l’insurrection a été prévue pendant bien longtemps. Selon M. Ouédraogo, les journalistes ont travaillé depuis ce temps à professionnaliser la profession. Ce déclic, a-t-il poursuivi, a conduit à la création de nouveaux organes avec l’avènement de jeunes journalistes. « Le travail de dénonciation fait par les médias entre 2012 et 2014 n’avait rien à voir avec un parti politique. En 2013, la marche de l’opposition a glané des milliers de Burkinabè. C’étaient des signes », a soutenu le Directeur de publication de Le Reporter. Il a ajouté : « Je ne voyais pas un média indépendant sérieux qui ne s’opposait pas à la modification de l’article 37 ». Par ailleurs, le communicateur a fait comprendre que la rébellion qui existait au sein des populations en 2014 existait aussi dans la presse parce que la presse est à l’image de son pays.
Le combat sur la toile
A propos du Centre de presse Norbert-Zongo, Boureima Ouédraogo a déclaré qu’il forme les journalistes et organise des panels. Il a confié que lors du panel de 2014, à l’occasion de la 16e Journée nationale, les débats tendaient à prévoir des troubles dans les jours prochains. « Personne ne savait que dans les 11 jours qui allaient suivre, Blaise Compaoré allait fuir », a-t-il étayé. A sa suite, c’est le Dr Cyriaque Paré qui a échangé sur le rôle des médias sociaux ou réseaux sociaux dans l’insurrection populaire. De ses explications, il est ressorti que la première insurrection a commencé sur les médias sociaux en 2011. Et ce, avec le printemps arabe et la mutinerie au Burkina Faso. Ce temps a vu naître sur la toile des groupes tels Groupe Blaise Compoaré doit dégage, Mouvement Blaise Compoaré doit partir, la voix des Burkinabè. En 2012, le paneliste a énuméré d’autres groupes comme le Groupe Non à la modification de l’article 37, Non au référendum et au sénat. Il a précisé que tous ces groupes étaient plus présents sur Facebook que Twitter, les deux réseaux sociaux les plus utilisés. Cependant, il a défini que Facebook était largement utilisé par rapport à Twitter. « Sur Facebook, l’on pouvait avoir la cartographie du dispositif sécuritaire aux alentours de l’Assemblée nationale, la liste et les contacts des ex-députés qui s’apprêtaient à voter la loi, etc. », a dit Dr Paré. Toutefois, il a confié que même si l’internet n’a pas été coupé durant cette période, son débit a été réduit. Pour terminer, il a reconnu qu’il y a des dérives, puisque des informations non fondées et non vérifiées étaient publiées. Pour le représentant du comité de pilotage du CNP/NZ, Justin Coulibaly, la commémoration de ce 20 octobre se tient dans un environnement sociopolitique particulier. Cette particularité est liée au putsch du 17 septembre dernier. C’est pourquoi, il a avancé que la journée vise à raffermir l’engagement de sa structure pour la liberté de le presse au ‘’pays des Hommes intègres’’, en Afrique et dans le monde. « Le défi de tenir régulièrement cette manifestation et ce, depuis 1998, marque la volonté des journalistes burkinabè à se battre pour l’émergence d’une presse libre, capable d’œuvre à instaurer une démocratie véritable », a-t-argumenté.
Gaspard BAYALA
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